
Après avoir dévasté des milliers d’hectares l’an dernier, les feux de forêt continuent de faire des dégâts cet été, malgré tous les dispositifs de prévention mis en place. Des dispositifs qui ont limité les dégâts, certes, si l’on se réfère au bilan de l’année dernière qui a fait état de 8.450 incendies, alors qu’au jour d’aujourd’hui, l’on en comptabilise quelque 889 et cela depuis le 1er juin 2022.
En l’espace d’une année, ce sont donc, plus de 20.000 hectares de flore qui ont été perdus, avec les répercussions sur la flore et l’écosystème. Situation qui a fait que l’éventualité d’un reboisement est plus que nécessaire dans les régions sinistrées. C’est dans ce cadre que le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a annoncé le lancement d’une campagne de reboisement au niveau national. C’est lors de la cérémonie d’inauguration de la Banque nationale des semences, le 11 août, qu’il a évoqué le sujet, soulignant le fait que «cette campagne est organisée à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance et du recouvrement de la souveraineté nationale». L’objectif est de planter 60 millions d’arbustes. Aussi, il a été fait appel à la mobilisation de tous les citoyens algériens pour réaliser cet objectif. Il en est de même pour les pépinières et les différentes structures nécessaires à la réussite de cette campagne qui, elles, «doivent être à la hauteur de ce défi», a également ajouté le Premier ministre. Pour l’ingénieur agronome, spécialiste en protection de la biodiversité, M. Khaled Aïssani, «cette initiative entre dans le projet de réhabilitation et extension du Barrage vert dont le lancement au début des années 1970 a connu un engouement populaire sans précédent. Un projet qui revêt, selon lui, «un caractère stratégique national par excellence» et dont les portées socio-économiques sont «considérables». Evoquant son importance agro-écologique, l’expert rappellera que «l’ossature du Barrage vert est encore bien là», puisque si l’on se réfère aux chiffres donnés par le ministère de l’Agriculture, ce projet s’étend sur une superficie de 3,7 millions d’hectares, traverse le territoire national d’Est en Ouest, sur une longueur de 1.500 km et une largeur de 20 km, «ce qui est important, mais pas encore suffisant au vu de l’immensité de notre territoire». L’ingénieur agronome estime que le fait de relancer le projet «permet d’avancer sur le terrain, de faire reculer le désert et de gagner des surfaces agricoles ; il n’y a qu’à voir le bilan annuel de la campagne de reboisement qui fait état de 11 millions d’arbres plantés en l’espace d’une seule année».
Amel Zemouri
_________________________________________
Une commission interministérielle pour le suivi du projet a été installée : Le Barrage vert pour faire reculer le désert
M. Aïssani a signalé que ces résultats ont été obtenus grâce à un plan «scientifique et moderne», puisqu’il comprend la plantation de toutes les espèces végétales de valeur ayant une rentabilité économique, à l'instar de l'arganier, le caroubier, le pistachier, la figue de barbarie en sus de différentes herbes médicinales et aromatiques, «ce qui n’était pas le cas auparavant», a-t-il dit, précisant que la nouvelle politique de relance «va être plus efficace et plus efficiente pour la viabilité du Barrage vert». Couvrant près de 28 wilayas, le Barrage vert sera élargi, à moyen terme, avec 1 million d'arbres pour atteindre les 4 millions d'hectares, selon les données de la Direction générale des forêts (DGF), qui précise que cette mesure est à même de permettre la réalisation de son objectif principal, à savoir la lutte contre la désertification. La DGF a également annoncé que les citoyens seront associés dans la protection des pâturages et des régions forestières, le reboisement des zones dégradées, outre la plantation des arbres fruitiers. S’agissant des perspectives et du plan d’action pour ce projet, «il est prévu la réhabilitation des superficies forestières existantes sur une étendue de 159.000 hectares ainsi que les superficies pastorales sur une étendue de 1,89 million d’hectares. Il est également projeté un reboisement sur une superficie de 288.000 hectares». A cet effet, les pouvoirs publics ont annoncé qu’une commission interministérielle sera prochainement installée pour le suivi des travaux de relance de ce projet d’intérêt national. Il est utile de rappeler que l’Algérie, après avoir ratifié la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification par un décret présidentiel en date du 22 janvier 1996, a créé son organe de coordination pour la lutte contre la désertification et la relance du Barrage vert, composé de représentants de 15 ministères, de 12 organisations et de la société civile. Cet organe est chargé de la mise en œuvre des orientations des différentes conventions de Rio, selon les services du ministère qui soulignent que celui-ci «a un rôle de catalyseur dans l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation du programme national de lutte contre la désertification et de la relance du Barrage vert». Soulignons à la fin que la concrétisation du programme de développement local, à la faveur de la réhabilitation de ce projet, va pouvoir bénéficier à plus de 7 millions de riverains.
A. Z.