
«Ce n’est pas spécifique à l’Algérie», a-t-il souligné, plusieurs pays dans le monde enregistrent actuellement une hausse du nombre des cas.
A l’hôpital de Rouiba qui est saturé «nous sommes passés d’un taux d’occupation de la moitié du service de pneumologie, à 100%, nous avons même aménagé la moitié du service de chirurgie pour la prise en charge des cas de Covid-19, le taux d’occupation de 57 lits est passé à plus de 90 lits actuellement. Nous avons également transformé le service de pneumologie non Covid pour la prise en charge des cas de Covid ainsi que le service de médecine interne pour gérer cette conjoncture. Il relève le problème que rencontre l’hôpital de Rouiba dans la gestion des autres activités médicales du fait que l’hôpital d’Ain Taya est déclaré 100 % Covid. «Nous accueillons tous les malades d’Alger-Est au niveau des urgences de chirurgie», les urgences médico-chirurgicales non Covid continuent à assurer les consultations des patients qui ne sont pas atteints par le coronavirus ainsi que l’activité pédiatrique».
Plus de 20% du personnel soignant de l’hôpital de Rouiba atteint
Le spécialiste fera savoir qu’une moyenne de 100 malades est consultée au niveau des services Covid de l’hôpital de Rouiba, dont une vingtaine nécessitent une hospitalisation. «Le problème qui se pose est que la majorité des malades hospitalisés ont besoin d’oxygène parce qu’ils arrivent en état de désaturation et la période d’hospitalisation a également augmenté». Pour faire face à la saturation des hôpitaux, dira le Pr. Djenouhat, nous avons demandé de réduire le flux des malades atteints de la Covid-19, en orientant ceux qui ne nécessitent pas une oxygénation vers les établissements publics de santé de proximité (EPSP), conformément à une instruction du ministère de la Santé. Il a, dans ce sens, insisté sur le rôle des EPSP dans le traitement des formes mineures de la maladie pour désengorger les hôpitaux et permettre d’assurer la prise en charge des malades qui présentent des difficultés respiratoires et des formes sévères de la Covid-19. «Sur 80% des malades, 5% sont asymptomatiques et 30% présentent des formes mineures et peuvent être traités en ambulatoire», a expliqué l’interlocuteur. Par ailleurs, plus de 20% du personnel soignant de l’hôpital de Rouiba est atteint par le coronavirus. «Le manque d’effectifs nous fait craindre l’épuisement du personnel soignant médical et paramédical et nous redoutons une évolution de la situation dans les prochains jours. Nous pourrons connaître des situations plus graves en rapport avec la saison qui favorise la propagation de l’épidémie, le virus circulant plus rapidement lorsqu’il fait frais, d’où l’importance d’éviter les espaces fermés et d’aérer autant que possible».
S’exprimant sur la virulence du virus, le spécialiste indiqué «nous avons des souches agressives du coronavirus et d’autres qui le sont moins, la preuve c’est que dans la première vague de l’épidémie il y avait moins de malades qui désaturaient, alors qu’actuellement beaucoup de malades hospitalisés font des complications respiratoires graves. Ce que l’on constate sur le terrain nous pousse à dire qu’il y a au moins deux souches l’une qui est bénigne et une autre virulente responsable des cas de graves de la maladie». Le Pr. Djenouhat relève, par ailleurs, l’importance de respecter les consignes sanitaires et les mesures barrières pour endiguer les risques de propagation du virus. De son avis, le comportement du citoyen est à l’origine de l’augmentation des cas. L’évolution de la pandémie dépendra de la conduite du citoyen car s’il ne respecte pas correctement les mesures de prévention et de protection l’on ne s’en sortira pas.
Des centres d’isolement pour désengorger les hôpitaux
De son côté, le Pr Abdelouahab Bengounia, spécialiste en épidémiologie et médecine préventive a souligné l’importance de la création de centres d’isolement pour assurer la prise en charge des malades atteints d’épidémies. «La création de ce genre de centre se pose avec acuité actuellement pour ne pas paralyser les activités médicales qui prennent en charge les malades atteints de cancer ou autre pathologie nécessitant un suivi rigoureux et sans interruption», a-t-il indiqué.
Selon le spécialiste, la mise en place de ce genre de centres permettra d’alléger la pression sur les structures hospitalières, dont la plupart connaissent actuellement une saturation en raison de la recrudescence de l’épidémie et du rebond record des cas de contaminations dans le pays.
L’épidémiologiste relève, par ailleurs, la nécessité d’aller vers des mesures plus radicales pour contrecarrer la propagation du virus. «Nous sommes en plein ascension de l’épidémie et les chiffres continuent à augmenter, ce qui signifie, en termes épidémiologiques, que la transmission du virus est importante, le meilleur rempart étant constitué par les mesures barrières.» Le Pr. Bengounia souligne, dans ce sens, que tous les éléments favorisant les regroupements constituent un danger pour la population. Il suggère à cet égard la fermeture des établissements scolaires pour une période de deux ou trois semaines afin de mieux maîtriser l’épidémie.
Le praticien appelle, par ailleurs, à la nécessité de procéder à des études immunologiques pour connaître l'immunité collective au sein de notre population et des études virologiques pour connaître les virus en circulation et savoir s'il s'agit toujours du même Covid-19 diagnostiqué en Algérie depuis le 25 février 2020, ou s'il s'agit d'un virus ayant muté.
Ainsi, il relève l’importance de rendre plus accessibles les moyens de protection tels que les bavettes, les solutions antiseptiques, les gels... et surtout de contrôler les prix, actuellement exorbitants. Enfin, il faut créer au plus vite des centres d’isolement et en faire sortir au plus vite les services Covid.
Kamelia H.