Lutte contre la Covid-19, Le Professeur Kamel Djenouhat : «Remobiliser le personnel soignant»

- Constantine : Le taux d’occupation  des lits d’hôpitaux  en hausse
- Pour endiguer  la propagation du virus : Enquêtes épidémiologiques  à Oran
- Ouargla : Plus de 760 personnes vaccinées
- Nouveaux variants : Agir en fonction des données actualisées

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Le président de la Société algérienne d'immunologie, le Pr Kamel Djenouhat, a appelé dimanche à la «remobilisation» du personnel soignant, à accélérer la vaccination et à la «fermeté» quant au respect des mesures anti-Covid, jugeant la situation épidémiologique en Algérie «inquiétante, mais maîtrisable».

«On doit remobiliser le personnel soignant pour faire face à cette situation qui commence à être inquiétante (...) Si on ne prend pas les mesures préventives le plus tôt possible, ça risque d'aller vers un nombre très élevé de cas graves et de décès», a-t-il mis en garde, lors de son passage à l'émission «Invité de la rédaction» de la Chaîne 3, lançant un appel aux pouvoirs publics pour «accélérer le processus d'acquisition de vaccin». Le Pr Djenouhat, qui est également chef de service du laboratoire des analyses biologiques à l'EPH de Rouiba, a préconisé de «revoir la stratégie de vaccination». «Puisqu'on a un problème d'acquisition de vaccin, on doit revoir la stratégie de la vaccination. On peut éventuellement épargner ceux qui ont déjà contracté le virus et aller vers les sujets âgés», a-t-il expliqué.
Pour ce qui est des moyens matériels à mobiliser, le Pr Djnouhat a souligné que le ministère de la Santé devrait instruire les différentes structures hospitalières qui prenaient en charge cette infection, à l'effet d'augmenter le nombre de lits pour les malades du Covid-19, notamment dans les services de réanimation.
Il considère que le «relâchement» constaté quant au respect des mesures barrières, notamment le port du masque et la distanciation physique, relève de «l'inconscience», estimant que la situation est «inquiétante, mais maîtrisable» à condition d'agir «rapidement». Interrogé sur les différents variants du virus, le Pr Djenouhat a tenu à préciser qu'il ne s'agit pas d'une «nouvelle maladie», mais ce qui va différer, a-t-il dit, «c'est le nombre de cas graves» qu'engendrent ces variants. A la question de savoir si on pourrait atteindre l'immunité collective par la vaccination d'ici la fin de l'année, il s'est dit pessimiste, plaidant pour une opération «massive» en la matière avec le renforcement des acquisitions tant en doses de vaccin qu'en réactifs en milieux hospitaliers pour appuyer le dépistage.

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Constantine
Le taux d’occupation  des lits d’hôpitaux  en hausse

Alors que les dispositions édictées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus sont de moins en moins observées, les contaminations à Constantine marquent une hausse qui inquiète les autorités locales de santé. En chiffres, cela se traduit par une augmentation des consultations au niveau des trois centres Covid-19 de la wilaya, à savoir l’EPH El-Bir, l’EHS Didouche- Mourad et le CHU Benbadis.
À titre d’exemple, ce dernier établissement enregistre une moyenne quotidienne de vingt consultations pour suspicion de contamination au coronavirus, alors qu’il y a à peine quelques jours, il n’était question que de trois, voire quatre cas suspects. Concernant le taux d’occupation des lits, celui-ci reste sans commune mesure avec celui observé lors des deux précédentes vagues de la maladie, avec seulement 40 % à l’hôpital El Bir, centre de référence, ou encore 20 % à Didouche-Mourad. Toutefois, ces chiffres demeurent relatifs, comme l’explique la responsable du service de la prévention au niveau de la direction de la Santé, Fahima Seghirou : «Les indicateurs pour le mois d’avril sont préoccupants, avec une hausse des cas confirmés, du taux d’occupation des lits et des admissions en réanimation.
Ce nombre pourrait être multiplié par trois, avec des patients présentant une forme modérée, qui, en vaquant normalement à leurs occupations, constituent eux-mêmes des vecteurs de la propagation du virus».
Dans ce contexte, un conseil de wilaya consacré à l’évaluation de la situation épidémiologique et aux mesures à mettre en place afin de parer à cette recrudescence s’était tenu en milieu de semaine passée, en présence du wali, Ahmed Abdelhafid Saci, du directeur de la santé et des responsables des centres Covid-19 et des hôpitaux du Khroub et de Zighoud-Youcef. Constatant l’accroissement inquiétant de nouveaux cas et le relâchement dans les gestes barrières, qui a coïncidé avec la levée des mesures de confinement partiel le mois passé, le conseil a conclu à la nécessité du strict respect du protocole sanitaire adopté pour la circonstance, avec l’intensification des opérations de sensibilisation dans les espaces publics, notamment les mosquées, et ce avec l’implication des directions des Affaires religieuses et du Commerce, de même que celle des médias.
Les présents ont également souligné la nécessaire coordination entre les structures publiques de la santé et les praticiens et cliniques privés en matière d’échange d’informations et de statistiques, ainsi que l’accélération de la campagne de vaccination au profit des citoyens et des personnels médical et paramédical. Il convient de mentionner qu’à la journée du samedi, la wilaya de Constantine a officiellement enregistré 4.315 cas de contamination au coronavirus, et ce depuis le début de la pandémie.
Issam B.

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Pour endiguer  la propagation du virus
Enquêtes épidémiologiques  à Oran

La Direction de la santé et de la population (DSP) de la wilaya d’Oran s’est lancée dans une série d’enquêtes épidémiologiques, après l’enregistrement de 26 cas de variant du virus de la Covid-19, a-t-on appris du chargé de communication de cette direction, le Dr Youcef Boukhari.
«La découverte de cas contaminés par les variants nigérian et britannique de la Covid-19 inquiète les autorités sanitaires, qui tentent, à travers les enquêtes épidémiologiques, d’endiguer leur propagation, notamment le nigérian, considéré comme le plus virulent», a souligné le même responsable.
La wilaya d’Oran a enregistré jusqu’à présent 19 cas du variant nigérian et 9 cas du variant britannique. Une femme de 82 ans a succombé au virus nigérian, précise-t-on de même source. Les cas enregistrés ne sont pas issus d’une même famille et même pas du même quartier, a noté le Dr Boukhari, ajoutant que les enquêtes épidémiologiques risquent de révéler davantage de cas dans l’entourage des cas initiaux.
«Nous tentons de découvrir les cas positifs portant le variant nigérian le plus rapidement possible, pour limiter sa propagation», a-t-il expliqué. Il a, par ailleurs, insisté sur le retour à la rigueur en matière des gestes barrières dans les espaces publics où le relâchement est «le plus constatable».
S’agissant de la différence entre le variant nigérian et le virus originel de la Covid-19, le Dr Boukhari a expliqué qu’il s’agit d’un virus «plus virulent, dont les symptômes et les complications apparaissent plus rapidement», ajoutant que des symptômes digestifs semblables à ceux d’une intoxication alimentaire accompagnent souvent la maladie.

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Ouargla
Plus de 760 personnes vaccinées

Au moins de 766 personnes ont été vaccinées contre le coronavirus (covid-19) à Ouargla, en deux prises, depuis le lancement de la campagne de vaccination à ce jour, a-t-on appris hier auprès de l’Etablissement public de santé de proximité (EPSP). Ce nombre (766x2) reste loin des objectifs ciblés afin d’atteindre l’immunité collective, soit 75 % de la population, en raison de la réticence des citoyens à recevoir le vaccin, a déclaré le chef du service d'épidémiologie et de médecine préventive à l'EPSP d’Ouargla, Fouad Mahammedi sur les ondes de la radio locale. Le praticien a appelé les citoyens, notamment les personnes âgées et les malades chroniques, à se rapprocher des services hospitaliers pour se faire vacciner, précisant que le vaccin, qui est gratuit et qui se fait volontairement, est fortement recommandé pour diminuer le nombre d'infections et contribuer à freiner la propagation du virus. M. Mahammedi a mis l’accent, en outre, sur les avantages du vaccin anti-Covid-19 qui, a-t-il assuré, «n’a pas d’effets indésirables sur la santé humaine». Et de préciser que les citoyens doivent faire montre d'un «sens de responsabilité» et de respect des gestes barrières et des protocoles sanitaires préconisés, notamment la distanciation physique, le port du masque et l’évitement des rassemblements, afin de poursuivre la lutte contre le virus. Des dizaines d’espaces sont ouverts au niveau des établissements hospitaliers et des structures de santé de proximité et de prévention dans le grand Ouargla, ainsi que des unités itinérantes destinées aux zones rurales et enclavées. Des moyens humains et logistiques sont mobilisés pour assurer le bon déroulement de l’opération de vaccination qui se poursuivra tout au long de l'année, a-t-on souligné à l'EPSP d'Ouargla.

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Nouveaux variants
Agir en fonction des données actualisées

Le Dr Malhag, épidémiologiste, souligne la nécessité de revoir les mesures de prévention. Le praticien explique qu'un éventuel retour au confinement sera déterminé par le développement de la situation épidémiologique sur le terrain. «Nous avons à maintes reprises mis en garde contre le relâchement des mesures préventives, car le danger demeure tant que les statistiques épidémiologiques sont instables». Concernant le virus muté, le docteur Malhag rappelle que l’une de ses caractéristiques est sa vitesse de propagation, l'Algérie n'est pas à l'abri des scénarios que connaissent de nombreux pays, même ceux qui ont un système de santé développé, donc la saturation des hôpitaux est le problème que pose ce virus muté, et la perte de contrôle sur celui-ci impacterait le système de santé. Il indique que les autorités agissent en fonction des données quotidiennes sur la propagation du virus et ces mesures ont porté leurs fruits et contribuent à la stabilité de la situation, mais le danger demeure. En ce qui concerne les mesures préventives, le Dr Malhag affirme que la décision intervient suite à des estimations de la tutelle basées sur des données scientifiques. «Nous sommes obligés de coexister avec le virus, et dans le cas où d'autres souches à propagation rapide émergeraient, les mesures préventives devront être mises à jour pour maîtriser et contenir leur propagation. S’agissant de la nécessité de revoir les mesures préventives en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique dans chaque région, ce travail incombe aux équipes de prévention qui effectuent des enquêtes épidémiologiques et aux walis qui ont les pleins pouvoirs pour prendre les mesures appropriées de durcissement ou d’allégement des mesures en fonction de la situation sanitaire.
Salima Ettouahria

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