
Mokrane Aït Ouarabi
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a prononcé, hier, un discours sur l’état de la nation, devant les deux chambres du Parlement, réunies en session extraordinaire au palais des Nations à Alger.
En s’adressant aux représentants élus du peuple, pour faire le point sur la situation politique, économique et sociale du pays, tout en présentant les perspectives pour les années à venir, le chef de l’État a voulu raffermir cette nouvelle tradition institutionnelle, qui traduit, a-t-il précisé, «la nouvelle approche de gestion des affaires publiques et la consécration de la bonne gouvernance». Cet exercice institutionnel, auquel il s’est plié pour la deuxième année consécutive, est aussi, a-t-il ajouté, une reconnaissance de la place du Parlement au sein de la nation. «Cette tradition institutionnelle ravive et renforce le fait d’être au service de l’opinion publique, des citoyens et de la patrie, et illustre la place du pouvoir législatif, ainsi que le rôle des parlementaires qui portent les espoirs et les préoccupations des citoyennes et des citoyens», a-t-il affirmé. Poursuivant son discours, le Président Tebboune a dressé le bilan de son premier mandat, tout en s’engageant à consolider les acquis sociaux et à accélérer le train des réformes et des réalisations à tous les niveaux durant son deuxième mandat qu’il a entamé il y a quelques mois. Le premier magistrat du pays a rappelé, dans ce sillage, l’engagement qu’il a pris, lors de son discours d’investiture, en septembre dernier, d’ouvrir un dialogue national inclusif, qui sera, a-t-il assuré, «à la hauteur des enjeux internes». Ce dialogue, a-t-il ajouté, «sera profond et inclusif, loin de toute reproduction rhétorique» et «renforcera les droits fondamentaux, à travers les lois consacrées par la Constitution et la loi organique relative aux partis politiques et aux associations». Il s’agit aussi, a-t-il précisé, d’une promesse faite à la classe politique, «pour renforcer le front intérieur», soulignant qu’il «se fera de manière organisée et apaisée», loin de tout «tapage ou marchandage». Ce dialogue devra intervenir une fois les nouveaux codes de commune et de wilaya adoptés, et les lois sur les partis et les associations révisées. Le Président explique cette démarche par le fait que la commune constitue le socle de la démocratie, estimant qu’au bout de ce processus de réformes, l’Algérie entrera de plain-pied dans l’exercice de la véritable démocratie. Il a évoqué, dans ce contexte, les résistances au changement, en critiquant ceux qui le réclament, mais refusent de l’appliquer sur eux-mêmes. «Le changement, c’est pour tout le monde, petit et grand», a-t-il martelé. Le chef de l’État a enchaîné, en relevant les acquis politiques enregistrés au cours de ces cinq dernières années, à l’instar de la consécration du principe de séparation entre l’argent et la politique, et de la lutte implacable contre la corruption.
«Nous poursuivrons la lutte contre la corruption jusqu’à notre dernier souffle», a-t-il déclaré, soulignant que l’Algérie a pu relever les principaux défis auxquels elle était confrontée, en concrétisant les aspirations du peuple et en rétablissant la confiance dans les institutions de l’État. Abordant un autre volet, le chef de l’État a affirmé que l’Algérie a réussi le pari du développement national, en mettant en place un nouveau modèle basé sur «la diversification économique» et «la libération des initiatives». Un modèle économique qui commence à porter ses fruits, tel qu’il ressort dans les récents rapports de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. «Tous les indicateurs économiques et financiers de l’Algérie sont au vert, avec une reconnaissance internationale», a-t-il souligné, précisant que «cette performance économique positive enregistrée par l’Algérie repose sur les petites et moyennes entreprises, et les start-up». Il a relevé que les mesures prises au cours de ces dernières années pour faciliter et encourager la création d’entreprises ont permis, entre autres, l’avènement de 9.500 start-up. Ce chiffre renseigne, a-t-il ajouté, sur les capacités des jeunes Algériens à innover, considérant que cette inspiration est le fruit de leur amour pour la patrie. «Les jeunes ont su relever le défi à travers les start-up. Ils se sont orientés vers la production au profit de leur pays dans plusieurs domaines», a-t-il indiqué, tout en considérant que «les jeunes représentent une nouvelle génération intègre qui a les mains propres et ne se livre pas à la surfacturation».
Il a rappelé, dans ce sillage, le succès de la dernière Conférence africaine des start-up qui s’est déroulée du 5 au 7 décembre à Alger, avec la participation de plus de 500 start-up africaines. Sur le même registre, le chef de l’État a indiqué que «pour la première fois, le volume des investissements a atteint 130 milliards», tout en évoquant l’augmentation du PIB et du volume des exportations hors hydrocarbures, ainsi que de la production nationale. Ces indicateurs, a-t-il précisé, prouvent que nous sommes sur la bonne voie, pour rejoindre, d’ici quelques mois, les pays émergents». Le chef de l’État a également fait référence aux grands projets lancés pour la première fois depuis l’Indépendance, pour une exploitation optimale des ressources et richesses dont jouit l’Algérie. Il a cité, dans ce sillage, le cas du secteur minier, qui a enregistré des avancées significatives, avec la réalisation en cours de plusieurs projets intégrés, comme celui de l’exploitation du minerai de fer de Gara Djebilet à Tindouf, du phosphate de Djebel Onk à Tébessa et du zinc et plomb d’Amizour à Béjaïa.
À cela s’ajoute la construction de voies ferroviaires qui vont relier ces sites à des ports pour les besoins de l’exploration. Il a assuré que le port d’Oran recevra les premières cargaisons d’acier de Gara Djebilet en 2026. Toujours en matière de développement des infrastructures de base, le Président a évoqué l’extension de plusieurs ports du pays, à commencer par celui d’Annaba.
M. A. O.
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Palestine et Sahara Occidental :
«Nous demeurerons à vos côtés !»
Au plan diplomatique, le Président Tebboune a réaffirmé la poursuite du soutien de l’Algérie aux causes justes, en tête desquelles les causes palestinienne et sahraouie.
«Nous continuerons à soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour le recouvrement de ses droits légitimes», a-t-il affirmé, rappelant la bataille que l’Algérie mène à l’ONU depuis qu’elle est membre non permanent au Conseil de sécurité.
«L’Algérie demeurera aux côtés de la Palestine jusqu’à l’établissement de son État indépendant, avec Al-Qods-Est pour capitale».
Il a également réitéré la position constante de l’Algérie à l’égard de la question du Sahara occidental, soulignant que «cette position ne changera pas tant que le peuple sahraoui n’aura pas exercé son droit à l’autodétermination».
Le premier magistrat du pays a précisé que cette position «ne revêt aucune animosité envers une quelconque partie ou un État».
Il a relevé le fait que la question du Sahara occidental est inscrite au niveau de l’ONU «en tant que question de décolonisation» et que «son dossier est soumis à la Commission onusienne de décolonisation».
«L’idée d’autonomie est une idée française et non marocaine. Nous le savons depuis des décennies», a soutenu le président de la République».
M. A. O.
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Le dossier mémoriel : «Reconnaissez vos crimes ! »
Le président de la République a réitéré son grand attachement à la préservation de la mémoire nationale et de la dignité des aïeux, moudjahidine et chouhada de la résistance populaire et de la glorieuse Révolution de libération. «Nous ne renoncerons jamais à notre dignité et à celle de nos aïeux, chouhada et moudjahidine, et nous la préserverons», a-t-il affirmé, appelant, dans ce sillage, le colonisateur à reconnaître ses massacres et ses génocides. «Nous ne demandons pas des excuses, mais il faut reconnaître les crimes commis», a soutenu le Président Tebboune, ajoutant que «la valeur de nos martyrs tombés durant la résistance et la glorieuse Révolution de libération est bien plus précieuse que des milliards de dollars». «Je ne demande pas à l’ancien colonisateur de réparations matérielles, mais bien la reconnaissance de ses crimes», a-t-il dit. Le chef de l’État est revenu sur les crimes coloniaux, en soulignant que «lorsque le colonisateur a foulé le sol de l’Algérie, le peuple algérien était instruit et l’Algérie était un grenier de blé, mais la colonisation a commis massacre après massacre à travers tout le territoire de notre pays, n’apportant que destruction, ruine et extermination du peuple». Il a évoqué «le génocide commis contre le peuple algérien durant la période coloniale dans plusieurs régions telles que Zaâtcha et Laghouat, les 45.000 martyrs des manifestations du 8 mai 1945, les autres massacres perpétrés, les enfûmades, ainsi que les 500 crânes détenus par la France, dont nous n’avons récupéré que 24». Le Président a également appelé la France à nettoyer les zones affectées par ses essais nucléaires. «L’ancien colonisateur est devenu par la suite une puissance nucléaire, mais il a laissé en Algérie des maladies résultant de ses essais nucléaires, dont souffrent encore aujourd’hui nos compatriotes dans le Sud», a-t-il relevé. Et d’ajouter : «Ne nous donnez pas d’argent, mais venez nettoyer les sites que vous avez contaminés.» Le Président Tebboune a assuré que «le différend avec le colonisateur d’hier autour de la mémoire est sans arrière-pensée». «Les Algériens ont un droit imprescriptible et ils exigent la reconnaissance des massacres commis par le colonisateur», a-t-il précisé. Dans le sillage des relations algéro-françaises, le Président Tebboune a dénoncé un récent acte provocateur commandé à partir de Paris et qui consiste en l’envoi en Algérie d’«un imposteur dont l’identité et le père sont inconnus», qui a osé porter atteinte à l’intégrité territoriale du pays. Ce qui est une ligne rouge.
M. A. O.
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Des acquis pour préserver la dignité du citoyen
Sur le plan social, le chef de l’État a mis en avant les mesures prises pour renforcer le caractère social de l’État. Il a, notamment, souligné l’augmentation des salaires et la revalorisation des pensions de retraites, la suppression de l’IRG pour les bas salaires, l’institution de l’allocation chômage et l’amélioration du niveau de vie des citoyens. Le Président a exprimé sa détermination à poursuivre la consolidation de ces acquis, pour préserver la dignité des citoyens et améliorer davantage leur cadre de vie. Le chef de l’État est revenu sur les projections des sceptiques qui misaient sur le retour de l’Algérie au FMI, suite à sa décision de régularisation des contractuels de l’Éducation nationale. «Nous l’avons fait et l’Algérie se porte bien», a-t-il dit, rappelant également les scénarios catastrophes de certains sur le dossier du logement ou encore celui de l’eau. «La distribution de logements est la base de la dignité du citoyen, et non un gaspillage d’argent, comme le prétendent les sceptiques», a-t-il déclaré, affirmant que «le logement n’est plus un fardeau pour l’État, car il est construit avec des matériaux purement algériens». Il a poursuivi, en soulignant les exploits de l’Algérie en matière de production de l’eau potable, à travers la construction rapide de dizaine de stations de dessalement, faisant d’elle l’un des principaux pays en Méditerranée à utiliser cette technique. Le chef de l’État a également fait état de quelques objectifs économiques précis, tels que la construction de deux millions de logements, la création de 450.000 emplois et la réalisation de l’autosuffisance en blé dur, maïs et orge dès 2025.
M. A. O.
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À l’adresse de la diaspora :
«Venez investir et défendre votre pays»
Le Président a souligné les bienfaits de la promulgation de la nouvelle loi sur l’investissement en 2022. Un texte qui a fait de l’Algérie une destination attractive pour les investissements nationaux et étrangers.
Le chef de l’État a appelé, à l’occasion, la communauté algérienne établie à l’étranger à venir investir dans le pays et profiter des facilitations qu’offre cette nouvelle loi pour l’investissement à travers la consécration, pour la première fois, de la stabilité législative dans ce domaine. «Investissez dans votre pays et combattez ceux qui le combattent, la loi sur l’investissement ne changera pas avant dix ans», a-t-il dit.
M. A. O.