
L'Algérie accorde une attention particulière à l'agriculture saharienne, pour son rôle dans le renforcement de la sécurité alimentaire avec une production agricole durable, capable d'approvisionner les marchés et de couvrir les besoins des consommateurs en produits agricoles tout au long de l'année. Les politiques judicieuses adoptées par les pouvoirs publics ont également permis, selon les experts du domaine, de mettre en place une base agricole solide dans toutes les régions du pays, susceptible de s'accroître, de se développer et de s'étendre, grâce aux incitations et facilitations accordées aux agriculteurs et producteurs des filières agricoles stratégiques, en particulier dans les wilayas du Grand Sud. Spécialiste en sciences économiques, le professeur Allali Mokhtar estime que l'agriculture saharienne revêt, «aujourd'hui plus que jamais», une importance «extrême» eu égard à la croissance démographique et la multiplication des problèmes relatifs à la sécurité hydrique et alimentaire dans le monde.
«La question de la production agricole dans les régions du Sud de l'Algérie a constitué un défi en raison des facteurs naturels et des conditions climatiques difficiles».
Valoriser les terres sahariennes
«Grâce à la diligence, des mécanismes pratiques et appropriés ont été identifiés et mis en place par l'État qui a su bénéficier de manière optimale des terres sahariennes, qui sont vastes en superficie et riches en potentiel», explique-t-il.
Pour lui, l'idée de la valorisation des terres sahariennes était initialement liée aux choix de certaines cultures adaptées à la culture en serre, et autres solutions techniques et modes de production qui ont permis, au fil du temps et de l'expérience, l'amélioration de leur qualité et l'augmentation de leur rendement.
Et d'ajouter : «L'agriculture saharienne est devenue un moteur principal de la croissance économique du pays, et a prouvé sur le terrain sa capacité à fournir les produits de première nécessité sur les marchés locaux, et constitue une véritable source d'exportations en dehors du secteur de l'énergie. Aussi, les opportunités d'investissement dans le Sud sont également prometteuses, en raison de la disponibilité de vastes surfaces et d'eaux souterraines, ce qui se répercutera positivement sur le volume de production agricole, en particulier des cultures stratégiques mais aussi sur l'amélioration du niveau de vie des citoyens.
L'économiste affirme qu'avec les nouvelles politiques, l'Algérie peut atteindre et assurer l'autosuffisance alimentaire d'ici 3 ans, à condition de «poursuivre» l'encouragement des investisseurs intéressés par les produits agricoles stratégiques.
Il juge également nécessaire d'accélérer la modernisation de l'agriculture saharienne et d'aller vers le développement des industries de transformation, en fournissant la mécanisation et les équipes modernes, en construisant des entrepôts pour recevoir les cultures, en reliant les pôles agricoles aux chemins de fer et aux routes, et en exploitant les aéroports dans ce domaine.
Des millions d'hectares agricoles vierges dans le Sud
De son côté, le président de l'Organisation nationale pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, Karim Hassan, affirme, dans une déclaration à El Moudjahid, qu'il existe des millions d'hectares agricoles vierges dans le Sud, soutenus par de grandes capacités hydrauliques, «susceptibles de garantir l'avenir de l'agriculture en Algérie» à travers le «développement» des filières céréalières, dattes et fourragères, de l'élevage et des industries manufacturières liées aux produits agricoles. Il estime que la production actuelle ne répond pas au volume de la demande du marché sur un nombre de cultures agricoles, ce qui a entraîné, selon lui, une hausse des prix à certaines périodes. «Ceci implique, précise-t-il, la multiplication des cultures et de la production, tout en levant certains obstacles, notamment ceux relatifs aux foncier agricole et au raccordement au réseau électrique».
Le président de l'ONASA fait savoir que la wilaya de Biskra occupe les premières places dans la production de nombreuses cultures, et est capable de doubler davantage sa production, notamment dans les filières légumes et dattes, en exploitant les énergies des jeunes dans l'investissement agricole, en accompagnant les filières des céréales, de l'aviculture et de l'élevage, et en soutenant les filières agro-alimentaires et fourragères.
S'agissant de la filière élevage de bétail et viandes rouges, l'expert agronome signale que les wilayas des Hauts-Plateaux et du Grand Sud disposent de zones pastorales et agricoles très importantes que les pouvoirs publics devraient développer et étendre pour résoudre le problème d'approvisionnement en viande et en lait frais et mettre définitivement à l'exportation ces matières à l'avenir.
Salima Ettouahria