
L’une des principales difficultés auxquelles le gouvernement intérimaire du Premier ministre Abdelhamid Debeibah sera confronté est celle de faire en sorte que les forces étrangères présentes en Libye quittent le pays. Cette priorité, fixée dans sa feuille de route, risque même de lui valoir des obstacles supplémentaires dans sa quête de la mettre en œuvre. Pourtant, Abdelhamid Debeibah n’entend pas y renoncer. «Notre souveraineté est violée», a-t-il jugé nécessaire de rappeler devant les membres du Parlement élu, réuni à Syrte. Plus encore pour lui, «les mercenaires et les forces étrangères sont un poignard dans le dos des libyens, et partant, «il est temps de libérer la Libye de ces gangs». Toutefois, il n’ignore que cette mission ne sera pas aisée. «Le renvoi des mercenaires n’est pas une question facile», a-t-il reconnu. C’est pour cette raison aussi qu’il a dit avoir «besoin de sagesse pour résoudre cette question». Il reste aussi à savoir si l’aide demandée lui sera apportée par les parties libyennes. De son côté, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Jan Kubis, a discuté de cette question avec les responsables égyptiens lors de sa visite au Caire, achevée le jour même où le Premier ministre Debeibah se présentait devant le Parlement à Syrte. Selon la page officielle de la Manul, il a été notamment question au cours de sa rencontre avec le chef de la diplomatie égyptienne du retrait des forces étrangères et du respect de l’embargo sur les armes imposé par les Nations unies, ainsi que la mise en œuvre de la feuille de route approuvée par le Forum de dialogue politique libyen. Cependant, le Premier ministre libyen et l’Envoyé spécial de l’ONU ne peuvent ignorer que le nœud du problème, c’est que les forces étrangères présentes de manière directe ou indirecte en Libye s’adonnent à un jeu sans fin. Car entre ce qu’elles disent et ce qu’elles font, il y a un fossé, mis à profit par certaines parties libyennes qui aspirent au pouvoir. Des parties qui font f fi de l’intérêt de la Libye et du peuple libyen. Or les forces étrangères ont leur propre agenda en Libye, et afin de le mettre en œuvre, elles s’arrangent pour que le cours des évènements suive la voie qu’elles ont tracée. Pour preuve, la multiplicité des forces étrangères intervenant dans ce pays riche en pétrole a fait que le conflit n’a eu de cesse de se complexifier tout au long de ces dernières années. Reste, donc, à se demander si le cri du Premier ministre, qui a appelé à libérer la Libye, trouvera un écho ?
Nadia K.