Projet généreux des Nations unies, à son lancement, l’inscription d'éléments culturels sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité, déchaîne aujourd’hui, la compétition internationale et la passion des Etats et des groupes sociaux. Globalisation et marchandisation de la culture obligent, l'élément culturel immatériel constitue aujourd’hui un enjeu de puissance et d’influence (surtout pour les nations expansionnistes).
C'est aussi un créneau économique et commercial juteux et rentable pour les industries (culture et tourisme) qui flairent bon le brevet et le label UNESCO. Pourtant, l’agence onusienne ne cesse de prévenir, depuis l’institution de la liste en question en 2008, du risque qu’induit la confusion entre les inscriptions sur les Listes et l’établissement d’un système de propriété. L’Unesco rappelle que l’inscription d’un élément sur la Liste représentative ou sur la Liste de sauvegarde urgente “n’implique pas la propriété ou l’exclusivité d’un élément du patrimoine culturel immatériel et ne signifie pas que d’autres États ne peuvent pas proposer des éléments similaires pratiqués sur leur territoire”. L’inscription d’un élément sur l’une des deux Listes “ne constitue pas un moyen de renforcer l’origine ou l’indication géographique d’un élément ou d’exclure d’autres États”. Au contraire, l’Unesco tient à souligner que de nombreux éléments “sont communs à différents pays et ne sont pas réservés à des nationalités spécifiques”.
Unesco et la médaille en chocolat
Couru et disputé, le label Unesco attire le grand monde. La course à l'inscription des éléments culturels ne fait pas cas du "qu'en dira le voisin" ni de la dimension de l'élément objet d'inscription. Tout est bon à être certifié par l'agence onusienne. Des sonneries manuels des cloches d'Espagne à l'harissa tunisienne (inscrite en 2022), de la musique moderne d'Allemagne au pain et baguette "made in France", des connaissances et pratiques liées à la culture du café Khawlani (Arabie saoudite) aux fêtes de l´Ours dans les Pyrénées, le cœur de l'UNESCO chavire.
Couscous made in Maghreb
L'UNESCO encourage les États à présenter des candidatures communes. L'option présentant l'avantage de faire taire les guerres intestines entres communautés nationales. Le classement du couscous au patrimoine immatériel de l'humanité fait figure de modèle de candidature multi-États. Examiné lors de la 15e session du Comité intergouvernemental en décembre 2020 ; la candidature s'est faite au nom de quatre pays maghrébins.
M. Az.