Près de 300 000 km de fibre optique sillonnent les coins les plus reculés du pays : L’exploit silencieux

«Ne rougissez pas de vouloir la Lune. Il nous la faut !» Cette phrase trouve tout son sens dans les 265.000 km de fibre optique réalisés par l’Algérie, une distance qui se rapproche de celle qui nous sépare de la Lune.

Plus de 265.000 km. Ce chiffre peut paraître... lunaire. En effet, la distance entre la Terre et la Lune étant de 384.400 km, les 265.000 km, représentant la longueur du réseau de fibre optique déjà réalisé en Algérie, n’en sont pas loin. Parfois, il ne faut pas hésiter à viser la Lune pour réaliser ses rêves. En l’occurrence, il s’agit du rêve de généraliser l’utilisation de la fibre optique dans les quatre coins de l’Algérie. Dans une Algérie qui aspire à développer une économie numérisée, la moindre des conditions de réussite est qu’il y ait un réseau internet performant. Pour ce faire, il existe, en dehors des services via satellite, deux options terrestres fiables : la 5G pour l’internet mobile et la fibre optique pour l’internet fixe. Si la première a démontré son efficacité, elle a néanmoins l’inconvénient de dépendre du volume de crédit disponible, alors que la seconde est non seulement tout aussi efficace, sinon davantage, mais elle se caractérise par son débit illimité durant la période d’abonnement. De plus, pour les administrations et les organismes économiques, qui exercent dans des lieux fixes, rien ne vaut la fibre optique, en raison des garanties de stabilité et de régularité qu’elle présente, puisqu’elle est liée à des câbles déjà installés, alors que la 5G est tributaire de la qualité de la couverture du réseau dans l’endroit de son utilisation. Mettre en place plus de 265.000 km de câbles de fibre optique est loin d’être une réalisation banale. Sachant que l’option de la fibre optique a commencé à être mise en œuvre en Algérie en 2018, la réalisation d’un tel maillage en seulement 7 ans, soit à raison d’une moyenne de près de 38.000 km par an, relève vraiment de la performance. Les équipes d’Algérie Télécom et leurs sous-traitants ont réalisé un travail énorme, sous l’impulsion de la tutelle. Depuis 2018, non seulement les nouveaux logements des grands centres urbains ont été dotés directement de la fibre optique, mais même le réseau numérique ADSL est en train d’être remplacé petit-à-petit par le réseau de fibre optique. Le réseau ADSL, qui consiste à de l’internet numérique couplé au réseau téléphonique, est frappé de désuétude par rapport à la fibre optique : moins stable, débit plus lent et plus grand temps de latence. En sus de ces inconvénients techniques, le matériel lié à l’ADSL est de moins en moins présent sur le marché, d’où sa cherté et, par corollaire, la non-rentabilité de l’ADSL. Une non-rentabilité qui se révèle encore plus lorsqu’on compare ses prix avec ceux de la fibre optique, où l’offre la plus basse est de 15 Mégabits/seconde (Mbps/S) pour 2.000 DA/mois, avec possibilité d’avoir le double du débit en ajoutant 200 DA/mois seulement jusqu’à 240 Mbps/S (30 Mbps/S à 2.200 DA/mois, 60 Mbps/S à 2.400 DA/mois, 120 Mbps/S à 2.600 DA/mois, 240 Mbps/S à 2.800 DA/mois), sans compter les offres avec débit supérieur, qui peut atteindre jusqu’à 1 Gigabits/seconde (Gbps/S). De plus, ces tarifs sont appliqués dans toute l’Algérie. C’est justement là que réside la prouesse : la fibre optique est présente dans les 58 wilayas du pays. Seul le taux de couverture par wilaya diffère, et c’est tout à fait normal, car l’installation du réseau se fait au fur et à mesure, en commençant par les chefs-lieux de wilaya, puis en procédant à des extensions progressives, pour viser en priorité les agglomérations. La fibre optique atteint même les zones montagneuses, avec de nombreux chefs-lieux de communes et même des villages, à commencer par ceux situés en bordure des routes de wilaya et des routes communales, où elle est déjà opérationnelle. Dans un pays qui est le 10e plus vaste au monde, la fibre optique a atteint aussi le Grand-Sud, et même des zones frontalières, situées à des milliers de kilomètres des côtes d’où arrivent les câbles sous-marins internationaux, ce qui n’était pas évident au départ. À la fin de l’an 2024, le nombre de foyers dotés de la fibre optique était estimé à 6 millions, soit un rythme d’un million de foyers par an depuis 2018. La tendance d’extension est tout aussi soutenue en l’an 2025, où de nombreux quartiers des grandes villes, dont Alger, sont en train de connaître la migration de l’ADSL vers la fibre optique. L’option de l’Algérie de se tourner vers la fibre optique n’est pas fortuite. Elle est stratégique, avec la perspective de numériser l’administration, l’économie et les mouvements financiers, et de parvenir à un fonctionnement moderne de l’État. Cela ne peut se faire sans une assise numérique fiable, avec, notamment, un accès stable et sécurisé à l’internet. L’Algérie voit même plus loin, vers sa profondeur continentale, puisqu’elle vise l’intégration intra-africaine, en initiant le projet de la Dorsale transsaharienne à fibre optique, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qui consiste à faire parvenir la fibre optique à cinq pays africains à partir de l’Algérie. À ce jour, elle a achevé l’installation de plus de 2.600 km de câbles, dans l’attente que ses partenaires africains achèvent leur part de l’opération. Autrement dit, les câbles de fibre optique ont atteint les frontières sud de l’Algérie, en attendant la suite qui dépend désormais des cinq pays concernés. Si les fibres végétales sont importantes pour nourrir l’homme, la fibre optique est essentielle pour nourrir le développement. En matière de transformation numérique, il est indéniable que l’Algérie a franchi un grand pas, ces dernières années. Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’africanité, pour paraphraser le premier homme à avoir été… sur la Lune.

Mettre en place plus de 265.000 km de câbles de fibre optique est loin d’être une réalisation banale.

À la fin de l’an 2024, le nombre de foyers dotés de la fibre optique était estimé à 6 millions.

F. A.

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