Meziane, à la clôture des travaux de la quatrième rencontre des journalistes et médias algériens : «Vos propositions seront transmises au Président»

Ph.:A-Asselah
Ph.:A-Asselah

Le ministre de la Communication a dressé un constat lucide des difficultés actuelles qui affectent la presse algérienne.

Le ministre de la Communication, Mohamed Meziane, a souligné, hier à Alger, que les recommandations issues des travaux des ateliers des rencontres régionales des journalistes et médias algériens, étaient réalistes et solides, constituant une base fiable sur laquelle il est possible de bâtir un dialogue serein et constructif. « Ces propositions seront transmises avec honnêteté au Président de la République, dont la vision large permettra de prendre les mesures appropriées dans un avenir proche, notamment à l’approche du 3 mai, Journée mondiale de la presse, un moment symbolique pour le monde des médias », dira-t-il . Le ministre, qui s’exprimait à l’occasion de la clôture des travaux des ateliers de la quatrième rencontre régionale des journalistes et médias algériens tenue à Alger, a dressé un constat lucide des difficultés actuelles qui affectent la presse algérienne. Il a évoqué une fragmentation croissante de l’action médiatique, qui nuit à la cohérence et à l’efficacité du travail journalistique. Cette désunion s’accompagne de la prolifération de contenus douteux, souvent liés au phénomène des rumeurs, qui fragilisent la crédibilité des médias et brouillent la qualité de l’information. Mohamed Meziane a expliqué que la circulation de ces rumeurs est en réalité un symptôme d’un déficit dans la maîtrise de l’action médiatique. Lorsqu’un acteur médiatique connaît parfaitement ses missions et assume pleinement son rôle d’initiateur et de responsable, ses actions s’inscrivent dans une harmonie qui permet de mettre un terme à la diffusion de contenus non officiels, imprécis et non sourcés. La rumeur est donc un signe d’échec partiel dans la gestion de l’information et un obstacle à la victoire médiatique. Face à ce constat, le ministre a insisté sur l’impératif de précision et de rigueur dans le travail journalistique. Il a rappelé que la valeur de la presse repose essentiellement sur sa capacité à fournir des informations complètes, exactes et objectives. Cette exigence est indispensable pour répondre aux attentes des citoyens et des spécialistes qui s’appuient sur les médias pour s’informer de manière fiable. En ce sens, la quête de la précision est un pilier fondamental pour renforcer la crédibilité et la qualité de la presse nationale. Un des axes majeurs du discours de Mohamed Meziane porte sur la nécessité d’une spécialisation accrue des journalistes algériens. Il a fait un parallèle éclairant avec l’évolution des sciences et de la médecine, qui ont commencé par une approche générale avant de se diversifier en disciplines spécialisées. De même, il a encouragé les professionnels des médias à se spécialiser dans des domaines précis tels que l’environnement, le sport, le développement, et bien d’autres secteurs. Cette spécialisation permettra non seulement d’améliorer la qualité des contenus, mais aussi de répondre de manière plus pertinente et approfondie aux besoins spécifiques du public et des experts. Le ministre a également valorisé plusieurs écoles et titres emblématiques de la presse algérienne, citant notamment « El Moudjahid », « Horizon », « EchChaab » et « El Massa ». Ces journaux, selon lui, incarnent des écoles médiatiques fortes, avec une pratique journalistique raffinée et une capacité à offrir des informations complètes et fiables. Il a particulièrement mis en avant « El Moudjahid » comme un exemple de journal d’information complète, très apprécié des spécialistes qui recherchent des données précises et objectives. En évoquant ces titres, Mohamed Meziane a rappelé qu’avant l’avènement de la pluralité médiatique, la presse algérienne fonctionnait comme une grande famille unie, avec une ligne éditoriale cohérente et un front commun. Cette unité a permis de bâtir une tradition journalistique solide et respectée, qui demeure une référence. L’optimisme était également au cœur du discours du ministre. Il a annoncé que, suite à la Journée mondiale de la presse le 3 mai, des idées nouvelles et des annonces positives devraient émerger, contribuant ainsi à un renouveau dans le paysage médiatique algérien. Cette perspective encourageante témoigne de la volonté des autorités de soutenir et de moderniser le secteur des médias. Enfin, Mohamed Meziane a tenu à remercier chaleureusement tous les participants et acteurs qui ont contribué au succès de cette rencontre régionale, soulignant l’importance de leur engagement pour le développement de la presse nationale. Il a conclu en partageant une information importante concernant la coopération régionale : le ministre de l’Information d’un pays frère a officiellement annoncé le lancement prochain de journées d’études réunissant tous les journalistes de ce pays pour questionner et améliorer la profession. Cette initiative démontre si besoin est combien l’approche du ministère de la Communication était pertinente. Rappelons que dans la matinée, lors de l’ouverture des travaux de la quatrième rencontre des journalistes et médias du Centre qui a réuni quelque 500 professionnels des médias venus de 13 wilayas, le ministre a exprimé sa satisfaction devant « un fort engagement en faveur de la création d’un front médiatique unifié, capable d’augmenter la production de contenus médiatiques nationaux, afin de répondre aux défis actuels marqués par des attaques répétées, directes ou insidieuses ». « Nous sommes aujourd’hui à la dernière des rencontres régionales sur la situation du secteur des médias et de la communication dans notre pays et ses perspectives. Lors des trois précédentes rencontres tenues à Oran, Constantine et Ouargla, avec les professionnels des médias, nous avons constaté un grand intérêt pour la situation actuelle de la profession et une conscience aiguë des enjeux futurs, notamment face aux changements dans les modèles médiatiques et les avancées technologiques. » dira-t-il.

Le ministre a rappelé que la valeur de la presse repose essentiellement sur sa capacité à fournir des informations complètes, exactes et objectives.

M. Meziane a encouragé les professionnels des médias à se spécialiser dans des domaines précis.

Y. Y. 

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Synthèse des recommandations issues des quatre ateliers

Concernant la nouvelle législation régissant le secteur de la communication et la déontologie professionnelle, il est recommandé de renforcer la protection juridique et sociale des journalistes dans les textes réglementaires. Il faut accélérer la promulgation d’une loi fondamentale définissant le statut des journalistes, incluant la reconnaissance de la profession comme métier pénible pour permettre la retraite anticipée. L’adoption rapide des textes d’application des lois médias est également essentielle pour garantir leur efficacité. La mise en place d’un Conseil supérieur de la déontologie et de l’éthique professionnelle est primordiale pour élaborer un code renforçant l’autorégulation, tout en encourageant les médias à adopter des codes internes d’éthique. Il est aussi nécessaire d’encadrer légalement l’accès à l’information, de moderniser la carte d’accréditation des correspondants étrangers. Sur la réalité de la presse audiovisuelle, écrite et électronique face aux défis de l’intelligence artificielle et de la 5G, les recommandations insistent sur l’actualisation des programmes académiques pour intégrer ces technologies. La formation continue des journalistes en IA et en analyse de données massives doit être renforcée. Il est préconisé d’élaborer un code de conduite encadrant l’utilisation de l’IA dans les contenus médiatiques et de développer des partenariats entre le ministère de la Communication, les écoles d’IA et les startups. La création d’applications nationales pour assurer la souveraineté numérique, la mise en place de réseaux numériques pour lutter contre la désinformation, et l’instauration de départements de vérification des informations sont également recommandées. Pour la communication institutionnelle et la promotion de l’image de l’Algérie, il est proposé d’élaborer une stratégie nationale unifiée impliquant tous les médias, avec un suivi rigoureux via une instance dédiée et des indicateurs de performance. Des études sur l’image de l’Algérie, tant nationales qu’internationales, doivent être lancées pour combler les écarts entre perception et réalité. L’unification de la présence numérique des institutions avec une identité forte, la sensibilisation aux risques liés aux réseaux sociaux, et la création de plateformes centralisées de données institutionnelles sont des priorités. Il est aussi recommandé d’organiser des rencontres régulières entre responsables institutionnels et scientifiques. L’implication des créateurs de contenu et influenceurs dans les campagnes médiatiques et la facilitation du dialogue entre journalistes et responsables institutionnels sont aussi soulignées. Enfin, sur la formation spécialisée, continue et l’anticipation des métiers du futur, il est essentiel de construire une stratégie rigoureuse. La création d’un cadre légal pour organiser le domaine numérique, le renforcement du rôle des correcteurs linguistiques, et le recours aux retraités expérimentés pour encadrer les jeunes journalistes sont recommandés. Il est aussi suggéré de valoriser les diplômes des formateurs, d’encadrer la production de contenus sur les réseaux sociaux, d’anticiper les métiers futurs avec un code spécifique, et de lancer des plateformes de formation continue à distance. La création d’une école dédiée à l’intelligence artificielle tout en améliorant la situation sociale des professionnels du secteur.

Y. Y.

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