Mebarek Zaïm, un rescapé témoigne : «Torturés, et jetés dans la Seine»

De notre bureau : Boudjemaâ Guetmi

Soixante-deux années sont déjà passées des manifestations des algériens émigrés en France bravant le couvre-feu imposé à Paris par le ministère de l’Intérieur. Le patron de la police parisienne, Maurice Papon, ramené en 1960 de Constantine en France, fut le bourreau des Algériens lors de ces manifestations meurtrières. Ce jour là, des centaines d’Algériens furent torturés, tabassés et jetés dans la Seine par les CRS et les policiers Parisiens pour avoir dénoncé le couvre-feu et crié haut et fort «Vive l’Algérie», relate Mebarek Zaim, âgé de 80 ans, était membre du Conseil national de la Fédération du FLN en France (wilaya VII).  En sortant en groupes à Paris, la nuit, suite à l’appel des dirigeants du FLN, nous avons été accueillis par une répression féroce de la part des policiers qui étaient armés de matraques et de fusils à balles réelles. Parmi les manifestants, des hommes, des femmes, des jeunes et moins jeunes furent torturés et jetés dans la Seine. Il ajoute que des Algériennes ont organisé le lendemain de la manifestation, devant la préfecture de police de Saint Michel à Paris, un meeting réclamant la libération des siens. Elles ont été tabassées et violées sans que leurs proches soient libérés. Le bilan provisoire des manifestations du 17 octobre 1961 faisait état de 200 morts, 2.300 blessés et 1.500 expulsés en Algérie sans compter ceux qui étaient incarcérés dans les prisons, le mardi 17 octobre 1961. «L’objectif des dirigeants de la Révolution était de créer un climat d’insécurité dans le camp de l’occupant en sol français et faire entendre la cause du peuple algérien à l’organisation des Nations unies (ONU)», a-t-il précisé.  
Rassemblant hommes, femmes, jeunes et moins jeunes épris de liberté et défendant leur dignité, ces manifestations ont permis de briser le mur de la peur chez le peuple algérien, décidé et déterminé à s’affranchir, une fois pour toute du colonialisme en affrontant, avec courage et les mains vides, la répression aveugle s’est abattue sur les manifestants. 
Des morts tombés au champ d’honneur parmi les manifestants, il y en a eu de nombreux martyrs tués et jetés dans la Seine, ce jour-là, le peuple a choisi de sortir dans la rue pour briser le mur de la peur et défier les forces d’occupation coloniale, montrant toute sa détermination à arracher sa liberté et l’indépendance du pays du joug colonial.
Les massacres du 17 octobre 1961 contre les Algériens émigrés en France ont contribué ainsi à porter la cause nationale devant l’ONU, souligne t-il rendant dans ce sillage l’apport de la presse internationale qui a largement couvert ces événements sanglants au cours desquels les Algériens désarmés ont subi la terreur et la répression atroce pour avoir défendu leurs droits à la liberté et à l’indépendance. 
Par ailleurs, la wilaya de Annaba a concocté un programme riche et varié pour commémorer le 62e anniversaire des manifestations du 17 octobre 1961, prévu dans la commune rurale de Treat, daïra de Berrahal.
 
B. G.

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