L’idée de développer l’auto-entrepreneuriat est considérée par les associations représentant la société civile et les experts comme éminemment porteuse pour les jeunes. Sa concrétisation, sous la forme d’un projet de loi qui vient d’être proposé à la réunion du gouvernement par le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’Economie de la connaissance et des Startups, Yacine El Mahdi Oualid, aidera, sans aucun doute, les travailleurs informels à «se formaliser». Pour Yazid Aguedal, expert IT et entrepreneur, il s’agit d’un dispositif attendu depuis longtemps, surtout par les jeunes Algériens qui ne se retrouvent ni dans une situation de travailleurs salariés ni d’entrepreneurs inscrits au Registre du commerce. «C’est une loi qui sera un complément important à l'environnement des affaires en Algérie, et viendra combler un vide», déclare-t-il à El Moudjahid. Le projet de loi, qui est actuellement sur le bureau du gouvernement, donne plus de détails sur ce nouveau statut des personnes exerçant une activité lucrative. L’auto-entrepreneuriat est défini comme étant «l’exercice à titre individuel d’une activité lucrative figurant dans une liste d’activités éligibles», souligne le document présenté par le ministre délégué. Le statut d’auto-entrepreneur est un régime simplifié de l’entreprise individuelle. Il permet de créer plus facilement une entreprise à but lucratif, en profitant de démarches administratives et de procédures fiscales et sociales simplifiées. Ce statut, qui existe déjà dans plusieurs pays, comme en Tunisie, vise à formaliser et à réguler les nouvelles activités économiques apparues à la faveur de l’émergence de l’économie de la connaissance et de l’économie numérique, qui ne sont, à ce jour, encadrées par aucun statut juridique. «Peut-être que beaucoup ne savent pas qu'il existe des milliers d'Algériens qui travaillent individuellement sans avoir d'entreprise qui les emploie directement, ni leur propre entreprise en Algérie. Ils réalisent un travail sur Internet dans des domaines techniques liés à la programmation, à la conception et à d'autres services exécutés à distance. La majorité d'entre eux assurent des prestations à des clients étrangers et reçoivent leurs honoraires en devises de différentes manières. La plupart d'entre eux préfèrent rester dans l'ombre, à l'abri de tout contrôle officiel qui pourrait les contraindre à payer des impôts ou voir leurs revenus réduits en devises s'ils sont convertis au taux de change officiel. Avec ce nouveau statut d’auto-entrepreneur, les inquiétudes de beaucoup de ceux qui travaillent dans ce domaine seront levées», estime l’expert. En effet, il faut savoir qu’aux yeux de l’Etat, l’espoir de l’application d’un tel texte réside généralement dans le fait qu’il fournira de «meilleures données» sur le travail informel et rehaussera les normes parallèlement à des recettes fiscales modestes. «Pour les travailleurs informels, poursuit-il, l'espoir réside généralement dans le fait que la participation les protégera du harcèlement de l'Etat et aboutira à l'accès à un soutien formel tel que le crédit et la sécurité sociale. Toute personne qui travaille en tant qu'indépendant sans avoir d'emploi est confrontée au problème de la couverture sociale, de la santé et du droit à la retraite, certains peuvent travailler dix ans ou plus sans aucun avantage social, et c'est un problème surtout pour ceux qui ont de la famille et des responsabilités, et l’une des dispositions de ce projet de loi porte sur la couverture sociale, ce qui est très important». Sur un autre chapitre, Aguedal explique que le ‘‘freelance’’ est confronté au problème de la facturation avec les entreprises qui sollicitent des services. «L’apporteur de service ne peut pas présenter de facture, il est donc obligé soit de créer une entreprise, soit de passer par une entreprise en tant qu'intermédiaire, et ce problème peut l'empêcher de continuer à travailler». Aguedal estime qu’il existe de nombreux professionnels et personnes expérimentées qui aspirent à créer leur propre entreprise, mais les complexités administratives et l’obligation de posséder un local peuvent les décourager. Pour cela, l'existence d'une loi qui simplifie le travail indépendant, à partir de la maison ou d'espaces de coworking, peut encourager beaucoup à lancer leur propre entreprise.
Farida Larbi