Spoliation des richesses matérielles et immatérielles de l’Algérie : le devoir d’inventaire

Dans cette contribution, et toujours dans le cadre du devoir d’inventaire, nous allons nous intéresser aux spoliations des richesses de l’Algérie et à leur coût actualisé. Pierre Péan a retrouvé les immenses trésors de la Régence d’Alger et l’or entassé dans les caves de La Casbah.

Où sont passées ces sommes colossales ? Un haut vol par des pilleurs sous la conduite d’un maréchal de Bourmont. Au XIXe siècle, dans un contexte d’expansion coloniale effrénée, la France a non seulement asservi le peuple algérien, mais elle a également pillé ses trésors culturels. On dit que le maréchal Clauzel voulut, en vain, démonter l’arc de Triomphe de Djemila et l’envoyer à Paris enrichir le patrimoine. Ce fait est symptomatique de tout le butin que renferment les musées de France et de Navarre qu’il faudra bien un jour restituer.

Les grandes collections muséales françaises regorgent d’artefacts volés dans des sites archéologiques algériens. «Dès 1934, des exemples de pillages par des ethnologues au service du colonialisme sont connus. Où sont passés les objets volés dans les Aurès et en Kabylie (outils, armes, bijoux, ossements, plantes…) par des ethnologues célèbres au service du colonialisme ?

Le 4 juillet 2020, la France avait restitué à l’Algérie les crânes de 24 combattants algériens. Mais un recensement datant d’avril 2018 avait révélé que le Musée de l’Homme à Paris détenait 536 crânes d’Algériens. L’historienne Malika Rahal : «Les morceaux de corps rentrent à la maison après leur long, très long, séjour dans des cartons du Musée de l’Homme, à Paris.»

Jacques Chirac a remis le sceau du Dey d’Alger au président Bouteflika lors de sa visite officielle à Alger. Michel Leiris, anticolonialiste, rapporte que «50 000 objets ont été volés lors de la mission ethnographique». «Ce cambriolage culturel est pourtant interdit par le tribunal de Nuremberg qui précise que «les pillages des biens culturels sont des crimes de guerre». On ne peut gommer cette injustice historique. À nous de nous réapproprier notre culture et de récupérer nos biens culturels. (3)

«La France, nation héritière de cette histoire coloniale, se trouve face à un impératif moral : celui de reconnaître non seulement le vol historique, mais aussi les ravages que cette appropriation a causés à l’identité culturelle des Algériens. La restitution des objets culturels et humains représenterait une reconnaissance formelle de la part de la France de ses responsabilités historiques. En 2006, l’Algérie avait demandé la restitution des têtes de statues trouvées à Cherchell et des copies de gravures d’Henri Lhote.

Peine perdue, ces objets, ainsi que les registres des musées nationaux, pris après l’indépendance, sont restés en France malgré les demandes renouvelées.» (4).

La dette du blé non remboursée

Suite au non-remboursement de la dette du prêt pour le blé qui sauva la Révolution française, le droit permet de la réclamer. L’expédition militaire française de 1830 et la colonisation de l’Algérie effacèrent de fait la dette par la violence. Il est essentiel de rétablir la vérité sur les dettes oubliées de l’Histoire. (5)

«La Régence d’Alger avait développé des relations commerciales avec la France. Ainsi, de 1710 à 1830, soit en 120 ans, l’Algérie exporta plus de 2 193 000 charges de blé vers Marseille. Le ‘’prêt pour le blé qui sauve la Révolution française’’ renvoie à un épisode méconnu mais historiquement important : l’envoi de cargaisons de blé depuis l’Algérie ottomane, en particulier depuis la Régence d’Alger, à la France révolutionnaire en crise alimentaire à la fin du XVIIIe siècle.

À la fin des années 1780 et au début des années 1790, la France fait face à des disettes catastrophiques. La Révolution française éclate en 1789. La Régence d’Alger était alors un fournisseur traditionnel de blé à la France. Entre 1793 et 1797, la Régence d’Alger envoya plusieurs cargaisons de blé, de céréales et de produits alimentaires, livrés à crédit et sans conditions humiliantes. Ce geste, dicté par des relations commerciales anciennes, permit d’éviter la famine dans plusieurs régions françaises. Ce soutien a été apporté à une France alors isolée sur la scène internationale, et en guerre contre de nombreuses puissances européennes.

La France promet de rembourser, mais les paiements sont irréguliers et plusieurs cargaisons ne sont jamais payées.» (5) Selon les archives et les historiens comme Charles-Robert Ageron : la France devait au Dey environ 24 millions de francs (dettes cumulées sur le blé livré à crédit entre 1793 et 1815). Soit environ 7 tonnes d’or avec la valeur actuelle de l’or (2025) ≈ 107,4 $/g, (juillet 2025) soit : =750 millions de $ US. Sans compter les intérêts accumulés sur plus de 190 ans, les montants seraient de 5,2 milliards US$ pour des intérêts très bas de 1% et 39,2 milliards de US $ 2% d’intérêt. La France n’a pas remboursé la dette mais ce fut le prétexte pour envahir l’Algérie et le début d’un clavaire de 132 ans.

Les causes de l’invasion de l’Algérie n’ont pas été rapportées entièrement. En fait, le roi Charles X s’engage dans une conquête pour la prise d’Alger. «L’armée d’Afrique, au nom de la chrétienté et de l’Occident, est venue punir ‘’les barbaresques’’. La conquête de l’Algérie est-elle justifiée seulement par le désir de venger l’affront fait à un diplomate ? Non, répond Pierre Pean, auteur de Main basse sur Alger.» «Et si cette conquête avait été menée dans le but de faire main basse sur les immenses trésors de la Régence d’Alger afin de constituer les fonds secrets de Charles X pour corrompre et retourner le corps électoral ?»

La chasse au trésor est lancée. Charles X entend utiliser le trésor pour «corrompre les consciences afin de disposer d’une majorité absolue qui accepterait le retour à la monarchie absolue». Le matin même du 5 juillet 1830, le Dey Hussein quitte le palais de la Casbah. Le trésor d’Alger tombe entre les mains des Français. Il y avait là des pièces d’or et d’argent, des pierres, des bijoux, des diamants et des armes. Une partie, soit 43 millions de francs, a été versée dans les caisses de l’État, 5 autres millions sont revenus au corps expéditionnaire. Le reste ? «La plus grande partie du trésor de la Régence et des pillages opérés dans la Casbah, dans la ville et dans les environs d’Alger a donc abouti dans les poches des militaires, de fonctionnaires des finances, des banquiers, des négociants et d’aventuriers, mais aussi dans celles du roi des Français.» (6)

Vol du trésor de l’Algérie situé à la Casbah

Selon les archives françaises de l’époque, le butin saisi s’élevait à environ 250 millions de francs-or, de l’or et de l’argent, sous diverses formes (lingots, pièces, bijoux). Une autre partie aurait disparu mystérieusement, selon certains historiens – une accusation de détournement a visé Bourmont lui-même. Selon les estimations (basées sur des archives militaires et diplomatiques et des rapports internes de l’époque), le trésor total récupéré ou détourné par les officiers français, y compris les bijoux, les métaux précieux et les sommes extorquées, se situerait entre 250 et 509 millions de francs-or de 1830. Péan parle de «l’un des plus grands pillages de l’histoire coloniale» commis sous le couvert d’une opération militaire». (7)

Estimation de Pierre Péan

À partir des deux estimations, 250 à 509 millions de francs-or : 250 MF-or = 72,5 tonnes d’or, 509 MF-or = ~147,6 tonnes d’or ; la conversion en dollars de 2025 : avec un prix de l’or, au 25 juillet 2025, de 107,47 $US/gramme permet d’évaluer la valeur actuelle du trésor. Pour 72,5 tonnes d’or (hypothèse basse, cela correspond à 107,47 x 72,500 000 = 7,5 milliards de $. Pour 147,6 tonnes x 107.49 = 16 milliards de $.

Ces chiffres ne tiennent pas compte de la valeur historique ou artistique des bijoux, manuscrits, pierres précieuses, etc. qui pourrait multiplier la valeur aux enchères. Un calcul des intérêts depuis 1830, même approximatif, amène à une estimation robuste de la valeur actuelle du trésor de la Casbah avec un taux d’intérêt le plus bas, soit 2% sur 195 ans, cela ferait depuis 1830 : pour 250 M francs-or (~7.5 Md, cela ferait 300 milliards $, et pour 509 M francs-or (~16 Md $), cela ferait 600 milliards $ ! Ces chiffres illustrent l’ampleur de la spoliation coloniale et ses conséquences économiques à long terme.

Profanation

Après le vol «matériel», la colonisation se met en place : il s’agit de rayer l’identité cultuelle de l’Algérie. Les mosquées étaient des centres de savoir (avec leurs médersas), des points d’ancrage spirituel. Les fondations pieuses furent les premières à être rattachées avec leurs biens à l’administration (septembre 2030). Ce fut une des armes de la politique coloniale d’effacement du tissu social indigène. La christianisation à marche forcée des Algérien(ne)s est mise en œuvre.

L’appellation par Lavigerie de «Beit Allah»

Lavigerie créa un amalgame pour attirer les indigènes par analogie avec la mosquée, Beit Allah. Le port même du vêtement est bien choisi, il se rapproche de celui des imams (burnous, chéchia rouge et gandoura), les prêches se font en arabe et en berbère. (8)

Le prosélytisme à marche forcée était donc, pour le cardinal, une nécessité. Il tenta, en vain, des Arabes chrétiens du Liban et des Irlandais.

De plus, pour favoriser l’immigration, le pouvoir colonial procéda à l’aliénation d’un grand nombre de maisons qu’il mit à la disposition des immigrants (Alsaciens, Lorrains, Espagnols, Italiens, Maltais...). «Le premier soin des Français lorsqu’ils eurent pris procession d’Alger, fut, nous dit A. Devoulx, de tailler un peu de place aux vivants, au détriment des morts.» Il y avait donc, dès le départ, une volonté délibérée de changer la topographie de la ville pour effacer tout ce qui pouvait rappeler l’ancienne civilisation.

Des dizaines de mosquées ont été aliénées, certaines détruites et d’autres converties. «Pendant plusieurs années, on a pu voir dispersés, çà et là, des amas d’ossements tirés brusquement de leurs tombes et jetés au vent, avec une certaine brutalité. Au point de vue historique, l’histoire doit regretter l’anéantissement complet d’un cimetière réservé aux, vers la fin du XVIe siècle.» (9)

«La mosquée Ketchaoua fut convertie en cathédrale, les fidèles musulmans qui refusaient d’en sortir furent massacrés. Il y avait à Alger, en 1830, 169 mosquées et salles de prières ; trente ans après, il n’en restait plus que 22, soit la disparition de 70-90% des lieux de culte islamiques à Alger, au cours des trois premières décennies de la colonisation. Les zaouïas ont été démantelées et les terres affectées aux militaires ou à la colonisation urbaine. De même, dès 1837, la moitié de la vieille ville de Constantine, Casbah, mosquées et zaouïas furent rasées pour édifier une ville fortifiée européenne.

Plus de 50% du tissu religieux et historique de la Casbah sont partis en fumée. De même à Tlemcen, en 1873, la prestigieuse médersa tachfinia (fondée en 1320) fut détruite». (10)

L’enseignement dispensé par les zaouïas a été supprimé par le général Berthezène, qui rattacha la gestion des zaouïas à l’administration. Le coût mémoriel est important. Il y a eu une perte architecturale irréversible : mosquées de l’époque zianide, hafside, ottomane ou almohade ont été irrémédiablement perdues.

Où en est-on de la restitution des objets historiques par la France à l’Algérie ?

Les pièces archéologiques, les canons, les ouvrages et les documents et archives diplomatiques volées par la France, en 132 ans en Algérie, sont un dossier toujours ouvert. Il s’agit, d’abord, des effets de l’émir Abdelkader, deux épées, un pistolet, sa tente de commandement, son bâton de commandement, l’original de traités signés avec la France, ses éperons, son caftan, des manuscrits, etc., volés par le fils du roi Louis-Philippe, lors de la prise de la Smala. D’autres objets historiques concernent les chefs de la résistance algérienne. S’y ajoutent la clé de la ville de Laghouat et les étendards des résistants de cette cité conquise en 1852. Mais également une autre catégorie de biens, comme les avoirs du palais du Dey, à Alger, les traités et correspondances de la Régence avec les pays européens, etc.

On trouve enfin les 16 canons d’Alger, pris en 1830, exposés aux Invalides, à Paris. Enfin, l’Algérie réclame également la restitution du canon géant (7 mètres de long 12 tonnes) Baba Merzoug, fabriqué en 1542. Le burnous et le caftan de l’émir ont été donnés, en 1897, au musée de l’Armée, par le fils d’Abdelkader, le prince Khaled ben El-Hachemi. Ces demandes de restitution posent nombre de problèmes juridiques à la partie française. On peut citer, sans être exhaustif, l’exemplaire du coran de Messali Hadj et son manuscrit original qui se trouvent au musée d’Angoulême, parmi environ 300 pièces archéologiques volées vers 1934». (11)

Pièces archéologiques et objets d’art spoliés et transportés en France

Durant la colonisation, de nombreuses pièces archéologiques romaines, berbères et islamiques ont été envoyées en France. Exemples : mosaïques, statues romaines, poteries antiques, bijoux berbères. Beaucoup sont aujourd’hui exposées dans des musées français comme : le musée du Louvre, le musée de l’Armée, le musée des Antiquités. Les troupes françaises ont saisi plusieurs canons ottomans et autres armes anciennes. Ces canons décoratifs datent de l’époque ottomane (XVIIe - XVIIIe siècles). Certains sont exposés aux Invalides, à Paris, ou sur des places publiques. Le canon d’Alger (Baba Merzoug), pris en 1830, exposé à Brest, s’y ajoutent des armes traditionnelles (sabres, fusils, arcs).

Dès la prise d’Alger en 1830, les Français ont saisi les archives beylicales. Des lettres, des traités et des correspondances de l’Émir Abdelkader ont été saisies. Ces documents sont aujourd’hui conservés aux Archives nationales françaises.

Des manuscrits arabes (corans enluminés, traités scientifiques, religieux ou littéraires) ont été prélevés dans des mosquées, zaouïas ou bibliothèques privées. Des livres anciens ont été saisis dans les médersas, zaouïas ou bibliothèques familiales, ainsi que des travaux linguistiques et ethnographiques.

L’Algérie continue de revendiquer officiellement : la restitution des archives, pour reconstituer son histoire administrative et culturelle, le retour des œuvres d’art et des objets archéologiques pillés, une reconnaissance pleine et entière de ces actes comme un volet de la réparation historique. Il est important d’en faire une évaluation chiffrée de la consistance, même si certaines pièces n’ont pas de prix. L’estimation totale archéologie et art antique : 500 fragments de mosaïques romaines, statues et bustes ; 200-300 800 pièces bijoux berbères anciens ; 1.000 pièces objets islamiques (XIIe–XVIe S) ;
* 1.500 à 3.000 manuscrits arabes (exemplaires du coran, traités scientifiques, poésie).
* 5.000 à 10.000 livres anciens (avant 1830)

Les objets archéologiques

Dès la prise d’Alger en 1830, les Français ont saisi les archives beylicales, comprenant : registres fiscaux, documents administratifs ottomans, correspondances diplomatiques. Des lettres, traités et correspondances de l’Émir Abdelkader ont été saisies pendant la guerre contre la résistance algérienne.

Ces documents sont aujourd’hui conservés aux Archives nationales françaises, l’Algérie réclame depuis les années 1970, la restitution complète des archives. De nombreuses pièces ont une valeur symbolique infiniment plus élevée que leur équivalent monétaire. Parmi les objets archéologiques et œuvres exceptionnelles exposés en France : citons, sans être exhaustif, les peintures orientalistes : Plusieurs objets archéologiques (mosaïques, fragments romains, pièces numides) sont physiquement transportés en France : Environ quelques centaines de mosaïques et fragments —selon certains experts, 50% à 70% du mobilier archéologique romain d’Afrique du Nord a été déplacé. Le cas de Skikda, où des ruines romaines ont été démantelées pour servir dans des constructions coloniales. Pour l’archéologie romaine et numide : 60% des mosaïques et statues connues hors d’Algérie seraient aujourd’hui en France. Pour les objets islamiques et berbères plusieurs centaines sont dans des musées nationaux.

Documents diplomatiques avant 1830 — liste et importance

Documents diplomatiques : des milliers d’archives, d’actes, mémoires et rapports pré-1830, avec une valeur historique, juridique et souveraine inestimable. Parmi les Traités : capitulation de 1830 ; Convention franco-algérienne du 5 juillet 1830 ; enfin, les archives ottomanes conservées (16.000 à 20.000 documents) couvrant les XVIe-XIXe siècles (bayt-al-mâl, correspondances du sultan). Ces documents étaient le fondement de la souveraineté algérienne, couvrant diplomatie, commerce, impôts, relations avec l’Europe et l’Empire ottoman. Au sein des Archives diplomatiques françaises, plusieurs fonds concernent l’Algérie : 800 Registres et traités ottomans appartenant à la bibliothèque beylicale. Estimation globale manuscrits & ouvrages rares : 8.000. Archives beylicales : 2.000 lettres correspondances d’Abdelkader ; Lalla Fatma Nsoumer et Boubaghla.

Visites des musées en France : part moyenne des recettes dévolues à l’Algérie

Dans le même esprit du devoir d’inventaire. Nous avons pensé à une stimulation pécuniaire, pour déduire par proportionnalité la part des touristes qui visitent les musées de France. Il est admis que sans les collections des départements d’archéologie et d’art islamique, le Louvre perdrait, non seulement, des pièces historiques rares mais aussi une partie non négligeable de son attrait international. Ces collections enrichissent l’offre, contribuent à l’image universelle du Louvre et soutiennent des événements qui attirent des publics divers : 174 M € de billetterie ; 200 M € de budget total. Sans ces pièces, la renommée du Louvre – et ses recettes – seraient notablement amoindries.
On cherche à évaluer la dette symbolique annuelle que représenterait l’exploitation des trésors archéologiques, manuscrits, armes, restes humains, objets d’art algériens conservés dans les musées français depuis 1962. Les collections algériennes ne représentent pas la majorité, mais une part culturelle essentielle, notamment : Pour les départements arts de l’islam, antiquités romaines d’Afrique, et les expositions temporaires. On peut estimer à environ 0,5 à 2% de la fréquentation effective de musées comme le Louvre, et 5 à 10% pour d’autres plus ciblés (Musée de l’Homme, Quai Branly, etc.).

Pour le Louvre : il y a eu 8,9 millions de visiteurs en 2023 1 % = 89.000 visiteurs concernés par des œuvres liées à l’Algérie. Recettes billetterie 2023 : 174 M € 1% = 1,74 M €/an (Louvre seul).
La stimulation des parts des revenus annuels de la visite des musées amène à une dette symbolique annuelle : reviendrait 2 à 4 millions €/an. Le montant moyen annuel estimé (2024 valeur constante). Sur 62 ans (1962-2024) aboutirait à 124 à 248 millions €. Cela ne tient pas compte : des expositions itinérantes, des droits de reproduction, du prestige diplomatique tiré de ces pièces, ni de la valeur culturelle et mémorielle pour le peuple algérien.

La restitution morale, la justice historique contribuent à la nécessité d’un geste fort de réconciliation culturelle.
Dans le même ordre, bien que la souffrance humaine soit inestimable, ou peut tracer un ordre de grandeur en faisant appel à une approche globale par pertes humaines et une approche par pillage de richesses. Si on compare avec les réparations allemandes à Israël (1953) : 3 milliards de Deutsche mark, pour 6 millions de victimes ≈ 6 000 $ par victime. Transposé à l’Algérie : 6 millions de morts tout au long de 132 ans × 6 000 $ = 36 milliards $.

La douleur algérienne du fait colonial est un traumatisme civilisationnel, pas uniquement une série d’exactions ponctuelles. L’évaluer, c’est reconnaître l’humiliation, la dépossession et la négation d’un peuple, et exiger des réparations à la mesure de l’offense. Ces destructions portent la marque d’un génocide culturel, avec des impacts irréversibles sur la mémoire et l’identité algérienne.
Les collections algériennes au Louvre sont nombreuses :

En conclusion

Massif pillage archéologique : ≈ 60% des pièces exceptionnelles (mosaïques, statues) sont désormais en France, notamment au Louvre, Invalides et Orsay. La colonisation a tenté d’éradiquer l’identité culturelle et cultuelle de l’Algérie en vain. Elle a alors mis en œuvre une politique d’analphabétisation qui fait qu’à peine 10% d’enfants étaient scolarisés à la veille de 1954.

La meilleure preuve, l’invasion a commencé par l’incendie des bibliothèques de Sidi Hammouda à Constantine en 1837, puis ce fut au tour de la Bibliothèque du Cheikh El Haddad, qui a été confisquée en 1871-1872. Ce sera enfin, l’incendie de la bibliothèque de l’Université d’Alger le 5 juin 1962 ; 600.000 volumes partirent en fumée.

Les biens culturels ont été sont le résultat de spoliations, pillages, vols et butins de guerre, pour enrichir des collections occidentales. La France invoque le caractère inaliénable et imprescriptible des collections des musées de France, on se rappelle comment le président Mandela a fait plier la France pour la restitution de la Venus Hottentote, une femme qui avait une difformité physique et qui quitta pour être enterrée, pieusement, dans sa terre natale.

La protection des biens culturels trouve son fondement juridique dans les textes et lois suivants : La Convention de La Haye signée le 14 mai 1954 7, entrée en vigueur en août 1956, qui porte exclusivement sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé. En vertu de l’UNESCO du 24 avril 1972, les «biens culturels» sont sous protection : les biens culturels comprennent tout ce qui a une signification historique, artistique ou religieuse, la Convention d’Unidroit sur les biens culturels volés ou illicitement exportés, du 24 juin 1995 porte sur la restitution des biens culturels volés ou illicitement exportés.

On le voit les faits sont clairs, le devoir d’inventaire permet de situer la dimension du gap mémoriel. L’Algérie demande simplement le recouvrement de son identité. Il y a des solutions, notamment dans une réflexion sur la dette scientifique de 132 ans d’aliénation qui n’ont pas permis à l’Algérie de participer, en son temps, aux révolutions scientifiques. Tout est possible dans l’égale dignité des deux peuples.

C. C.

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«ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’été.    Cette merveille a disparu. 

Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n’égaleraient pas ce splendide et formidable musée de l’orient. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ;  Telle est l’histoire des deux bandits. Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie. (…)   J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée»    

 

Victor Hugo (1).  

 

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«Il faut relever ce peuple , il faut cesser de le parquer dans son Coran, (…) il faut lui inspirer , dans ses enfants du moins , d’autres sentiments , d’autres principes , il faut que la France lui donne , je me trompe , lui laisse donner l’Evangile, ou qu’elle le chasse dans les déserts ,
loin du monde civilisé....».

Cardinal Lavigerie (2)

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(*) Ancien ministre de l’Enseignement supérieur

1.Victor Hugo https://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/Hugo/11563.
2. C. Lavigerie : Lettre pastorale du 6 avril (1868).
3. https://elwatan-dz.com/du-5-juillet-1830-au-5-juillet-2022-de-la-prise-dalger-par-les-pillards-du-tresor-de-la-casbah-au-60e-anniversaire-de-lindependance-de-lalgerie.
4. Quels biens la France a-t-elle volés à l’Algérie pendant la colonisation ? - TRT Global 29 mai 2024.
5. https://chatgpt.com/share/68812383-208c-800c-9689-0b08a947e8fb.
6. https://jeanyvesthorrignac.fr/wa_files/INFO_20666_20Alger_20tr_C3_A9sor.pdf.
7. https://chatgpt.com/share/684696b0-e750-800c-af14-4387f90247d9.
8. M.T.Ouali :l’enseignement des missionnaires en Algérie p.97.Edits Dahlab.Alger. (1997).
9. Diego de Haëdo .De la captivité à Alger. Revue Africaine.. Vol. 39, 54,199,321, (1895).
10. https://chatgpt.com/share/6880d175-18e0-800c-aef7-07cf3b0c869c.
11. https://chatgpt.com/share/6847d0e1-544c-800c-b1ce-23cbfcb06143.

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