
Porté par une dynamique de plus en plus affirmée d’intégration régionale, le commerce intra-africain a enregistré une progression notable en 2024, traduisant une consolidation des échanges entre pays du continent. Une tendance positive que souligne la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), dans son dernier rapport consacré aux flux commerciaux internes à l’Afrique. Selon un rapport publié le 5 juillet 2025 par la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), les échanges commerciaux intra-africains ont connu une hausse significative en 2024 de 12,4 % pour atteindre environ 220,3 milliards de dollars. L'Afrique du Sud a conservé sa position de premier contributeur au commerce intra-africain, avec un total de transactions s'élevant à 42,1 milliards de dollars, soit environ un cinquième du total des échanges intra-africains. Malgré une légère baisse par rapport à l'année dernière, ce chiffre reflète le rôle central du pays, notamment au sein de blocs régionaux tels que l'Union douanière d'Afrique australe et la Communauté de développement de l'Afrique australe, indique la banque. De leur côté, les pays d'Afrique de l'Ouest, notamment le Nigeria et la Côte d'Ivoire, ont enregistré un résultat notable au cours de la même année, la Côte d'Ivoire contribuant à elle seule à 4,8 % du commerce intra-continental total, grâce à l'augmentation des exportations de pétrole raffiné et de produits manufacturés, selon le rapport. Quant au Nigeria, ses échanges commerciaux avec les pays africains ont atteint environ 18,4 milliards de dollars, ce qui témoigne d'une amélioration significative de ses performances économiques. Plusieurs facteurs ont concouru à cette dynamique, notamment dans le cadre de la ZLECAf, bien que des analyses montrent que cette dernière a modestement stimulé le commerce intra-africain, comme en témoignent la diversification accrue des exportations et l’amélioration de l’accès au marché dans des économies telles que l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya. Les avantages ont été inégalement répartis, les pays d’Afrique centrale étant à la traîne en raison de déficits infrastructurels et de capacités institutionnelles plus faibles. En outre, si les volumes d’échanges ont rebondi après la pandémie, d’importants obstacles structurels subsistent et limitent le plein potentiel de la zone de libre-échange (ZLECAf). Sur la base de ces résultats, des interventions politiques ciblées sont recommandées par les experts pour combler les disparités régionales, notamment des investissements substantiels dans les transports, l’énergie et l’infrastructure numérique afin de réduire les coûts de transaction. Ils appellent aussi à l’intégration à la mise en place de mécanismes de financement innovants, tels que le financement mixte et les partenariats public-privé pour soutenir les projets d’infrastructure et de renforcement des capacités nécessaires qui favoriseront une croissance économique durable et les normes du travail sur l’ensemble du continent. L’Algérie quant à elle multiplie les initiatives structurelles pour accompagner la dynamique de la ZLECAf. Elle mise sur la complémentarité régionale, la modernisation logistique et le développement d’un tissu exportateur performant. Lancée en juillet 2022, la ligne maritime directe entre Alger et Dakar, opérée par le groupe public GATMA, illustre la volonté de renforcer les échanges interafricains. Cette liaison maritime constitue un maillon essentiel pour connecter l’Algérie aux marchés ouest-africains et fluidifier le transport des marchandises dans le cadre du marché commun continental. Parallèlement, plusieurs zones franches sont en cours de création avec les pays frontaliers — Mauritanie, Mali, Tunisie, Libye et Niger — à l’initiative du président de la République. Cette mesure, annoncée lors d’une réunion du NEPAD, a été saluée par les partenaires africains concernés en raison de son impact attendu sur la circulation des biens et le développement local.
Ces zones économiques transfrontalières visent à stimuler l’investissement, favoriser la transformation locale des ressources et faciliter l’émergence de chaînes de valeur régionales. Sur le plan institutionnel, la diplomatie économique algérienne s’appuie sur un réseau renforcé de représentations commerciales ainsi que sur l’implantation progressive de banques algériennes dans plusieurs capitales africaines, afin de soutenir les opérateurs économiques dans leurs démarches d’expansion.
Dans cette même dynamique, l’Algérie a officiellement rejoint le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), une infrastructure financière qui permet des transactions transfrontalières instantanées en monnaies locales. Lancée par Afreximbank en partenariat avec l’Union africaine, cette plate-forme vise à réduire significativement les coûts de transaction, à lever les barrières monétaires et à renforcer l’interopérabilité des systèmes bancaires africains. L’adhésion de l’Algérie au PAPSS confirme son statut de puissance économique régionale et renforce sa participation active à la phase opérationnelle de la ZLECAf.
Enfin, la tenue à Alger, du 4 au 10 septembre 2025, de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), organisée conjointement avec Afreximbank et le Secrétariat de la ZLECAf, constitue une nouvelle vitrine du potentiel économique algérien. Cet événement de portée continentale traduit la volonté d’Alger de se positionner comme un carrefour du commerce africain et un catalyseur de la coopération Sud-Sud. Il s’inscrit dans une stratégie de long terme visant à faire de l’Algérie un acteur structurant du développement économique intégré en Afrique, conformément aux objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
S. B.