L’expert Abderrahmane Hadef à propos de la Loi sur la monnaie et le crédit : De l’«efficacité» dans les politiques monétaires

Le projet de loi sur la monnaie et le crédit sera présenté dans les tout prochains jours en réunion du gouvernement, selon le Premier ministre, Aymen Benabderrahmane. Ce texte a connu des «amendements profonds» et permet «une forte impulsion» au processus de réforme du secteur financier et bancaire. Son objectif est de « consolider la gouvernance de la Banque d'Algérie (BA), assurer son indépendance, élargir les prérogatives du conseil de la monnaie et du crédit et renforcer sa composante », a-t-il expliqué. L’expert en économie, Abderrahmane Hadef, a apporté un éclairage sur le sujet. A la lecture du contexte actuel que ce soit sur le plan national ou international, il estime que « l'amélioration du cadre réglementaire devient impératif, ce que les pouvoirs publics ont décidé d'entreprendre à travers une approche nouvelle et pragmatique. La promulgation du code sur l'investissement en est la parfaite illustration», a-t-il commenté. Dans ce même ordre d'idées, ajoute-t-il, «vient la réforme du système financier et bancaire par la révision de la loi sur la monnaie et le crédit à savoir la 90-10. Cette révision permettrait de s'adapter aux évolutions qu'a connues le monde économique», a-t-il noté. Soulignant qu’il s'agit d'avoir «des instruments» permettant de concevoir et de «conduire les politiques monétaires» et financières avec plus d'«efficacité». Selon lui, cette réforme concerne deux principaux aspects : le premier aspect touche «le système de gouvernance de la banque centrale pour lui conférer plus d'agilité et améliorer le processus de conduite de la politique de changes». Le deuxième aspect est lié à «la modernisation du système bancaire pour accompagner la transformation du modèle socio-économique». Cette modernisation comprend aussi la réussite de la transformation numérique que ce soit au niveau stratégique (banque centrale) ou opérationnel (les banques commerciales et autres institutions financières). Aussi «cette modernisation touche à l'émergence de la finance digitale pour améliorer l'inclusion financière et s'adapter aux évolutions technologiques». Pour ce faire, dit-il, «les banques doivent prendre le relais pour le financement de la relance économique, mais avec une nouvelle approche dans la gouvernance et dans la relation avec leurs clients». L'industrie du paiement est l'autre domaine à améliorer pour permettre aux professionnels du paiement de disposer de services de qualité hautement performants. Ce qui va sans nul doute améliorer le développement et la généralisation des outils de paiement comme le e-paiement, a-t-il prôné. De son côté, Mohamed Sayoud, expert algéro-allemand, conseiller en investissement, a fait, quant à lui, des propositions pour l'amélioration de la loi sur le crédit et la monnaie. Évoquant les nouvelles mesures indispensables pour «réguler les dérives intérieure et extérieure de l’économie grise (économie informelle), afin d’avoir une économie forte et une monnaie forte». Il est question, selon lui, d'imposer le paiement électronique à tous les commerçants et entreprises, ce qui les oblige à avoir un TPE (terminal de paiement électronique). Et d’inculquer, ainsi, la culture du paiement par carte bancaire à tout le monde même aux jeunes à partir de 16 ans dans les lycées et universités grâce à des campagnes de sensibilisation en leur attribuant des cartes de paiement gratuites et sans frais pour 1 à 2 ans», a-t-il suggéré. Suivant cette même logique, cet expert propose l’ «ouverture rapidement de bureaux de banques algériennes dans des villes importantes étrangères telles que Rome, Milan, Dubai, Berlin, Frankfurt, Madrid, Barcelone, Paris, Lyon, Marseille, Lille, Istanbul, Shanghai, Guangzhou, Hong Kong, Tunis, Londres, Bruxelles, Amsterdam, ce qui facilitera à notre diaspora et aux investisseurs étrangers les transferts de devises vers l’Algérie». L’impôt tue l’impôt. La solution, pour lui, réside dans l’«encouragement de l’investissement pour la création d’environ 1 million de PME/PMI pour générer 5 à 7 millions d’emplois, et ce, afin de contourner et mettre fin progressivement à l’informel dont la masse monétaire est estimée à environ 40% de notre PIB (produit intérieur brut)», soutient-il.

Samia Boulahlib

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