
L’unité des urgences médico-légales au niveau du CHU Mustapha-Pacha constitue une première en Algérie et en Afrique.
L es participants, hier à Alger, à la journée scientifique sur la médecine légale ont recommandé la généralisation des unités des urgences médico-légales au niveau du territoire national. Des experts, des magistrats, des médecins légistes, des cadres de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et de la protection Civile ont pris part à cette rencontre scientifique intitulée «Les urgences médico-judiciaires, défis et horizons», organisée par la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), en coordination avec l'Académie algérienne de développement des sciences médico-légales au niveau de l’École supérieure de police Ali-Tounsi. Dans son intervention, le chef de service de la médecine légale au CHU Mustapha Pacha, le professeur Rachid Belhadj, a affirmé que l’objectif de la mise en place d’une Unité des urgences médico-judicaires est, notamment «la défense de la souveraineté nationale et la préservation des droits de l’homme», précisant que c’est une spécialité de souveraineté. Il a présenté l’historique de la création des urgences médico-légales et le service de médecine légale, en 2016, au niveau du CHU Mustapha Pacha, plus grand hôpital de la capitale. «C’est une expérience unique au niveau national et aussi continental. C’est une décision prise par le conseil scientifique, afin de réduire et d’améliorer le processus de la prise en charge des victimes», a assuré le Pr Belhadj, appelant à la généralisation de ces unités. «Une nécessité», a-t-il affirmé, car elle s’inscrit en droite ligne avec l’esprit de la Constitution de 2020 ayant accordé une grande importance aux catégories vulnérables. «L’UMJ est le lieu qui assure une prise en charge globale de la victime des violences, notamment de la violence sexuelle», a-t-il insisté. «L’un des principaux objectifs est la modernisation de la prise en charge des victimes de violences», a-t-il indiqué. Outre le développement de la preuve scientifique, pour une justice équitable. Le Pr Belhadj a également fait état de la numérisation et de l’informatisation de toutes les activités médico-légales du service. Le service de la médecine légale du CHU Mustapha dispose également d’une unité d’identification des cadavres. Outre l’identification des victimes de catastrophes naturelles, à l’instar des inondations de Bab El-Oued, du séisme de Boumerdès ou des actes terroristes, notamment les attentats à la bombe, le service a procédé également à l’identification des cadavres inconnus (X) entreposés à la morgue du CHU Mustapha Pacha et à la morgue d’El Alia , s’est-il félicité. À cela s’ajoute, la création d’une morgue moderne au niveau du CHU Mustapha. Il a fait également état de la réception de 15.000 à 17.000 réquisitions par an. Dans une déclaration à la presse, le Pr Belhadj a mis en exergue la reconnaissance de la médecine légale dans la loi sur la santé, qui lui a consacré un chapitre complet. «Aujourd’hui, l’Algérie compte plus de 500 médecins légistes répartis à travers le territoire national, alors que le nombre ne dépasse pas une trentaine dans des pays voisins». Tout en mettant en avant l’effort national, il s’est félicité de l’organisation de cette rencontre «C’est une journée pour examiner tous les cas traités, qui sera sanctionnée par des recommandations dans le cadre de la loi», a-t-il précisé. Le chef du service de médecine légale a plaidé, notamment, pour la formation, la formation spécialisée, la formation continue et le rôle de l’université, rappelant que l’Algérie dispose de 130 facultés.
N. B.
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ILS ONT DIT…
Selma Madi, directrice de la santé de la DGSN : «L’Algérie dispose de compétences de renom»
La directrice de la santé, de l'activité sociale et des activités sportives, contrôleur général de police, Selma Madi, représentante du DGSN, a souligné, dans son allocution, que «l’Algérie dispose de grandes compétences humaines titulaires de diplômes scientifiques de renommée mondiale dans différentes spécialités et domaines». Évoquant le thème de cette rencontre, la directrice a relevé que les urgences médico-légales constituent aujourd’hui une nécessité majeure. «La médecine légale intervient pour appuyer tout dossier judiciaire par des expertises et des preuves scientifiques», a-t-elle précisé. Mme Madi a évoqué l’évolution de la criminalité et le recours des criminels à des modes opératoires étranges, citant l’utilisation d'êtres humains pour le transport de drogues dures dans des organes et des voies internes, ainsi le placement de puces et de supports numériques dans le corps humain. Enfin, la directrice s’est engagée, au nom du DGSN, à ce que «cette contribution scientifique, qui fait partie intégrante de l'équation juridique, se traduira par des investissements en faveur de toutes les parties concernées, afin de parer au crime dans la société», a-t-elle conclu.
N. B.
LE Pr Mehdi Youcef honoré par la DGSN : Hommage au pionnier de la médecine légale
Le premier médecin légiste algérien, le défunt Mehdi Youcef, décédé en 2024, a été honoré, hier, par la DGSN, en guise de son riche parcours au service de la médecine. Il est l’un des pionniers de la médecine légale en Algérie, après l’indépendance. Il a fait partie de la première promotion des médecins ayant obtenu un CES de médecine légale 1972/1973. Il a assisté au conseil de la Révolution. «Le défunt Houari Boumediene prenait des notes de mon intervention et de mes propositions. La médecine légale n’est pas la médecine de la morgue», témoignait-il avant son décès. Il avait également dirigé le laboratoire scientifique et technique de la DPJ de la police. À la même occasion, le Pr Rachid Belhadj a été honoré, pour sa contribution à la promotion de cette spécialité et ses efforts. Il est aussi président de la commission scientifique chargée d’identifier des crânes d’Algériens en France, ayant contribué, en tant que médecin légiste, à la mission historique de restitution des crânes des résistants algériens.
N. B.