Réformes économiques : L’innovation comme véritable politique publique

« L’Algérie se doit de multiplier et de renforcer ses initiatives de diversifier son économie pour sortir de la dépendance quasi totale aux hydrocarbures par la promotion et le développement d’autres secteurs disposant d’atouts compétitifs», affirment Ouamar Sabria et Si Mansour Farida, de l’université de Tizi-Ouzou. A cet effet, le Gouvernement a pris un certain nombre de décisions et de mesures visant à promouvoir l’investissement national, à encourager la substitution aux importations à travers des politiques sectorielles offensives visant à développer l’appareil productif national ; favoriser ses performances et mobiliser dans ce sens des moyens financiers substantiels autres que ceux provenant des ressources publiques. Pour les universitaires, «nous assistons au passage d’une économie industrielle à une économie de la connaissance où la compétence est considérée comme une ressource stratégique ». Face à une concurrence de plus en plus exacerbée, «les décideurs des entreprises publiques ou privées, petites ou grandes, doivent être conscients qu’il est impératif de gérer et d’utiliser les compétences pour être plus compétitifs et créatifs dans leurs organisations». En effet, «l’environnement des entreprises est en perpétuel reconfiguration. Elles se doivent d’agir voire influer en considérant la compétence comme valeur stratégique pour une meilleure innovation». Dès lors, analysent les universitaires, «l’entreprise serait inscrite dans une orientation stratégique en exerçant une action à double effet». D’une part, «avoir des portées sur la structure de l’entreprise dans ses éléments de connaissances et de compétences en imposant l’adaptation et l’innovation, et d’autre part, constituer une nouvelle vision pour assister l’entreprise dans la prise de décision et la construction d’un avantage concurrentiel durable». Dans cette logique, «l’Algérie possède des ressources naturelles abondantes capables de lui permettre d’assurer une croissance rapide et soutenue». Il est aussi question d’ «améliorer son excédent commercial, des infrastructures importantes, une main-d’œuvre jeune et qualifiée techniquement – ingénieurs, informaticiens, techniciens et autres – dont le coût reste très faible et qui représente sans doute l’un des atouts les plus importants à faire valoir». Toutefois, «quelques obstacles subsistent, à savoir la fragilité du tissu économique composé essentiellement de petites entreprises avec des modes de management révolus qui doivent être adaptés pour relancer la dynamique de la croissance économique». Le secteur des hydrocarbures «constitue encore la base de l’économie du pays en assurant 52 % des revenus budgétaires, 25 % du PIB et 98 % des recettes d’exportations». L’économie algérienne, commentent les universitaires, «reste donc tributaire des fluctuations du marché pétrolier et du cours du dollar, c’est ce qui explique pourquoi l’Algérie s’efforce de diversifier son économie par une politique d’encouragement de l’investissement étranger et local en dehors des hydrocarbures». De facto, «le défi reste entier, et en dépit de progrès accomplis en matière de réforme structurelle, la réforme dans les secteurs clés reste limitée ». L’Algérie «possède l’une des économies les moins diversifiées parmi les pays à revenu intermédiaire et les pays producteurs de pétrole». D’importantes réformes ont été mises en œuvre. L’actuel contexte économique «met le pays devant l’impératif besoin d’application des réformes économiques urgentes, à travers le lancement d’un réel programme de relance en exploitant notamment les diverses opportunités d’une économie diversifiée accompagnées de nombreux projets susceptibles de redynamiser la réforme des institutions financières et bancaires, administratives et douanières ; des réformes qui devraient être consolidées et accélérées pour être parachevées». Dans un monde qui évolue plus rapidement que jamais, «l’innovation doit devenir une véritable politique publique à l’instar des politiques de santé ou de l’environnement». L’impulsion «doit provenir du sommet de l’Etat et s’accompagner d’un discours pédagogique de vérité et non de volonté, centré sur les intérêts collectifs».
Dans cet esprit, les universitaires relèvent l’impératif de sensibiliser les différents acteurs autour d’une politique d’investissement dans les études et la formation permettant aux individus d’augmenter leur capital humain.

Fouad Irnatene

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