Monnaie : Le dinar revigoré

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, à l'ouverture des travaux de la rencontre Gouvernement-walis, que les décisions prises en matière de lutte contre l'inflation et l'appréciation du dinar ont porté leurs fruits. Selon les données officielles de la Banque d’Algérie, le dollar s’échange contre 140.52 et 140.53 dinars pour le cours d’achat et de vente, tandis que l’euro poursuit sa baisse affichant un cours respectif de 137.62 et 137.68 dinars. Pour Yacine Madouche, économiste, pour inscrire dans la durée la bonne santé du dinar face aux principales devises, s’imposent notamment «l’amélioration du PIB en hors hydrocarbures et l’amélioration de l’ouverture commerciale en exportation». Aujourd’hui, l’appréciation affichée par la monnaie nationale est «conjoncturelle». Pour l’universitaire, «l’Etat algérien a intérêt à inscrire sur sa feuille de route du développement économique, le défi de ramener le dinar à un positionnement favorable vis-à-vis des principales devises notamment, l’euro et le dollar», relevant que «la parité entre ces deux monnaies est plus favorable à l’économie algérienne en évitant le risque de conversion lié au change». D’autres experts estiment qu’une réévaluation de la monnaie algérienne générerait inévitablement une tension inflationniste tirée par une évolution de consommation. Sur ce sujet, Dounia Kerzabi, de l’université de Tlemcen, relève que de nouveaux règlements ont été introduits par la Banque d’Algérie afin de permettre aux exportateurs (hors hydrocarbures) de bénéficier d’une manière contrôlée des recettes de leurs exportations. Cependant, note-t-elle, «la dévaluation/dépréciation du dinar reste le moyen privilégié dans la politique de rattrapage du cours de change parallèle par le cours officiel de la monnaie nationale».
Le recours à cette méthode «comme unique moyen pour résorber l’écart entre les deux cours de change ne produit pas les effets escomptés. L’absence de point d’intersection entre les deux cours est due à l’absence de politique monétaire visant à l’unification des deux marchés de change». Certains pays comme la Tunisie, enchaîne l’universitaire, «ont réussi à éliminer l’écart qui sépare les deux cours avec une dépréciation monétaire plus faible que celle que l’Algérie a connue». Pour Souhil Meddah, expert financier, «la réévaluation du dinar «qui ne s’appuie pas sur une simple formule technique, doit se traduire sur un plan factuel par des actions de soutien monétaire et de bonne intégration et demande sur le dinar». A ce titre, explique-t-il, sonne l’urgence de cibler une compétitivité monétaire capable de soutenir la politique de reconfiguration et de relance du tissu industriel, face aux projections futures qui doivent inclure les possibilités d’ouverture vers les marchés de proximité (africains et méditerranées) avec aussi l’intérêt de participer aux domiciliations des unités sujettes à relocalisation».

Fouad Irnatene

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