Abderrahmane Arar, président du réseau Nada : « Enfants victimes de violences : Accélérer les procédures judiciaires »

L’Algérie a célébré, samedi, la Journée internationale des droits de l’enfant. Depuis 1990, cet événement marque également l'anniversaire de l'adoption de la Déclaration et de la Convention relatives aux droits de l'enfant. «Notre pays a été parmi les premiers à avoir ratifié cette convention et a consenti beaucoup d’efforts pour la protection et la promotion des droits de l’enfant», se félicite le président du Réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant (NADA), un collectif d’associations qui œuvre au respect et à la défense des droits de l’enfant. Abderrahmane Arar tient à souligner les acquis enregistrés dans ce domaine et évoque les différents enjeux et défis actuels qui constituent un «véritable challenge» pour les acteurs qui oeuvrent à la protection de l’enfant. «Garantir une meilleure protection à l’enfant au sein de son environnement social et dans un contexte en pleine mutation constitue le défi majeur qui nécessite la mobilisation de tous», estime-t-il, rappelant que la loi sur le kidnapping, élaborée sur instruction du président de la République, est une mesure positive qui agit indirectement sur les véritables causes de l’enlèvement des enfants. «Cependant, il reste des choses à faire. L’Algérie doit répondre à cet engagement international en vue de faire face au différents dangers qui guettent l’enfant, à savoir l’exploitation, la violence et les conflits familiaux mais aussi l’application suivant les normes internationales de toutes les lois et textes juridiques mis en place en vue de renforcer la protection de cette frange de la société». Le président du réseau NADA signale que la loi de 2015 constitue un acquis dans ce domaine, mais nécessite une révision dans son code de protection. Il met à nu certaines faiblesses dans ce code, notamment en matière de protection sociale et relève l’intérêt de mettre en place des mécanismes susceptibles de protéger les enfants victimes de toutes formes de violences. «Nous devons renforcer les dispositifs de protection, pallier certaines faiblesses qui existent en matière de procédures judiciaires et la lenteur dans le traitement des affaires, dont certaines traînent malheureusement depuis plusieurs années, ce qui n’est pas dans l’intérêt de l’enfant qui subit de ce fait l’impact psychologique, ce qui entrave son épanouissement et son intégration sociale», explique-t-il. Pour cette raison, la révision du code de protection de l’enfant s’impose, notamment dans son chapitre protection sociale. S’exprimant sur le dispositif d’alerte en vue de dénoncer systématiquement toutes les situations portant atteinte aux droits de l’enfant, il cite le 30-33 qui permet le signalement rapide et plaide pour une coordination institutionnelle ainsi qu’entre les autres acteurs impliqués dans les questions de protection de l’enfance.

13.000 enfants victimes  de violence chaque année

S’agissant des chiffres, Arar assure qu’ils sont alarmants et fait état de 13.000 enfants victimes de violence chaque année, sans compter ceux qui sont impliqués ou acteurs de violences. «Ces derniers concernent les enfants âgés entre 16 et 18 ans. Ils rentrent dans le processus judiciaire et peuvent être mis en garde à vue ou en détention provisoire comme ils peuvent être jugés. Beaucoup sont impliqués dans des affaires de drogue, de violence physique ou des agressions morales», déplore-t-il, jugeant nécessaire de procéder à la formation de la société civile sur la question de l’enfance et la doter de moyens lui permettant de contribuer efficacement au processus de protection de l’enfance. «Nous devons former cette société civile sur les outils permettant une meilleure protection de l’enfance, particulièrement en matière de signalement, l’accompagnement et la médiation pour se constituer partie civile dans les différents conflits. On attendait depuis 2015 l’ouverture de ce chantier pour œuvrer ensemble à l’amélioration de la situation à travers la mise en place des mécanismes et de dispositifs permettant le renforcement de la protection sociale et la mise à l’abri de tous les dangers.
Kamélia Hadjib

 

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