
Correspondance particulière : Nordine Mzala
«L’autre 8 mai 1945», celui des massacres commis par l’armée coloniale contre la mobilisation pacifique des Algériens à Guelma, Sétif et Kherrata, a été commémoré à Marseille, deuxième plus grande ville de France après Paris.
Dans la cité phocéenne, où vivent de très nombreux Algériens, les cérémonies et hommages se sont multipliés contre l’oubli ou la simple évocation de la victoire des Alliés contre le nazisme. Le consulat général d’Algérie à Marseille ayant encore une fois permis à la communauté de vivre une journée de recueillement «à la hauteur de l’événement»…
Cela a été le pari réussi de M. Médahi Adel, consul par intérim, qui a brillamment organisé les activités en collaboration avec des acteurs de la communauté nationale établie dans la région marseillaise, sans oublier l’équipe de diplomates et d’agents consulaires toujours engagés pour la réussite des rencontres du genre. M. Médahi a prononcé une allocution solennelle qui rappelle «cette douloureuse page de l’histoire du mouvement national pour l’émancipation de notre peuple du joug colonial et le recouvrement de son indépendance (…) une manifestation pacifique réprimée dans le sang…» L’émotion est forte dans l’assistance. L’hymne national retentit et les téléphones sont brandis pour filmer la séquence de communion patriotique pendant que le drapeau algérien s’élève dans le ciel de Marseille, libérée en août 1944 de l’occupation allemande par le capitaine Gèze et ses troupes du 7e régiment de tirailleurs… algériens !
Une jeunesse ressourcée
Le programme de la soirée ne manquera pas non plus d’émotions. Le consulat général d’Algérie de Marseille a ouvert ses portes, après la journée de travail, à plus d’une centaine de ressortissants de la diaspora impliqués dans la société civile. A l’entrée de la salle polyvalente, un coin dédié à l’histoire a été soigneusement préparé par le vice-président de l’ACAM, l’association des commerçants et artisans du quartier marseillais de Belsunce, à forte présence algérienne, Abderrezak Bendaikha dit Djoudi. Les images sont saisissantes, témoignages poignants de la guerre de Libération nationale, portraits de valeureux martyrs, proclamation du 1er Novembre 1954…
Grâce à la participation de l’association culturelle El Mirage, pilotée par Yasmine Benazzouz, une compatriote qui a formidablement investi dans le ressourcement identitaire des jeunes Marseillais d’origine algérienne. Pour preuve, ces chants patriotiques en langue arabe entonnés par une chorale d’enfants qui ont même su chanter un couplet de Kassamen, l’hymne national, devant un public à la fois médusé et aux anges. On n’omettra pas de signaler la présence d’invités tels le député de la communauté algérienne à l’étranger, Laânani Saâd accompagné du député français Sébastien Delogu, du conseiller municipal dans une mairie d’arrondissement, Abdelkader Kasmi, un élu marseillais toujours mobilisé quand il s’agit de l’Algérie. Des anciens députés de la communauté tels Bachir Ouazene, le docteur Abdelkader Haddouche, Azeddine Toumi et Habib Belfakaht étaient présents, eux aussi, pour commémorer la journée de «l’autre 8 mai 1945 » dans l’unité, en donnant l’exemple de la loyauté et de la disponibilité pour la mère Patrie.
N. M.