Grand angle : Doucement mais sûrement

Petit à petit, la Libye, après des années d’impasse, semble sortir du chaos dans lequel le pays, divisé en deux camps, l’un à l’est et l’autre à l’ouest, se trouvait depuis 2011. Depuis le 5 février, date de la désignation du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah dans le cadre d’un processus politique parrainé par l’ONU pour mettre un terme à dix ans de conflit, les choses s’accélèrent. Le dernier pas réalisé est la prestation de serment, le 15 mars, de Dbeibah, chargé d’organiser la transition jusqu’aux élections prévues en décembre prochain. La concrétisation de cette percée politique sans précédent depuis 2014 est accueillie avec soulagement par la communauté internationale. Elle est aussi minutieusement suivie par le Conseil de sécurité qui consacrera aujourd’hui une nouvelle séance de discussion à la Libye. C’est la deuxième en ce mois de mars, après celle d’il y a près de deux semaines. A l’issue de cette séance tenue le 12, le Conseil de sécurité a approuvé à l’unanimité une déclaration dans laquelle il réclame entre autres «le retrait sans plus tarder de toutes les forces étrangères et des mercenaires de Libye » et le respect de l’embargo sur les armes, décrété en 2011, mais violé régulièrement depuis des années, selon les experts chargés de son contrôle. Ces injonctions seront-elles suivies d’effet ? Ce qui est certain, c’est que le pays ne s’en trouvera que mieux. Personne ne doute que la présence de ces forces étrangères et de ces mercenaires ainsi que la poursuite des ventes d’armes aux milices constituent un handicap majeur pour la mise en œuvre de la feuille de route du gouvernement Dbeibah. Et les nouvelles autorités libyennes ont beau bénéficier d’un large soutien à l’international, il n’en reste pas moins vrai que le soutien dont elles ont le plus besoin en cette phase consiste à ne pas interférer dans les affaires internes de la Libye en fournissant une aide logistique à des parties libyennes ou encore en maintenant sur le territoire libyen la présence des mercenaires et des militaires étrangers. Selon l’ONU, ils seraient environ 20.000 à fin 2020 et aucun mouvement de retrait n’a été constaté à ce jour. Or si les appels internationaux au retrait de ces mercenaires et forces étrangères se font de plus en plus pressants, c’est parce que la réussite du nouveau gouvernement demeure, en grande partie du moins, tributaire de son degré d’autonomie. La réouverture des ambassades à Tripoli et le retour des compagnies aériennes ne sont pas le gage d’une sortie de crise définitive et durable. C’est pourquoi pour l’heure, il faut attendre et espérer…
Nadia K.

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