
Les importantes mesures déployées afin d’amorcer le décollage économique de l’Algérie, venues concrétiser la volonté du président de la République, de faire en sorte que 2022 soit «l’année économique par excellence», «se sont concrétisées sur le terrain», estime l'analyste économique Ahmed Hidouci.
Ces mesures «se sont rapidement répercutées sur la valeur du dinar, car la monnaie nationale a enregistré une augmentation de 12,5% au cours de l'année en cours par rapport à l'année 2021», a-t-il indiqué, précisant que «ce paramètre augure et reflète le succès continu du plan de relance économique». Un plan qui a été renforcé par la mise en place d’un nouveau cadre juridique, à travers la promulgation de la loi relative aux investissements, «et qui a été favorablement accueillie par l’ensemble des intervenants du secteur», a-t-il souligné.
L’expert a rappelé le fait que parmi les premières mesures prises par le gouvernement dès le début de l’année 2022, figure le lancement d’un recensement exhaustif du nombre et de la situation des entreprises publiques. L’objectif étant de renforcer celles qui étaient opérationnelles et de trouver des solutions à celles qui étaient à l’arrêt ou en difficulté. «Ces dernières, au nombre de 81, ont fait l’objet d’une prise en charge ciblée, et des mesures ont été prises à leur égard, y compris la modification de l'activité de certaines d’entre elles», a-t-il signalé, donnant comme exemple, une entreprise située dans la localité de Bouchegouf, spécialisée dans la fabrication de levure, reconvertie en entreprise de fabrication de pâte, et d'autres entreprises qui ont se sont reconverties dans le domaine de l'électronique, dans l'ouest du pays. «De cette façon, le gouvernement a donné un nouvel élan à ces entreprises économiques publiques. Il a également commencé à résoudre les problèmes d'investissements privés, ce qui a permis à plus 1.000 projets d'investissements privés d’être sauvés, permettant la création de milliers d'emplois et un dynamisme économique», a ajouté Dr Hidouci, qui est également professeur en économie à l’université de Blida. C’est également le cas pour les grands projets. «Le gouvernement a décidé de lancer des investissements majeurs, comme le projet d'extraction de phosphate, en partenariat avec les Chinois, dans la wilaya de Tébessa, et le projet d'extraction de fer à Gara Djebilet, dans la wilaya de Tindouf», a rappelé l’expert, qui a précisé que cette nouvelle politique économique s'est rapidement reflétée sur la monnaie nationale, le dinar. «En octobre 2021, la valeur du dinar par rapport à l'euro était de 160 dinars pour 1 euro, alors qu'après le lancement effectif de la concrétisation du plan économique, 138 DA valaient 1 euro».
La nécessaire réforme du secteur bancaire
S'agissant du contexte géopolitique international actuel, Dr Hidouci a estimé que celui-ci ne peut être que bénéfique pour l’économie nationale. «L'Algérie peut exploiter cette situation à son avantage, pour réaliser un bond économique, en augmentant ses capacités de production dans le domaine des céréales, afin d’atteindre l'autosuffisance et de préserver les devises. Il y a également une opportunité à saisir dans ce contexte de crise énergétique que traverse l'Europe, en particulier du fait que nous sommes proches de ce continent géographiquement parlant, par rapport à d’autres fournisseurs mondiaux», dit-il. Pour ce qui est de la nécessité d’apports étrangers pour diversifier et promouvoir l’économie, Ahmed Hidouci a préconisé la possibilité pour l'Algérie d’attirer les investisseurs des pays du Golfe, qui «disposent de très gros fonds d'investissement étrangers, comme l'Arabie saoudite, dont les actifs dépassent 700 milliards de dollars, le Qatar 400 milliards de dollars et le Koweït également. On devrait profiter des relations étroites qui nous lient avec ces pays frères».
Évoquant la récente entrée en vigueur de la loi relative aux investissements, l’analyste économique estime que celle-ci sera d’un apport considérable, notamment avec la numérisation des relations entre l'investisseur et l’Administration, «ceci d'autant que la hausse des revenus des hydrocarbures permet la préparation de zones industrielles, selon les normes internationales, permettant ainsi à l'investisseur de ne pas perdre son temps dans les tracasseries administratives».
Néanmoins, Dr Hidouci a affirmé qu’il reste une étape importante à parachever dans ce processus de relance, et qui est celle de la réforme du système bancaire. «Ça reste une nécessité urgente, car le nombre de banques ne dépasse pas les 20, dont 6 publiques, et ce sont elles qui financent 90% des projets d'investissement, ce n’est plus tenable», a-t-il déploré, soulignant que le fonctionnent selon la philosophie de la spécialisation financière (l’agriculture, le crédit, le logement… ) «est largement dépassé à l'échelle mondiale».
Aussi, pour le spécialiste, la réforme du système bancaire commence par «la fusion des banques publiques en une seule banque, à la fois interne et externe — et c'est ce qui se passe actuellement au niveau mondial — pour la diversification de leur intervention dans tous les types d'investissements dans un souci de compétitivité nationale et internationale». Par conséquent, selon lui, «la démarche pour les banques publiques de s’installer à l'étranger, comme la côte africaine, par exemple, est une étape importante, de même que les banques nationales doivent adhérer à la technologie internationale utilisée dans leur secteur». Enfin, l’expert a estimé que la future loi relative au partenariat public-privé (PPP), élaborée par le secteur des Finances, dans le cadre des chantiers prévus dans le Plan d’action du gouvernement, pourrait donner au secteur privé, la possibilité d'investir dans de grands projets structurants, tels que la construction de chemins des fer et des ports.
«La nouvelle loi sur l'investissement offre déjà une précieuse opportunité au secteur privé d'investir dans la fabrication, la mécanique et les énergies renouvelables», a-t-il conclu.
Amel Zemouri