Patrimoine immatériel : Une richesse culturelle à préserver

De notre correspondant : Si Merabet Nour Eddine

L'Algérie a joué un rôle actif dans l'élaboration de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) et a été le premier État à la ratifier, en février 2004. Depuis 2018, elle abrite le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique (CRESPIAF), placé sous l'égide de l'UNESCO, un point focal pour tous les anthropologues africains.

L’Algérie possède un riche patrimoine immatériel, reflété dans la littérature, le cinéma, le théâtre, la musique et la peinture, qui illustre la diversité de sa culture et de ses traditions. En voici quelques exemples : la musique andalouse, le raï, la danse chaoui, la poterie traditionnelle, les coutumes et traditions du mariage, la fantasia, el melhoun, la djellaba, el koftane, el magroune, le turban el amama, les bijoux targuis et kabyles, le bleu targui... Il y a de nombreux autres exemples de traditions d'artisanat et de pratiques culturelles qui font partie de la richesse culturelle de l'Algérie. Ces formes d'art populaires ont su traverser les siècles et sont un témoignage vivant de la richesse et de la diversité de la culture algérienne.
Parmi les éléments du patrimoine culturel algérien inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO on cite l’Ahellil du Gourara (Sud algérien) proclamé en 2005) et le genre poétique et musical emblématique des Zénètes du Gourara, pratiqué lors de cérémonies collectives. Il est régulièrement exécuté lors de fêtes religieuses et de pèlerinage, mais aussi à l’occasion de réjouissances profanes, telles que des mariages et foires locales.
Les rites et les savoir-faire artisanaux associés à la tradition du costume nuptial de Tlemcen : le costume nuptial féminin incarne le principal événement festif de la communauté tlemcénienne. Il symbolise l’alliance entre les familles et la continuité entre les générations. On cite aussi les pratiques et savoirs artistiques liés à l’Imzad des communautés touarègues de l’Algérie, du Mali et du Niger (Sud algérien), le pèlerinage annuel au mausolée de Sidi Abd el Qader Ben Mohammed dit Sidi Cheikh.
 La célébration du rituel de Sebeiba est un fait culturel propre à Djanet, marqueur important de l’identité culturelle. 
Pour le sbuâ, pèlerinage annuel à la zaouia Sidi El Hadj Belkacem, chaque année, les pèlerins des communautés zénètes visitent les mausolées des saints.
D’autres exemples sont à citer : le savoir-faire des mesureurs d’eau des foggaras ou aiguadiers du Touat et Tidikelt (wilayas d’Adrar et Tamanrasset). Les inspecteurs de l'eau ou cours d'eau supervisent le calcul des proportions respectives de l'eau, la réparation des canaux de distribution et la distribution de l'eau. Ce savoir-faire a été inscrit en 2018 par l'Unesco sur la liste du patrimoine immatériel et nécessite une sauvegarde urgente, suite à la décision du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de ladite instance.
La calligraphie arabe : connaissances, compétences et pratiques, est inscrite en 2021 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité : dossier commun et partagé par une dizaine de pays arabes africains et moyens orientaux. Enfin vient le raï, chant populaire d'Algérie, dernier dossier inscrit en 2022 par l’Algérie.
 
Une protection à l’échelle mondiale
 
Il reste encore beaucoup à faire pour défendre les dossiers du patrimoine immatériel algérien auprès des instances internationales comme l'UNESCO. Parmi les dossiers ficelés on cite le melhoun, une forme de poésie populaire, la fantasia, une compétition équestre traditionnelle, l’équitation traditionnelle, la djellaba et le burnous en laine de chameau, les vêtements traditionnels, les chants sacrés des meddahates dans l'Oranie ainsi que de nombreux autres éléments du patrimoine méritant une reconnaissance et une protection à l'échelle mondiale.
Il est important de sensibiliser la communauté internationale sur l'importance de ces éléments du patrimoine immatériel, qui sont des témoins vivants de la culture et de l'histoire de l'Algérie. Les gouvernements et les organisations concernées devraient travailler ensemble pour les promouvoir et les protéger afin de les transmettre aux générations futures. 
Il est essentiel de protéger le patrimoine immatériel de l'Algérie contre toute forme de récupération, de commercialisation ou d'appropriation inadaptée. Les pratiques culturelles et les traditions qui font partie intégrante de ce patrimoine immatériel ne doivent pas être déformées ou altérées pour satisfaire les intérêts commerciaux ou politiques de tiers.
En outre, il est essentiel que les communautés locales soient impliquées dans la préservation et la transmission de leur patrimoine immatériel. Les initiatives locales, telles que les festivals et les ateliers d'artisanat, peuvent y contribuer tout en les faisant connaître au grand public.
En somme, il est impératif de poursuivre les efforts de promotion et de protection du patrimoine immatériel algérien à travers une collaboration nationale et internationale, ainsi qu'une participation active des communautés locales.
 
S. M. N.

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