Système de retraite face à un «choc» démographique : Quelles solutions ?

Les travailleurs et syndicalistes remettent sur la table le retour à la retraite proportionnelle et sans condition d’âge. Mais le gouvernement semble avoir dit son dernier mot. Le ministre du Travail a écarté en bloc l’adoption à nouveau de cette démarche effectuée par le passé «pour des raisons exceptionnelles». Mais la question dépasse ce duel à distance. En effet, la question de la gestion de l’équilibre financier du système des retraites en Algérie face à l'élargissement par le sommet de la pyramide des âges et l’accroissement rapide du nombre de retraités, occupe une place prépondérante dans la mise en œuvre d’une politique de développement économique et sociale efficace. Le système de retraite algérien —système par répartition— est périlleusement exposé aux chocs démographiques. Pour Salah Eddine Sahraoui, universitaire, «dans les décennies à venir, le vieillissement constituera un défi de taille pour le régime. L’effectif de la population du troisième âge en Algérie devrait augmenter de manière très rapide et l’on doit s’attendre à une couverture de retraités beaucoup plus importante». Quelle parade ? Relevant que l’augmentation du taux de cotisation a montré ses limites, «d’autres réformes sont envisageables, comme celle visant à capitaliser partiellement le régime en créant un régime mixte, à l’exemple de la Suède». Pour sa part, Mourad Goumiri, expert financier, explique que «le point nodal de ce système se concentre autour de l’âge de départ à la retraite et le nombre d’années de cotisation des travailleurs des différents régimes en relation avec la pénibilité, la dangerosité, l’exposition aux maladies du travail…» A ses yeux, la transformation démographique substantielle «va impacter lourdement le taux de croissance naturelle, d’une part et déséquilibrer la caisse des retraites et celles des assurances sociales (CNAS, en particulier), d’autre part». Pour s’en sortir, il préconise «une remise à plat complète et profonde, à ‘‘l’intérieur même de la caisse’’ afin d’éradiquer tous les abus multiformes qui ont été introduits». L’objectif, précise l’universitaire, est de «retrouver des équilibres financiers internes, à moyen et long termes, en définissant des règles justes et équitables, qui devront passer par une réduction substantielle des niveaux de retraite, pour celles le plus élevées (sans effet rétroactif) et de revenir sur un âge de départ à la retraite, raisonnable et compatible avec les équilibres financiers». Ainsi, argumente-t-il, les gains récupérés «pourront servir à diminuer les déficits et à augmenter le niveau des retraites les plus basses, sans recours aux finances publiques». Rappelons que le directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), Slimane Melouka, avait fait savoir que le déficit financier de la caisse s'élevait à 700 milliards DA, avec une augmentation significative durant la période 2014-2018. Le même responsable a attribué le déficit financier de la CNR à l’augmentation du nombre de retraités par rapport au nombre d'assurés sociaux, ajoutant que l’équilibre financier de la caisse a besoin de 5 adhérents pour un retraité, contrairement à la situation actuelle où 2,1 adhérents cotisent pour un seul retraité.
Fouad Irnatene

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