Importation des véhicules de moins de trois ans : La contreperformance du dinar impactera le prix

Retour de l’importation des véhicules de moins de trois ans. Une décision qui charrie avec elle une série d’interrogations. Est-elle conjoncturelle ? Signifie-t-elle l’abandon de la piste des véhicules neufs ? Mourad Goumiri, expert financier, relève des «incompatibilités» qui risquent de mener à des «mesures administratives et discrétionnaires qui vont se traduire par des trafics à grande échelle et des actes de corruption avérés». S’y ajoute, selon lui, les contreperformances de la monnaie nationale. Corollaire de tout cela : l’importation de ces véhicules coûtera plus cher. A la dévaluation du dinar, d’autres experts relèvent que la moyenne de circulation des voitures en Europe n’est pas élevée. Un autre facteur qui peut maintenir le prix élevé. Quant à Souhil Meddah, expert financier, il s’agit d’un «marché conjoncturellement utile mais structurellement contraignant». Et s’interroge sur les conditions de l’approvisionnement du marché local durant la phase d’ouverture avec des demandes importantes en cours et des prix qui flambent. «Ce marché aura naturellement besoin d’une compensation afin d’éviter d’autres surévaluations temporaires et d’opportunistes pour les premières semaines ou les premiers mois de la reprise des importations», explique-t-il. Dans son analyse, les pouvoirs publics ne doivent pas trop compter sur le marché des véhicules de moins de trois ans. «Plus le marché s’éternise, plus il s’étale sur d’autres segments et marchés et fera également appel aux différents instruments de financement en les dérégulant», argumente M. Meddah. Notons que l'ordonnance 21-07 du 8 juin 2021, portant LFC pour 2021, explique que «le dédouanement, pour la mise à la consommation, avec paiement des droits et taxes relevant du régime de droit commun, des véhicules de tourisme de moins de trois ans d’âge, importés par les particuliers résidents, une fois tous les trois ans, sur leurs devises propres, par débit d’un compte devises, ouvert en Algérie, est autorisé». La LFC mentionne également que les modalités d’application de cette disposition ainsi que le contrôle de conformité des véhicules de tourisme usagés sont fixées «par voie réglementaire». Par ailleurs, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait précisé que «l'importation de véhicules par les particuliers avec leurs propres moyens n'est pas interdite par la loi à condition de s'acquitter des droits douaniers et des taxes appliquées dans ce domaine». Explicite, il indiquait que «l'économie est basée sur le principe «donnant-donnant». Si, par le passé, le traitement se faisait avec les personnes, nous exigeons actuellement à ce que l'Etat algérien soit le bénéficiaire».
Pour le montage, le chef de l’Etat, formel, soulignait que «si le montage automobile n'aboutit pas, d'ici 3 ou 4 ans conformément au cahier de charges, à la réalisation d'une intégration d'au moins 40%, à la création de postes d'emploi et à la fabrication de pièces algériennes, il n'y aura pas de montage automobile».

Fouad Irnatene

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