Perturbation du marché à un mois de l'Aïd El-Adha 2025 : les spéculateurs redoublent de férocité

À l’approche de l’Aïd El-Adha, les inquiétudes grandissent dans le secteur de l’élevage parmi les associations de protection du consommateur. Si l’opération d'importation massive de moutons vise officiellement à stabiliser le marché, plusieurs opérateurs économiques alertent sur des risques majeurs liés à la spéculation et à la protection du patrimoine génétique national.

Plusieurs acteurs craignent en effet que certains particuliers achètent plusieurs moutons importés à bas prix pour les revendre ensuite beaucoup plus cher, détournant ainsi l’opération de son objectif initial : permettre aux familles, notamment les plus modestes, d'accéder à un mouton à un prix abordable pour l'Aïd. Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), a exprimé son inquiétude. "La vente des moutons importés a suscité de l'espoir chez les consommateurs, mais aussi de fortes frustrations. La rentrée des spéculateurs dans le circuit menace l’objectif initial de cette opération. Il faut impérativement mettre en place des mécanismes de contrôle et d'octroi très rigoureux", a-t-il dit. Un opérateur du secteur, a pour sa part, pointé un autre risque : l'usage des moutons importés pour la reproduction. Selon lui, "le croisement incontrôlé de certaines races étrangères avec les races locales pourrait à terme altérer l’authenticité génétique du cheptel algérien". Mustapha Zebdi a abondé dans ce sens en déclarant : "Nous sommes très inquiets pour la protection de la race ovine algérienne. Il faut des garanties claires pour que tous les moutons importés soient exclusivement destinés à l'abattage. Il est à rappeler que les pouvoirs publics ont décidé de mettre en quarantaine les moutons importés et ce, dès leur arrivée. Chaque tête doit être accompagnée d'un certificat sanitaire international. En cas de doute ou de pathologie détectée, les bêtes seront isolées et écartés de la vente. Malgré les garanties annoncées, la vigilance reste de mise. La réussite de cette opération exceptionnelle dépendra autant de la rigueur institutionnelle que de la mobilisation collective. À ce sujet, une source du ministère de l'Agriculture nous a confié que cette opération repose sur un principe de flexibilité territoriale : si le ministère se charge de l’importation, de la gestion animale et sanitaire du cheptel, les walis sont responsables de la distribution et de la vente. La commission, qui rassemble plusieurs secteurs départements ministériels dont l'Agriculture, les Finances, les Transports, l'Intérieur, le Travail, la Poste, les Douanes et la Gendarmerie, "préfère le principe d’une vente libre" pour permettre aux walis de fixer des circuits de distribution adaptés à leur réalité locale. En matière de logistique, les moutons seront d’abord transférés depuis les centres de quarantaine vers des zones de regroupement régionales. Ce transfert s’étalera sur cinq à six jours, avec un contrôle sanitaire rigoureux assuré par les services vétérinaires du ministère de l’Agriculture. Chaque mouton devra être accompagné d’un certificat de circulation attestant sa conformité sanitaire.

S. B.

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