
Ce lundi, le gouvernement intérimaire du Premier ministre libyen Abdulhamid Dbeibeh prêtera serment. «Un moment historique», dira celui qui devra parachever la transition par l’organisation en décembre prochain des élections présidentielle et législatives. A juste raison, Dbeibeh ne pouvait pas choisir un autre qualificatif tant ce jour survenu le 10 mars semblait improbable. En effet, que la Libye puisse se doter d’un gouvernement unifié n’était pas acquis, alors même que le Premier ministre par intérim s’attelait à la présentation de sa feuille de route devant le Parlement élu. Il suffit de se rappeler que jusqu’à ce 8 mars, date de la réunion du Parlement élu, les députés siégeaient dans deux Parlements et la Libye avait deux gouvernements rivaux en place depuis 2014. Pour le conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) présidé depuis 2016 par Fayez Sarraj c’est «un grand pas vers la cessation des conflits et des divisions». Dbeibeh s’est engagé à empêcher le retour de la guerre dans le pays. «La Libye a, maintenant, une réelle opportunité pour atteindre l’unité, la stabilité, la réconciliation et recouvrer entièrement sa souveraineté» a réagi la mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul). Mais faut-il pour autant se laisser aller à croire que le plus dur est derrière Dbeibeh, et l’ONU qui parraine le processus politique en Libye? Il est certain que c’est une étape cruciale qui vient d’être franchi en mais de là à affirmer que désormais tout ira pour le mieux en Libye est un pas que certains préfèrent ne pas franchir. En effet, il ne fait pas l’ombre d’un doute que ce premier gouvernement unifié depuis 2014 n’aura pas la partie facile. Pour preuve, le poste de ministre de la Défense est resté vacant. Et si le fait de ne pas avoir pourvu ce poste stratégique témoigne de divisions toujours présentes sur la gestion sécuritaire du pays, l’autre difficulté, et pas la moindre, qui attend le nouveau chef du gouvernement réside dans la manière qu’il devra trouver pour répartir les revenus du pétrole et de mettre un terme à la présence militaire étrangère. C’est dire que si ces dernières semaines la Libye a considérablement progressé vers l’instauration d’une paix et d’une stabilité que les partenaires de ce souhaitent durables, il n’en reste pas moins vrai qu’un long chemin reste à parcourir. Car pour les observateurs, il ne fait pas l’ombre d’un doute que les progrès enregistrés demeurent fragiles. La crainte est que durant le laps de temps qui sépare le pays du 24 décembre 2021, rien ne dit que les démons de la violence et de la division ne referont pas surface.
Nadia K.