
Said Bouteflika était en détention à l'établissement militaire de prévention et de rééducation de Blida. Il vient d’être acquitté par la Cour d’appel militaire de Blida suite au pourvoi en cassation par la Cour suprême pour les chefs d’inculpation «complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandant d’une formation militaire» et «complot dans le but de changer le régime».
Selon le communiqué du MDN, «il a été mis à la disposition du procureur de la République près le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M'Hamed où il est poursuivi pour d'autres affaires». En effet, l’ancien conseiller à la présidence et frère de l’ex-président, Abdelaziz Bouteflika, est cité dans plusieurs affaires, notamment celles des frères Kouninef, propriétaires du groupe KouGC (en détention), l’homme d’affaires Ali Haddad et l’ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, et l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, en détention provisoire.
Il a comparu la semaine dernière, pour la première fois, devant le juge d’instruction près le pôle pénal financier et économique du tribunal de Sidi M’hamed dans le cadre de l’instruction judiciaire liée à des enquêtes anti-corruption. Saïd Bouteflika est poursuivi pour trafic d’influence, abus de fonction et instrumentalisation de la justice.
Sa comparution vient quelques jours seulement après la présentation de l’ancienne ministre de la Poste et des TIC, Houda Feraoun, devant le juge d’instruction près le pôle pénal et placée sous mandat de dépôt sur décision de la Chambre d’accusation près la Cour d’Alger.
Saïd Bouteflika a déjà été entendu par les enquêteurs de la section de recherche du groupement territorial de la GN d’Alger dans cette affaire, notamment sa relation avec Réda Kouninef et l’octroi d’avantages, ainsi que le trafic d’influence. Interrogé lors de son procès sur ses relations avec l’ancien conseiller à la présidence, Réda Kouninef a déclaré au tribunal : «C’est un ami de longue date. Je n’ai jamais profité de cette amitié.» Les frères Kouninef ont versé un montant de 400 millions DA en 2014 à la direction de la campagne électorale du président candidat, Abdelaziz Bouteflika.
Réda Kouninef a expliqué au tribunal que «le FNI nous a viré le montant de certaines prestations dans le compte du groupement, lequel a transféré la somme aux sociétés. J’ai demandé un prêt de 200 millions de DA et mon frère a fait la même chose pour le même montant, et nous avons établi un chèque de 400 millions de dinars au nom de la direction de la campagne électorale».
L’affaire est scindée en deux procès : celui des frères Kouninef et des anciens cadres, et celui toujours en instruction impliquant notamment l’ancienne ministre, Houda Feraoun.
Saïd Bouteflika a également été auditionné par les gendarmes sur l’affaire de l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, suite à des SMS récupérés sur les téléphones portables de ce dernier. L’audition a porté essentiellement sur le mandat d’arrêt international lancé en 2013, contre l’ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil. Saïd Bouteflika «aurait rejeté toutes les accusations», indique une source proche du dossier.
Tayeb Louh aurait déclaré qu’il a agi «sur instruction du conseiller à la présidence» cité lors de son audition par le magistrat instructeur près la Cour suprême dans le dossier de Chakib Khelil.
Saïd Bouteflika a comparu devant un tribunal civil lors du premier procès du montage automobile au niveau du pôle judiciaire spécialisé de Sidi M’hamed, en tant que témoin. Il a été également entendu comme témoin dans l’affaire de Chafik Hamel, le fils de l’ancien DGSN, et également Ali Haddad dans l’affaire du financement occulte de la campagne électorale.
Pour rappel, Said Bouteflika a été placé sous mandat de dépôt en mai 2019 par le magistrat instructeur près le tribunal militaire de Blida. Il a été condamné à 15 ans de prison ferme par la Cour militaire d’appel de Blida pour «complot contre l’autorité de l’État et de l’Armée».
Il avait été jugé avec les deux anciens responsables des services de renseignement, les généraux Toufik Mediène et Bachir Tartag, et la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune (libérée après une condamnation de 3 ans de prison, dont neuf mois fermes).
Neila Benrahal