
Conter, vivifier et donner une visibilité au patrimoine culturel, à la mystique et aux us à travers une exposition de toiles orientalistes, tel est l’objectif de l’artiste Amine Cherrak El-Gosseli, qui expose à la galerie Ezzou’Art.
Intitulée «Ambiances orientales», cette admirable exposition met en relief des scènes de la vie traditionnelle, ainsi que des portraits d’hommes et de femmes truculents. C’est le quotidien qui est mis en exergue comme scènes de fête, cérémonie de mariage, femme voilée, récitateurs du Coran. ce sont de magnifique toiles qui reflètent nos us et coutumes.
De couleurs locales, ces compositions chamarrées aux couleurs idoines donnent une grande intensité à la toile. Pleins de vigueur et de tons multicolores, ces tableaux sont une invitation à prendre part à ces fêtes qui renvoient à notre riche et prolifique patrimoine culturel matériel et immatériel.
Dans certaines scènes, les habits traditionnels et les bijoux des jours fastes sont mis en valeur, témoignant d’une richesse culturelle incommensurable. D’autres toiles donnent une grande visibilité au patrimoine architectural original, tel les «ouast e’dar»; ces magnifiques cours intérieures aux arcades ajourées, les vitraux aux dessins traditionnels, les salles aux carreaux de céramique, les venelles ombragées, ce majestueux minaret et ces anciens porches. C’est toute une ambiance orientale que le plasticien émérite nous donne à voir et à sentir pour revisiter une époque.
Passéiste, l’artiste ? Certes non ! Plutôt nostalgique d’une période de charme et de faste, qu’Amine a voulu revisiter et l’inscrire dans notre mémoire.
Cette ambiance, ces temps anciens sont gravés dans la mémoire du plasticien qui constitue la mémoire collective de tout un peuple. Gardant jalousement en mémoire notre substrat culturel, l’artiste est enthousiaste et séduit par tant de beauté et de perfection.
On sent cette volonté inébranlable d’Amine pour promouvoir l’identité et la culture algériennes.
Dans le registre des portraits, il semblerait que l’artiste est à la recherche d’authenticité et de véracité. Ce sont des personnages communs qu’il croque à souhait, notamment ce targui avec son chèche blanc, ou cette grand-mère au foulard mauve et à la belle boucle d’oreille, ou ce personnage truculent à la barbiche blanche et aux plumes exotiques. Tous reflètent notre terroir avec ses habitudes vestimentaires et ses us et traditions.
Amine Cherrak el Gosseli a su capter avec dextérité des instantanés de vie et reproduire avec habileté et beaucoup de dextérité des personnes d’une grande authenticité. Sa palette colorée exquise à souhait reflète son penchant pour les chromatiques lesquelles agrémentent à volonté ses compositions.
Ce plasticien chevronné nous a replongés dans une période révolue, mais qui reste vivante pour notre mémoire collective.
Notons qu’Amine a suivi cette trajectoire artistique par atavisme, puisque son défunt père Mohammed el Gosseli, médecin et musicien, collectionneur d’art, lui a transmis cette passion. en outre, sa rencontre avec l’artiste peintre Abdallah Benmansour a été salutaire en l’initiant à l’art orientaliste. Par ailleurs, le plasticien a été le premier élève de l’atelier Rachid Talbi qui lui enseigna le figuratif. Amine comptabilise plusieurs expositions, notamment à l’Opéra et à l’Hôtel Sofitel d’Alger et à la galerie saveurs et traditions d’Oran. Il est à signaler que le doué plasticien Amine cherrak el Gosseli, après des études en médecine à Oran, a poursuivi sa spécialité et a exercé à l’hôpital européen Georges-Pompidou de Paris de 1991 à 2002.
Actuellement médecin et chirurgien spécialiste en chirurgie générale et digestive à la clinique éponyme d’Oran, il s’adonne à la peinture, sa passion et son amour de toujours. Cette superbe exposition, qui se tient du 28 mars au 21 avril, mérite le détour.
Kheira Attouche