Face à l’urgence climatique - Le barrage vert : Un ambitieux programme agro-stratégique

De notre correspondante à Constantine : CHAHINEZ DJAHNINE

Dans la perspective de préserver l’écosystème national dans ses dimensions écologique et environnementale, et d’assurer le développement durable, l’État algérien a mis en œuvre le projet agro-écologique stratégique de réhabilitation du barrage vert et de lutte contre la désertification pour la période 2023-2030. Pour cela, une enveloppe financière estimée à plus de 75 milliards DA a été mobilisée pour assurer une plantation massive sur une superficie globale de 17.000 hectares.

Ce programme prévoit aussi la réalisation de divers programmes de développement locaux dans les communes concernées par les opérations de reboisement. Il est utile de souligner dans ce cadre que les plans sectoriels, et les divers programmes de développement durable amorcés par les pouvoirs publics font de notre pays un acteur dans le domaine de la protection de la biodiversité face aux défis climatiques. L’Algérie réitère, dans ce cadre, son engagement à renforcer son patrimoine forestier et préserver son environnement, tout en protégeant le climat, dans un contexte mondial marqué par une urgence climatique caractérisée par des canicules, des sécheresses, et la hausse des gaz à effet de serre.

Urgence climatique et stress hydrique

Dans ce cadre, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a rendu compte de l'état d'avancement des travaux de réhabilitation, d'extension et de développement du barrage vert, lors de la dernière réunion gouvernementale du 27 septembre dernier. En effet, l'urgence climatique caractérisée aussi par le stress hydrique exige des pouvoirs publics d’accélérer le processus de restauration du barrage vert, qui revêt une importance stratégique et vise à protéger les dimensions écologiques, environnementales et socio-économiques des écosystèmes du pays. Pour cette opération névralgique, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural mise sur l’importance de la science et de la recherche dans la concrétisation des différents programmes de lutte contre la désertification. A ce sujet, le ministre, Mohamed Abdelhafid Henni, a précisé auparavant que «l’urgence exige de généraliser l’utilisation de solutions scientifiques innovantes pour accélérer le rythme de réalisation des programmes de lutte contre la désertification, notamment en ce qui concerne la production de plants pour le barrage vert et le choix des arbres adaptés aux changements climatiques». Il a ajouté que «le choix des plants doit également tenir compte de l’aspect économique et social», tout en indiquant que «l’Algérie avait pris conscience dès l’indépendance des dangers de la désertification en luttant contre ce phénomène à travers la concrétisation de plusieurs programmes».
Outre les enjeux écologiques, l’actuel programme de réhabilitation du barrage vert devra créer de l’attractivité économique et plus particulièrement l’essor des zones concernées par les opérations de reboisement. Il est question de concrétiser des programmes d'amélioration de la qualité de vie de la population locale vivant dans les zones concernées en créant de la richesse et de l’emploi pour répondre aux besoins et aux aspirations des populations tout en tenant compte des vocations et des potentialités des espaces.

Création de 10.000 postes d’emploi

Selon les précisions de Mme Saliha Fortas, directrice de la lutte contre la désertification et du barrage vert de la DGF, «le programme prévoit des opérations de reboisement d'une superficie de 17.000 hectares sur 7 ans en sus d'autres opérations de développement pour réhabiliter le barrage vert, en impliquant plusieurs intervenants de 183 communes réparties sur 13 wilayas en plusieurs étapes». Concernant la première partie devant s'étaler de 2023 à 2026 pour un budget de 10 mds DA, les pouvoirs publics envisagent de créer plus de 10.000 postes d'emploi et l’élimination de 2.000 tonnes de carbone.
Toutefois, la réalisation de la première partie de cette opération sera prise en charge par le Groupe public de Génie rural (GGR) et le Bureau national d'études pour le développement rural (BNEDER). S'agissant des opérations assignées au GGR, une enveloppe financière de plus de 9,3 mds a été allouée pour la plantation de 18 millions d'arbres sur une superficie de 17.003,16 hectares et 1.012,5 km.
Ces opérations concernent le reboisement de 7.440,5 hectares de zones forestières, 2.640 hectares de pâturage, 444,16 hectares de figuiers de barbarie et de 4.331,5 hectares d'arbres fruitiers en plus de la réalisation de 1.012,5 km de brise-vent.
S'ajoutent à ces actions, les travaux de réalisation d'une bande verte sur une superficie de 929,5 hectares et des projets de stabilisation des dunes sur une superficie de 1129,5 hectares. Un intérêt particulier sera accordé à la préservation de l'eau et du sol en vue de garantir la préservation de 30.100 M3 de cette ressource vitale.
La nouvelle vision du barrage vert impliquera la réalisation de 64 unités de collecte d'eau, l'ouverture de 529 pistes rurales et l'aménagement d'une superficie de 140 km de pistes rurales.
Dans le cadre de la nouvelle approche, tous les intervenants seront associés, y compris la société civile, la femme rurale, les jeunes, les investisseurs privés, les agriculteurs et les éleveurs, outre les secteurs de l'environnement et des énergies renouvelables et des start-up.

C. D.

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