Grand angle : Faire front commun

La solidarité internationale qui s’est manifestée après la dernière attaque terroriste ayant ciblé une église à Nice, est la preuve que face à cet ennemi commun, les gouvernements doivent unir leurs efforts et les sociétés doivent s’unir pour faire front commun. Et pour cause, le terrorisme n’est pas, n’est plus, l’affaire d’un pays ou d’une seule région. Tout le monde doit se sentir concerné car le terrorisme n’épargne et n’épargnera, du moins tant qu’il n’aura pas été éradiqué, aucun pays. Aucune société n’est aussi à l’abri, quand bien même 80% des victimes sont musulmans. «Le terrorisme qui est fait au nom de l’islam est un fléau pour les musulmans du monde entier», a rappelé le Président français dans une récente interview accordée à une chaine de télévision arabe. Et ceux qui longtemps, en Occident, se sont voilés la face ont fini par être rattrapés par les horreurs que le terrorisme est capable de commettre. Mais le problème qui se pose aujourd’hui est que le terrorisme, pour une large majorité dans le monde, est associé aux musulmans et à l’islam. Il est vrai aussi que les actes terroristes commis par des extrémistes violents le sont au nom de cette religion. Partant, il n’en fallait pas plus pour que l’on fasse l’amalgame entre islam et terrorisme. Un amalgame qui porte préjudice et stigmatise les musulmans vivant en Occident. En France, les actes islamophobes se sont multipliés car, par ignorance ou par raccourci, on ne fait pas la part des choses. Dès lors, tous les musulmans sont mis dans le même panier. Tous sont des terroristes. Pourtant, a tenu à souligner le président Macron, «il n’y a pas de stigmatisation des musulmans» en France. Les musulmans qui ne demandent qu’à pratiquer leur foi savent que c’est loin d’être le cas. Mais il est vrai aussi que les actes perpétrés par des extrémistes violents peuvent expliquer ce sentiment de rejet que d’autres citoyens ressentent à leur égard. C’est pourquoi, pour le Président français, qui a tenu à lever tous les malentendus et différentes contre-vérités qui ont accompagné ses récents discours, le combat qu’il entend mener est «contre l’islamisme radical». De même que le projet de loi que son gouvernement va présenter a pour objectif «de lutter contre (les) groupes et (les) personnes extrémistes violents qui agissent au nom de l’islam». Du reste, c’est un message de fermeté contre le terrorisme et contre tous les extrémistes violents qu’il a voulu faire passer lors de son interview. Mais tout en défendant les fondements du modèle français, il ne manquera pas de clairement signifier que l’apaisement recherché et son souci de remettre les choses dans leur contexte ne doivent prêter à aucune équivoque. Il n’y aura aucune renonciation sur les valeurs que la France défend «parce que cela serait anticonstitutionnel». «Mon rôle est d’apaiser les choses», a-t-il soutenu. Cette démarche pédagogique réussira-t-elle à lever les malentendus nés de ses discours ? De même qu’il y a lieu de se demander si son appel à la responsabilité de tout un chacun sera entendu.
Nadia K.

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