
- 450 000 hectares transférés à l’ODAS
L’avenir agricole de l’Algérie prend un tournant stratégique, avec l’annonce faite par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, à Naâma, à l’occasion d’une rencontre nationale sur l’investissement dans les domaines agricoles cruciaux.
Youcef Cherfa, cité par l’APS, a révélé un transfert maîtrisé de quelque 450.000 hectares au bénéfice de l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS). Cette manœuvre marque une étape «déterminante» dans la matérialisation des projets d’investissement intégrés destinés aux wilayas du sud de l’Algérie. Il a expliqué l’importance cassante des terres agricoles dans la concrétisation des visions du président de la République, qui se voient aussi reflétées dans le plan d’action du gouvernement et dans la stratégie sectorielle du ministère. Ces terrains, désormais sous l’égide de l’ODAS, représentent les fondations de futurs projets visant à satisfaire les besoins alimentaires de la population, notamment en termes de produits de consommation courante, et à renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Le ministre a mis en lumière la méthodologie précise avec laquelle les périmètres agricoles ont été sélectionnés. Après un examen détaillé des études techniques et des cartographies réalisées par les services compétents, le département de l’Agriculture a isolé un potentiel de 1,5 million d’hectares propices à l’accueil d’investissements intégrés en région saharienne.
Ce transfert de foncier à l’ODAS est d’autant plus remarquable qu’il s’étale sur 54 zones, dont 46 ont déjà été attribuées à des opérateurs. Cette opération témoigne de la dynamique proactive du ministère, pour la valorisation des terres agricoles et l’inscription de l’Algérie dans une démarche moderne d’autosuffisance et de prospérité agricole. L’inauguration de ce projet est non seulement une réponse à une volonté politique, mais également le fondement d’un réel espoir, pour les wilayas du Sud qui pourront, grâce à ces initiatives, prendre part activement à l’essor économique du pays et contribuer à l’émergence d’une agriculture diversifiée et résiliente.
Ces unités, relevant de l’État, qui couvrent une superficie agricole totale exploitable de plus de 114.000 hectares, seront «un moteur pour la relance de certaines filières», d’autant qu’un plan agricole spécifique sera défini, pour chaque unité, afin de garantir la réalisation des objectifs fixés en la matière, a-t-il estimé. L’autre élément incontournable de ce plan a trait à l’élaboration d’une cartographie des atouts agricoles (sol, eau), au niveau des wilayas steppiques des Hauts-Plateaux et des wilayas du Sud, et ce en coordination avec les secteurs concernés.
Préservation du patrimoine génétique et développement agricole
La vision de transformer radicalement l’espace agricole algérien prend donc forme et le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a dévoilé un programme ambitieux, visant à renforcer significativement les capacités nationales de stockage des céréales.
A travers la construction de 350 centres de proximité et la mise en place de 46 nouveaux silos, ce plan promet une capacité accrue de 4,7 millions de tonnes de céréales, marquant ainsi une étape significative dans la concrétisation du Plan national de développement des cultures stratégiques.
Dans un contexte où le secteur agricole s’avère de plus en plus attractif, tant pour les investisseurs locaux que pour les étrangers, le ministre a mis en lumière la contribution des grandes entreprises comme Cosider, Sonatrach, MADAR Holding, ou encore le projet conjoint algéro-qatari Baledna axé sur la production de lait en poudre et de viandes. Ces initiatives illustrent la dynamique d’investissement stimulée par les incitations étatiques et renforcent la position de l’Algérie comme un acteur incontournable du secteur agricole sur la scène internationale.
Parallèlement, il a porté une attention particulière à la conservation et à la valorisation de la race ovine «Deghma», omniprésente dans le patrimoine génétique agricole algérien. Dans une démarche proactive, plusieurs programmes et mesures ont été initiés, afin de préserver cette race, essentielle au développement de la filière des viandes rouges et à la pérennisation de la diversité génétique nationale.
Le Recensement général de l’agriculture-2024 élevé au rang d’évènement clé
L’importance de la Banque des semences et de la future Banque nationale de gènes a été soulignée, comme un pilier essentiel pour la conservation des races locales, indiquant une nouvelle ère dans l’agronomie algérienne. Ces institutions joueront un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité agricole et la protection du patrimoine génétique du pays.
Le Recensement général de l’agriculture 2024 élevé au rang d’évènement clé a été décrit, par le ministre, comme un outil indispensable pour acquérir des données exactes sur les populations animales nationales.
Cette démarche permettra d’orienter efficacement les stratégies de protection et de valorisation des races locales, soulignant la nécessité, pour tous les acteurs du secteur, de participer pleinement à ce recensement. Mettant en relief les capacités agricoles de la wilaya de Naâma, le ministre a fait savoir qu’elle possédait plus de 1.271.000 ovins, plus de 112.000 têtes de caprins et environ 19.000 bovins, en sus de l’élevage camelin et de l’élevage avicole.
La wilaya de Naâma, avec ses ressources considérables en cheptel et ses capacités agricoles reconnues, se pose en modèle de développement agricole. Le ministre a salué l’engouement des investisseurs pour cette région, illustrant par-là les vastes possibilités qu’offre l’Algérie, pour le lancement de projets agricoles innovants et durables. A ce titre, le ministre a fait savoir que la superficie des périmètres destinés aux projets à caractère stratégique, dans la wilaya de Naâma, s’élevait à environ 80.000 hectares.
En conclusion, le programme exposé par Cherfa esquisse un avenir prometteur pour l’agriculture algérienne. En alignant investissements stratégique et préservation du patrimoine génétique, l’Algérie s’engage résolument sur la voie du développement agricole durable, garantissant la sécurité alimentaire et favorisant l’essor économique du pays.
M. M.
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Préservation de la race locale «DEGHMA» :
Le défi génétique
Les participants à cette rencontre ont mis l’accent sur l'importance de préserver les caractéristiques génétiques de la race locale «Deghma» pour assurer sa reproduction.
Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a rappelé la stratégie du secteur visant à valoriser cette race en l'inscrivant comme label algérien auprès de l'Institut algérien de normalisation et à activer les programmes visant à préserver la race rouge génétiquement pure et à la fournir gratuitement aux éleveurs ; en plus d’établir le cadre juridique d'étiquetage avec le label distinctif lié à l'origine et à la qualité, d’inclure cette race au classement national des produits nationaux algériens et de préserver cette race à travers sa valorisation au niveau de la Banque nationale de gènes.
Le directeur général du Centre national d'insémination artificielle et de l'amélioration génétique de Birtouta, Chaâbane Choukri, a, pour sa part, souligné l'importance de créer une banque de gènes pour la congélation du sperme de la race Deghma et sa fourniture aux éleveurs, et d'établir un programme de formation spéciale pour les éleveurs, concernant la gestion de la reproduction de cette race.
Le centre a récemment lancé un programme visant à produire des étalons (mâles) présentant des caractéristiques génétiques pures de cette race, également connue sous le nom de «Hamra», à travers un processus d'amélioration génétique et en motivant les éleveurs de la wilaya de Naâma à l’élever et la réintégrer dans le milieu pastoral de la région des Hauts-plateaux et de l'Ouest du pays (Naâma, Tlemcen, Saïda et El Bayadh).
Les interventions des chercheurs autour de cet aspect ont axé sur l’importance de valoriser cette race à travers la concrétisation d’un plan d’action, à court terme, d’ouverture de laboratoires à Naâma, Saïda, El Bayadh et Tlemcen, qui sont le berceau d’élevage de cette race.
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Remise symbolique de décisions de concessions :
Aoun fait le bonheur des investisseurs
Une cérémonie de remise symbolique d'un nombre de décisions de concessions à des investisseurs, dont le statut juridique des terres a été régularisé, a été organisée.
Par la même occasion, le ministre de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a remis un acte de concession d'un bien immobilier économique au profit de la société par actions (SPA) «Général emballage» pour la réalisation d’une usine, sur une superficie de 32 hectares, pour la production de pâte à papier et de carton dans la nouvelle zone industrielle «Harchaya», au directeur général de cette SPA, Allouche Ramdane.
Le wali de Naâma, Lounès Bouzegza, a évoqué, dans ce cadre, le grand potentiel de la wilaya en matière de disponibilité du foncier (environ 200 000 hectares) destinés à l'investissement agricole, ainsi que de ressources hydriques et de la couverture par le réseau d'énergie électrique (une centrale de production d'électricité de 1.163 mégawatts). La wilaya dispose également des infrastructures de base et de télécommunications et d’un réseau de transport qui ouvrent des horizons prometteurs dans les filières stratégiques, notamment les céréales, le maïs, le colza et la tomate industrielle, en plus du cheptel qui dépasse 1,6 million têtes, en sus de l’encouragement des investissements dans les races locales et d'autres domaines agricoles et pastoraux, pour faire de Naâma un pôle important devant contribuer à la réalisation de la sécurité alimentaire nationale.
Le wali a affirmé que l'entrée en vigueur des mesures d'incitation aux investisseurs et du décret exécutif 55/24 permettra à la wilaya, avec le lancement de la prochaine saison agricole, de s’orienter vers des projets à dimension stratégique au niveau de vastes surfaces de production de céréales, de fourrages et de cultures oléagineuses.