
La tentative d’attentat qui a visé dimanche le ministre libyen de l’Intérieur Fathi Bachagha interpelle sur les motivations du commanditaire. Fathi Bachagha n’est pas une personnalité quelconque de la scène libyenne. C’est un poids lourd de la vie politique. En effet, celui qui est ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’union nationale (GNA) sortant de Fayez al Sarraj était à titre d’exemple fortement pressenti pour le poste de Premier ministre par intérim, finalement revenu à Abdelhamid Dbeibah, dans le cadre du processus politique parrainé par l’ONU. Il est aussi difficile d’imaginer que l’homme ne jouera aucun rôle politique dans la Libye nouvelle qui sera issue des élections du 24 décembre prochain. «Un véhicule blindé (…) a ouvert le feu sur le convoi avec des mitrailleuses et les agents de protection du ministère ont riposté en ouvrant le feu sur les assaillants», selon un communiqué du ministère libyen de l’Intérieur. L’enquête en cours déterminera qui est derrière cette tentative d’assassinat. Pour autant, la crainte que cet attentat ne relance les tensions interrompues depuis le 23 octobre dernier, date de la signature par les belligérants d’un cessez-le-feu, et n’acte la reprise des violences est présente. Et ce, d’autant que la Libye tente à travers les effort menés par l’ONU de surmonter la situation de chaos dans lequel elle est plongée et de parvenir à une transition politique. Mais l’attentat vient aussi rappeler la situation sécuritaire précaire qui prévaut dans un pays miné par les luttes d’influence et le poids des milices. L’Envoyé spécial de l’ONU en Libye et chef de la Manul Jan Kubis a fermement condamné la fusillade, exprimant «sa grave préoccupation». et c’est en connaissance des risques qu’un tel acte fait peser sur le futur qu’il a qualifié l’incident de dangereux et visant à perturber le processus politique en Libye. «De tels actes constituent une menace pour la stabilité et la sécurité et visent à faire dérailler le processus politique», a- t-il indiqué. Faut-il s’inquiéter ? Pour d’aucuns, le fait, à titre d’exemple, que les autorités de l’Est, région contrôlée par le maréchal Haftar n’ont tenu aucune célébration à l’occasion du 10e anniversaire de la révolution peut prêter à des spéculations, et ce, même si l’homme fort de l’Est a promis le soutien de ses forces au processus de paix et à la passation pacifique du pouvoir. En fait, la question qui se pose après cet attentat est celle de savoir à qui profite le chaos en Libye...
Nadia K.