
Par Nadia Kerraz
La crainte que la Libye ne bascule de nouveau dans l’instabilité est toujours de mise. «La Libye est à un carrefour où des résultats positifs ou négatifs sont également possibles», a averti vendredi dernier Jan Kubis, représentant spécial du secrétaire général et chef de la mission d’appui des Nations unies en Libye. La fragilité de la situation n’échappe à personne et encore moins à celui qui pilote les efforts onusiens en vue de faire sortir la Libye de l’ornière. Pourtant depuis la réunion des pays voisins, tenue à Alger fin août dernier, de nouveaux développements positifs ont été enregistrés sur cette voie tant attendue d’une sortie de crise définitive et durable. La Chambre des représentants a adopté une loi sur l’élection présidentielle, tandis que la législation pour les élections législatives est en cours de finalisation et pourrait être approuvée, selon Yan Kubis, dans les semaines à venir. Un jalon de plus qui laisse espérer un dénouement à un conflit chaotique aux conséquences multiples. L’aggravation de l’instabilité, de l’insécurité et des trafics en tous genres, dans la région, ne sont que la partie immergée de l’iceberg. D’où l’importance pour la communauté internationale que l’échéance du 24 décembre soit respectée. Le Haut conseil d’Etat s’est plaint que la loi sur la présidentielle a été adoptée sans consultation, va-t-il brandir se prétexte pour bloquer la situation ? Difficile à dire tant en Libye, les positions des uns et des autres fluctuent au gré des rapports de force qui sont tout aussi fluctuants. Il reste aussi que pour éviter tout impondérable, la communauté internationale a, pour l’émissaire onusien, «la responsabilité de soutenir les développements positifs et de rester ferme contre les tentatives de déraillement». D’autant que pour l’Onu, les organisations régionales et les pays voisins particulièrement impactés par la crise libyenne, la sortie de crise passe nécessairement par la case élections. « Ne pas organiser d’élections pourrait gravement détériorer la situation dans le pays, pourrait entraîner des divisions et des conflits», a mis en garde Kubis. Il reste aussi qu’il ne peut pas ignorer que la balle est dans le seul camp des acteurs libyens, exhortés à unir leurs forces et garantir des élections générales «inclusives libres et équitables, qui doivent être considérées comme une étape essentielle pour stabiliser et unir davantage la Libye». La solution ne peut être que libo-libyenne. Les autres parties ne peuvent que les accompagner en tenant compte de leurs attentes mais aussi de leurs difficultés et divergences. Car pour pouvoir avancer sur ce chemin de croix, les Libyens doivent aussi avoir la pleine maîtrise de l’ensemble de la situation, sécuritaire en premier. Et pour cela le retrait des mercenaires et forces étrangères est un impératif. Du reste le chef de la diplomatie algérienne n’a pas manqué de faire le lien entre le retrait de ces forces et la réussite des élections, affirmant : «Nous souhaitons faire sortir ces forces de Libye pour s'assurer que les élections se dérouleront sans influence étrangère et que la Libye jouisse de son indépendance et sa souveraineté». Autant dire que les, un peu plus de, 100 jours qui séparent la Libye de ses premières élections seront quotidiennement scrutés avec la boule au ventre, car une remise en cause de la feuille de route et un effondrement de tout le processus sont toujours possible.
N. K.