Le dinar en bonne santé

En plus d'être l'année de la relance économique et de la reprise de la croissance, 2022 a vu le dinar s'apprécier et du coup reprendre des couleurs. Comparativement aux devises des principaux pays émergents, la monnaie nationale s’est appréciée de 12,5%. Si les décisions économiques, la politique monétaire et la rigueur budgétaire y sont pour quelque chose, la bonne réaction face à la pandémie de Covid-19 y est également pour beaucoup. La valeur d'une monnaie ne peut pas être fixe tout le temps.
C'est antiéconomique et dangereux, parce que cela laisse croire qu'il n'y a pas de problèmes et que tout fonctionne à merveille. Aussi, le pays devrait profiter des gains obtenus pour relancer durablement tous les secteurs de l'économie. Il faut obtenir d'autres gains substantiels de productivité et créer un environnement de confiance qui attire les investissements. La bonne santé du dinar permet d’espérer un retour plus rapide au niveau de l’activité économique.
Le produit intérieur brut augmentera sur fond d'une meilleure résistance de l'économie dans son ensemble. D'abord, cette hausse est porteuse d’effets désinflationnistes, au grand bonheur du consommateur. Cela veut dire aussi que le taux de change effectif a baissé en termes nominaux et en termes réels. Dans ces conditions et de manière automatique, l'appréciation du dinar se répercute sur l'économie qui va vers un niveau de croissance en hausse. Cet ancrage est favorable aux exportations et limite davantage l'inflation. Cela dit, si les coûts de production deviennent localement plus compétitifs, les exportations, qui sont libellées en dollars, s'effondrent. À l'instar d'autres pays importateurs de matières premières, une monnaie forte permet tout de même de réduire les coûts d'achat de ces produits. Il convient de noter aussi qu'un dinar fort risque de peser sur le commerce extérieur.
Une monnaie forte dégrade, en effet, la compétitivité-prix des entreprises. Traditionnellement, les économistes considèrent que cet effet n’est pas toujours négatif pour l’économie concernée, notamment si le pays est doté d’institutions fortes permettant d’accompagner les entreprises devenues non rentables suite à l’appréciation de leur monnaie.
En d'autres termes, cet avantage est réel, dans la mesure où le pays a réellement besoin d'augmenter sa compétitivité, mais il existe aussi le revers de la médaille : celui d'encourager les importations, au détriment de la production nationale, y compris l'importation de biens qui ne sont pas véritablement utiles au développement de l'économie locale. C'est qu'une monnaie forte rend les importations d’un pays relativement moins coûteuses. Ainsi, les consommateurs ont tendance à bénéficier d’une telle situation, en termes de pouvoir d’achat.

Farid Bouyahia

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