John Bolton, ancien conseiller de Donald Trump, parle du Sahara occidental : «Le Maroc, seul obstacle à la résolution du conflit»

Le diplomate américain affirme que «les Marocains craignent l’issue d’un référendum, et si personne n’intervient, ils ne permettront jamais une élection véritablement libre et équitable».

John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump durant son premier mandat, et ancien représentant permanent des Etats-Unis à l’ONU, persiste et signe : Le Maroc reste le plus grand obstacle à la résolution du conflit au Sahara occidental, et le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, ne peut aucunement être associé à une quelconque vocation terroriste, tel que s’acharne à le diffuser une vicieuse propagande de Rabat et de ses relais.
Dans une interview accordée à l’analyste international Koldo Salazar, pour le compte de la publication en ligne «Otralectura», et intégralement reproduite par l’agence de presse sahraouie SPS, le diplomate américain confirme et détaille la substance des idées qu’il a développées il y a près d’un mois dans une tribune publiée dans le Washington Times. Il réaffirme ainsi que le Maroc, après avoir accepté le principe du référendum pour l’autodermination du peuple sahraoui, a multiplié plus tard les entraves, pour compromettre l’avancée vers une solution. John Bolton rappelle qu’il était même convenu de se baser sur le recensement espagnol de 1975 pour contourner la contrainte supposée de l’élément démographique pour organiser la consultation. «Honnêtement, il y avait environ 80 000 personnes éligibles pour voter et tout le monde était d'accord pour créer la MINURSO, avoir un cessez-le-feu et ensuite organiser le référendum sur l'avenir du Sahara occidental.
C'était quelque chose que nous aurions probablement pu faire très rapidement», rappelle-t-il en évoquant le contexte du début des années 1990. Plus loin, le diplomate américain tranche que «les Marocains craignent l'issue d'un référendum, et si personne n'intervient, ils ne permettront jamais une élection véritablement libre et équitable».

Ressources pillées

A une question relative au lobbying acharné du Makhzen pour gagner des soutiens à son plan d’autonomie, en Europe notamment, et la nouvelle campagne visant à coller au Front Polisario des soupçons d’accointance avec le terrorisme, l’ancien ambassadeur permanent à l’ONU dément d’abord que ces campagnes puissent avoir l’impact qu’on leur prête dans les milieux politiques aux Etats-Unis. Il fait, d’autre part, référence à son expérience en tant que diplomate pour témoigner que toutes les fois où il a eu contact avec le peuple sahraoui et ses représentants, à aucun moment il a eu à être interpellé par des signes pouvant donner du crédit aux allégations marocaines. «Je suis allé à Tindouf pour la première fois il y a une trentaine d’années. Je n’y ai vu aucun signe de marxistes, de djihadistes, d’Iraniens ou de quoi que ce soit de ce genre, et j’y suis allé à de nombreuses reprises. J’ai parlé à de nombreuses personnes au sein du Polisario, et notamment au sein du gouvernement espagnol, qui connaissent la situation au Sahara occidental…
Il ne s’agit-là que de propagande des Marocains et de leurs partisans», affirme-t-il, avant d’appuyer : «Je n'ai jamais vu le Polisario adopter un comportement qui le rendrait inapte à représenter les Sahraouis.» John Bolton enchaîne : «Des ONG américaines travaillent dans les camps de réfugiés autour de Tindouf, soutiennent ces mouvements et fournissent une aide humanitaire. Nous aurions entendu quelque chose… Enfin, on ne peut pas maintenir une telle mascarade longtemps sans que la vérité éclate. Donc, je pense que c'est un peu scandaleux, mais cela montre à quel point il (le gouvernement marocain) est désespéré». L’autre volet abordé concerne les ressources du Sahara occidental, pillées au mépris du droit international par le Maroc. «Tant que le statut du territoire n’est pas définitivement déterminé, le gouvernement marocain n’a plus le droit d’accorder des droits officiels ou des droits miniers sur les phosphates, et cela inclut, par exemple, l’affaire Fos Bucraa», répond le diplomate américain, déplorant la passivité des institutions internationales puisque «les Marocains agissent en toute impunité, car le Conseil de sécurité ne fait rien pour faire respecter ses propres résolutions».
Dans le même registre, il revient à la nécessité de rendre possible un référendum d’autodétermination, comme seul voie menant à l’établissement d’une légitimité sur le territoire. Le statu quo actuel est «une véritable tragédie pour les citoyens ordinaires qui souhaitent quitter les camps de réfugiés de Tindouf et retourner là où ils vivaient auparavant. Or, un obstacle empêche cela : le gouvernement marocain», conclut John Bolton

M. S.

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