Massacres du 8 mai 1945, Journée nationale de la mémoire, Salah Goudjil, président du Conseil de la nation : «C’était un véritable génocide»

Ph.:B.B
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Le président du Conseil de la nation a affirmé, jeudi dernier, que les événements du 8 mai 1945 constituent «l’une des étapes les plus marquantes du long chemin de sacrifices endurés par le peuple algérien».

S’exprimant lors d’une conférence historique à l’Auditorium ‘‘Aïssa Messaoudi’’ de la Radio nationale, à l’occasion de la journée nationale de la Mémoire, Salah Goudjil a livré un témoignage vibrant, empreint de profondeur historique, à la fois personnel et historique, sur la mémoire nationale et les luttes fondatrices de l’Algérie indépendante. Il a évoqué, à cette occasion, les sacrifices du peuple algérien, en particulier lors des événements tragiques du 8 mai 1945, qu’il a qualifiés de “génocide”, soulignant que cette date avait marqué un tournant décisif dans le parcours de luttes et de révolutions nationales. « Alors que le monde célébrait la fin de la Seconde Guerre mondiale, le peuple algérien était brutalement réprimé pour avoir osé exprimer son aspiration à la liberté », a-t-il rappelé, évoquant les plus de 45.000 martyrs tombés sous les balles coloniales. Une étape charnière, selon lui, dans l’éveil de la conscience nationale et l’organisation de la lutte de libération. Et d’ajouter : « À partir de ce moment, le peuple algérien a compris que le combat politique avait atteint ses limites. Il fallait passer à une autre étape : celle de la lutte armée ». Pour le président du Conseil de la nation, cette transition n’était « ni improvisée ni hasardeuse », mais le fruit d’une « conscience mûrie » dans la douleur, « forgée dans la trahison des promesses faites » au peuple algérien après la Seconde Guerre mondiale. « Le 8 mai 1945 a donc révélé la nature véritable du colonialisme et démontré que seule la force permettrait d’arracher la souveraineté », a-t-il poursuivi. Il a, également, mis en lumière la cohérence et la fermeté qui ont guidé la Révolution de Novembre tout au long de son parcours. Il a rappelé que l’Algérie, en pleine guerre de Libération, a toujours su affirmer ses priorités dans les négociations, sans jamais céder sur l’essentiel : la pleine maîtrise de son destin. L’une des forces de la Révolution, a-t-il souligné, était son refus catégorique de toute forme d’ingérence dans la conduite de ses affaires. Ce principe d’autodétermination absolue, a-t-il affirmé, constitue, aujourd’hui encore, l’un des fondements de l’État algérien indépendant. Goudjil a tenu, à la fin, à saluer le rôle de la presse nationale et son engagement constant dans la défense des positions de l’Algérie, notamment face aux tentatives de déstabilisation médiatique, qu’il a qualifiées de plus dangereuses encore que les guerres classiques.

K. H.

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Une culture de l’État pour tous

Salah Goudjil a abordé avec fermeté la question des attaques médiatiques dont l’Algérie fait l’objet et dénoncé les campagnes menées par les médias français, particulièrement par les chaînes de télévision qui, selon lui, déforment systématiquement la réalité de l’Algérie, précisant que ces attaques sont le fruit d’un héritage mental colonial, toujours présent au sein de certains cercles politiques en France. « L’héritage mental de ‘‘l’Algérie française’’ persiste encore, notamment au sein de certains partis politiques français. Aujourd’hui, l’Algérie est utilisée comme un outil de propagande pour leurs campagnes électorales », a-t-il prévenu. Et d’ajouter : « Lorsque nous savons qui nous sommes, leur opinion ne nous importe pas. Tout ce qu’ils disent est faux. Quand ils parlent, nous répondons aussi. Nous leur répondons de plusieurs manières, mais nous agissons en tant qu’État. Contrairement à eux, nous ne sommes pas là pour faire de la comédie. Leur liberté d’expression, c’est de la liberté de dire n’importe quoi, n’importe comment. Ceux qui prêchent la liberté d’expression, les droits de l’Homme, et d’autres droits, ont-ils appliqué ces principes quand ils occupaient l’Algérie ? ». Le président du Conseil de la Nation a indiqué qu’à travers ses agissements, la France cherche à dissimuler ses difficultés internes, soulignant que la force de l’Algérie réside dans les grands projets qu’elle a menés et continue de mener. « C’est cela, notre indépendance, c’est notre autosuffisance. Aujourd’hui, l’Algérie exporte à l’étranger. Cela suscite un profond sentiment de fierté », a-t-il dit, tout en mettant l’accent sur la nécessité de maintenir une vigilance constante, de consolider l’unité nationale et de renforcer le front intérieur pour relever tous les défis avec succès. Goudjil a relevé la nécessité d’accompagner les efforts et les réalisations par une forte conscience politique. Il a appuyé avec force l’idée que chaque citoyen doit posséder une culture d’Etat. « Ce qui est requis aujourd’hui, c’est une véritable culture de l’État. Ce n’est pas seulement la responsabilité des responsables, mais chaque citoyen doit posséder cette culture. Les médias, également, doivent en être porteurs pour pourvoir cette notion, car L’État appartient à tous », a insisté M. Salah Goudjil.

K. H. 

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Goudjil annonce l’écriture de ses mémoires

Le président du Conseil de la Nation a annoncé son intention de se consacrer, prochainement, à la rédaction de ses mémoires. Une démarche à la fois personnelle et nationale. « J’écrirai pour permettre à l’histoire de s’écrire encore davantage », a-t-il déclaré, soulignant que la mémoire et l’histoire doivent être écrites et approfondies pour permettre à la vérité historique de s’imposer. Les générations nées après l’indépendance n’ont pas vécu la Révolution, a expliqué Goudjil, c’est pourquoi il est primordial de leur donner les moyens de s’en imprégner : « Ils l’ont étudiée, certes, mais ils ne l’ont pas vécue. Il faut leur transmettre davantage d’éléments, afin qu’ils soient plus solidement armés du point de vue historique ». Il a noté que ce projet de mémoires, mûri depuis longtemps, n’a pu aboutir plus tôt en raison de ses nombreuses responsabilités assumées depuis 1962. « Aujourd’hui, je me prépare enfin à m’y consacrer pleinement », a-t-il confié. 

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«Le Président a restitué à notre Histoire la place qui lui sied»

Le président du Conseil de la Nation soutient que l’Histoire de l’Algérie n’avait jamais bénéficié d’un tel intérêt au sommet de l’État que sous la présidence de Tebboune. « C’est sous sa présidence que l’Histoire nationale a, pour la première fois depuis l’indépendance, retrouvé toute sa place dans les grands dossiers de l’État. Je le dis en toute honnêteté, avec la parole d’un moudjahid », s’est-il félicité, en précisant que l’histoire de Révolution algérienne est, dans son essence, une « épopée de grandeur ». Il reconnaît qu’au lendemain de l’indépendance, les priorités nationales étaient ailleurs : il fallait reconstruire le pays, jeter les bases de l’État et relancer l’économie. « L’urgence du développement nous a éloignés, un temps, de notre mémoire historique », a-t-il déclaré, avant de souligner qu’aujourd’hui, l’Histoire n’est plus traitée comme un simple devoir de mémoire, mais considérée comme un levier stratégique de souveraineté nationale. Ce choix fort, a-t-il poursuivi, est le fruit d’une volonté politique claire, portée par un président élu par la seule volonté du peuple. Il rappelle que l’un de ses premiers actes politiques forts a été de faire du 1er Novembre, date hautement symbolique du déclenchement de la Révolution nationale, la journée du référendum constitutionnel. « Ce geste a été compris par tous comme un message : l’Histoire est de retour au cœur de la décision politique. C’est lui qui a redonné à notre Histoire la place qu’elle mérite, pour que nous puissions en parler avec sincérité et en toute transparence », a-t-il insisté, tout en saluant la décision du président de la République d’ériger la date du 8 mai 1945 en journée nationale de la Mémoire.

«L’Algérie est souveraine dans ses décisions»

Le président de la chambre haute du Parlement a mis en lumière les avancées structurelles enregistrées par l’Algérie ces dernières années, insistant sur l’affirmation pleine et entière de sa souveraineté politique et économique. « L’Algérie d’aujourd’hui est libre, politiquement et économiquement. Nous ne sommes redevables envers personne, car nous ne sommes soumis à aucune dette. Et lorsqu’un pays n’a pas de dettes, nul ne peut lui imposer sa volonté », a-t-il affirmé. Goudjil a insisté sur la profondeur des réformes engagées : « Nous avons revu nos lois, dans une logique de souveraineté et d’efficacité ». Il a, également, souligné que les grandes réalisations concrétisées dans des secteurs vitaux, tels que les chemins de fer, les mines, les stations de dessalement et autres projets de grandes envergures, traduisent une volonté de bâtir, avec nos propres ressources, une Algérie forte, maîtresse de ses choix et résolument tournée vers l’avenir.

K. H.

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