
Abderrahmane Azougli expose, à la galerie Mohamed-Racim, une vingtaine de ses toiles, sous l’intitulé «Couleurs chaudes pour des âmes tourmentées». Une exploration de la profondeur humaine et ses entrailles mélancoliques, avec des brins d’espoirs et des messages de paix à profusion.
Présentées en petit, moyen et grand formats, les toiles du plasticien invitent d’abord à la réflexion. Avec la peinture à l’huile comme principale technique, l’artiste utilise aussi la technique monotype sur papier pour s’exprimer sur des thématiques tristes de prime abord, mais qui véhiculent en filigrane des messages positifs. Algérois et natif d’Azzefoun, région historique de créativité, Abderrahmane Azougli est autodidacte dans les arts plastiques. Ayant pris part à plusieurs ateliers et résidences artistiques en Algérie et à l’étranger, ses toiles sont d’une grande qualité esthétique. «J’ai pris part à des ateliers où j’ai appris plusieurs techniques et un savoir-faire émanant d’autres contrées. Le premier était en Tunisie, le second en Hongrie où j’ai vécu un peu, le troisième en Espagne où j’ai appris une technique de lithographie, un travail d’impression et de peinture à l’huile sur papier ainsi qu’une récente résidence en Chine qui m’a été très bénéfique», note-t-il.
Ayant la volonté de créer son propre style, Abderrahmane Azougli dit avoir été influencé par Marc Chagall, Gustav Klimt et d’autres artistes contemporains comme Pablo Picasso. Sur le plan national, c’est Baya et M’hamed Issiakhem qui représentent pour lui un modèle à suivre, notamment à travers l’usage des symboles et des signes qui ornent ses œuvres. «Je me vois impliqué dans le style des symboles et des signes car je suis algérien, africain, berbère et arabe... toutes ces influences me font exprimer avec ces signes et ces écrits... du tifinagh aux poèmes arabes de Gibran Khalil Gibran, ces insertions sont en connexion avec l’esprit de la toile et le message que je veux véhiculer. Même si la toile est abstraite, j’invite le visiteur à s’approcher et à essayer de lire afin de l’inviter au mystère et de lui permettre une deuxième lecture de la toile», explique-t-il.
Organisée par l’établissement Arts et culture de la wilaya d’Alger, l'exposition invite le visiteur à une immersion dans les toiles abstraites de l’artiste à travers des couleurs souvent vives et significatives et des titres tristes et évocateurs dont la plupart ont été baptisée en langue de Shakespeare comme «Sad king» (roi triste), «Mistakes» (erreurs) et «Dark pathway» (chemin sombre).
Abderrahmane Azougli dit que l’Algérie est sa principale source d’inspiration, notamment l'énergie d’Alger et les reliefs mirifiques d’Azzefoun. Il indique que depuis un certain temps, l'âme humaine, les émotions et le quotidien de l’un et de l’autre ainsi que la souffrance des gens l’inspirent. Une volonté d’exprimer la souffrance du monde dont la paix, menacée plus que jamais. «Il y a une série de toiles sur des thèmes comme la situation des réfugiés, les harragas des Africains qui empruntent des embarcations de fortune ou encore la situation dramatique que le peuple palestinien vit et souffre le martyre des raids de l’entité sioniste. Je suis apolitique mais je ne peux en aucun cas rester indifférent au vu de ce que nos frères subissent», souligne-t-il.
Pour le choix de l’intitulé de l’exposition qui prend fin le 6 et qui pourrait être prolongée jusqu’au 18 du mois en cours, l’artiste dit vouloir apporter à travers des couleurs chaudes des messages d’apaisement et de paix dans l’espoir de retrouver les nobles principes de notre humanité.
Kader Bentounes