Mesjed El Aatik à Sétif : Un joyau architectural

En ces jours de ramadhan il est toujours heureux de faire immersion dans le merveilleux patrimoine cultuel et culturel des hautes plaines sétifiennes. Parmi tous ces monuments historiques que compte la cité d’Ain Fouara, la prestigieuse mosquée El Atik, édifiée en 1848 au cœur du vieux Sétif, est un joyau en la matière et n’a jamais cessé, depuis, de préserver et mettre en exergue les multiples facettes cultuelle et culturelle que renferme cette merveille. Pour les multiples générations qui se sont succédé dans la cité d’Ain Fouara, la mosquée implantée non loin de l’ancienne porte d’Alger, face à l’ancienne mairie et à quelques mètres seulement de la fontaine, a toujours constitué le maillon fort de l’attachement de la population à son islamité, défiant les aléas du temps, l’indifférence et la méconnaissance de l’homme au fil des ans pour survivre durant toute la période coloniale et continuer à faire la fierté des enfants de cette région qui continuent à y affluer en ce mois sacré et y accomplir les cinq prières et celle du «Taraouih» dans son illumination majestueuse. La mosquée est un espace de culte, de culture et d’enseignement coranique très prisé par les fidèles. Son histoire est intimement liée à celle de la ville, détruite durant l’invasion coloniale. Lors de sa reconstruction par un architecte européen y étaient prévues deux églises et une synagogue mais point de lieu de culte musulman. La population réagit aussitôt et demanda haut et fort la construction d’une mosquée dont l’autorisation finira par être obtenue au grand bonheur des Sétifiens et ne mettra pas beaucoup de temps à voir le jour. Une femme dénommée «Kouroughlia» fit aussitôt don d’un terrain pour l’édification de la mosquée et les citoyens dans un élan de fierté et de dignité récoltèrent les fonds nécessaires pour entamer les travaux, en 1845, sous la direction et le génie d’un architecte turc Ali Lagha qui lança, en trois années, les fondements et les formes de la grande mosquée, seul édifice du genre sur la place jusqu’à sa baptisation en Mesjed el Aatik, après l’indépendance. Son minaret d’architecture ottomane, les mosaïques qu’elle renferme ainsi que ses espaces étudiés aujourd’hui quelque peu exigus pour accueillir les nombreux fidèles, autant de spécificités qui confèrent à cette mosquée son caractère historique et culturel et lieu de rencontre des juristes musulmans. Pour le volet enseignement la mosquée qui a été réhabilitée en 1980 s’étend aujourd’hui sur 3.000 m2 et compte une école coranique que fréquentent de nombreux apprenants et récitants du saint Coran. Des plages horaires sont également consacrées à la méditation, l’arbitrage et la réconciliation entre des personnes d’une même famille, des conjoints ou des personnes en conflit sous la conduite de Boudoukha Brahim, docteur en sciences islamiques et juridique, imam de cette mosquée depuis 1992. D’autres grandes figures religieuses se sont succédé au minbar pour diffuser le message de la foi et de l’authenticité. Cheikh Saoud Saoudi, Mohamed Tahar Khababa, Seghit Khacef, Cheikh Laifa Layadi et Mohamed Kadri et Cheikh Brahim Boudoukha depuis 1992 se sont relayés pour présider aux destinées de Mesjed El Aatik, creuset de savoir et de connaissance depuis déjà 174 ans.

F. Zoghbi

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