Pôle pénal financier et économique : Saïd Bouteflika entendu par le juge d’instruction

Ph. Wafa
Ph. Wafa

L’ancien conseiller à la présidence, Saïd Bouteflika, a comparu, dimanche, devant le juge d’instruction près  le pôle pénal financier et économique du tribunal de Sidi M’hamed, dans une nouvelle affaire dans le cadre  des enquêtes anti-corruption.

9h30 : l’ancien conseiller est arrivé au tribunal de Sidi M’hamed, à bord d’un fourgon de la Gendarmerie nationale et sous escorte d’une unité spéciale de la Section de Sécurité et d’Intervention de la GN.
Un dispositif sécuritaire impressionnant a été mis en place. Des policiers ont été déployés aux alentours du tribunal et tous les accès ont été fermés, a-t-on constaté. Saïd Bouteflika, le frère de l’ex-Président, a été transféré de la prison militaire de Blida pour qu’il soit auditionné dans le cadre d’une instruction judiciaire. Il est cité dans plusieurs affaires, notamment celles des frères Kouninef, propriétaires du groupe KouGC (en détention), l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil et l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh, en détention provisoire.
Cette comparution vient quelques jours seulement après la présentation de l’ancienne ministre de la Poste et des TIC, Houda Feraoun, devant le juge d’instruction près le pôle pénal et placée sous mandat de dépôt sur décision de la chambre d’accusation près la cour d’Alger. Saïd Bouteflika a été déjà entendu par les enquêteurs de la section de recherche du groupement territorial de la GN d’Alger dans cette affaire, notamment sur sa relation avec Réda Kouninef et l’octroi des avantages, ainsi que le trafic d’influence.
Interrogé lors de son procès, sur ses relations avec Saïd Bouteflika, Réda Kouninef a déclaré au tribunal : «C’est un ami de longue date. Je n’ai jamais profité de cette amitié.» Les frères Kouninef ont versé un montant de 400 millions DA en 2014 à la direction de campagne électorale du Président candidat Abdelaziz Bouteflika.
Réda Kouninef a expliqué au tribunal que «le FNI nous a viré le montant de certaines prestations dans le compte du groupement, lequel a transféré la somme aux sociétés. J’ai demandé un prêt de 200 millions de DA et mon frère a fait la même chose pour le même montant, et nous avons établi un chèque de 400 millions de dinars au nom de la direction de la campagne électorale».
L’affaire Kouninef est scindée en deux procès : celui des frères Kouninef et des anciens cadres, et celui toujours en instruction impliquant notamment l’ancienne ministre Houda Feraoun.
Saïd Bouteflika a également été auditionné par les gendarmes sur l’affaire de l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, suite à des SMS récupérés sur les téléphones portables de ce dernier. L’audition a porté essentiellement sur le mandat d’arrêt international lancé en 2013 contre l’ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil. Saïd Bouteflika «aurait rejeté toutes les accusations», indique une source proche du dossier.
Tayeb Louh aurait déclaré qu’il a agi « sur instruction du conseiller à la présidence» cité lors de son audition par le magistrat instructeur près la Cour suprême dans le dossier de Chakib Khelil.
Saïd Bouteflika a aussi comparu devant un tribunal civil lors du premier procès du montage automobile au niveau du pôle judiciaire spécialisé de Sidi M’hamed, en tant que témoin. Il a été également entendu comme témoin dans l’affaire de Chafik Hamel, le fils de l’ancien DGSN, et également dans l’affaire Ali Haddad.
Pour rappel, il a été condamné à 15 ans de prison ferme par la cour militaire d’appel de Blida, pour «complot contre l’autorité de l’État et de l’armée». Il avait été jugé avec les deux anciens responsables des services de renseignement, les généraux Toufik et Bachir Tartag, et la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, (libérée après une condamnation de 3 ans de prison, dont neuf mois ferme). Cette affaire revient suite à un pourvoi en cassation près la Cour suprême.
Neila Benrahal

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