La Médersa de Sétif : Un pan de l’histoire et de la connaissance

Il suffit d’interroger la mémoire pour que vos racines remontent à la surface et nous fassent voyager à travers le temps, tantôt éveillant en nous des souvenirs d’un autre temps, tantôt nous replongeant dans la fierté d’un patrimoine millénaire qui a vécu et survécu aux aléas de la main ravageuse de l’homme, son insouciance et son indifférence. «La Médersa» de Sétif, haut lieu de savoir et de connaissance, n’échappe pas à ce lot de l’histoire et des joyaux que compte une cité façonnée du rêve et de la détermination de ses femmes et ses hommes, impulsés par de la douleur et de l’espoir vers de nouveaux horizons de liberté, de dignité et d’authenticité. Même si son statut ne se résume hélas aujourd’hui qu’à celui d’une école primaire portant à son fronton le nom de cheikh «El Bachir el Ibrahimi», la Médersa de Sétif relève d’un vaste creuset de rayonnement scientifique et culturel, implanté au cœur de la cité populaire de «Langar», qui a porté l’écho de Mai précurseur de Novembre. Un joyau de l’histoire qui remonte aux années 40 et qui a été édifié suite à la donation d’une parcelle de terrain offerte à l’Association des oulémas musulmans algériens en 1948 par une femme originaire de la ville de Sétif. Sa réalisation par cette même association grâce à des fonds collectés auprès de nombreux donateurs suscite dès lors une adhésion telle que la première rentrée ne tardera pas à voir le jour au tout début des années cinquante, certains l’indiquant même avec précision au 1er janvier 1950. Une date qui ne sera pas sans marquer le début d’une nouvelle ère pour la population musulmane, dont la fierté se mesurait alors à ce formidable élan de solidarité et l’adhésion de tous ces notables et éminents savants qui rejoignaient alors Cheikh el Bachir el Ibrahimi à la tête de ce projet du savoir et de la connaissance. Bien d’illustres personnes présideront aux destinées de la Médersa de Sétif. On cite pour la direction de cette institution Ali Marhoum puis Boualem Baki, assigné alors à résidence à Sétif où il séjournera, veillant avec rigueur mas aussi beaucoup de pédagogie à la réalisation des objectifs assignés à la Médersa, avec à ses côtés des enseignants compétents, animés par le sentiment national en ce lieu de savoir et de patriotisme. Cheikh Adel, Kaddour Belefredj, Abdelhamid Benhala, Torki Lamamra, Salah Bentama et Hafnaoui Azguez, pour ne citer que ceux-là, sont autant d’illustres formateurs dont le niveau de conscience n’avait d’égale que leur compétence avérée qui a permis à tant de lauréats de cette école de rejoindre l’institut «Ibn Badis» de Constantine, Tunis ou du Caire pour poursuivre leurs études. Vaste creuset de savoir et de nationalisme, la Médersa de Sétif ne tardera pas a s’attirer les foudres des forces colonialistes françaises qui procèderont à sa fermeture en 1957.

F. Zoghbi

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