
Les prix des produits de large consommation affolent les ménages à Tipasa. Il suffit juste de faire un petit tour dans les marchés pour se rendre compte d'une mercuriale qui ne répond plus à aucune logique, si ce n'est à celle de saigner davantage les algériens. Sur les marchés, tout est cher, notamment les denrées alimentaires (semoule, pain, pâtes, farine, café, lait, huile, œufs, sucre, sel, viande, légumes secs...) et même les fruits de saison et les légumes locaux (oranges, tomates, pommes de terre...). Le phénomène est, certes, récurrent dans la région, mais ces derniers temps, il a atteint un nouveau pic, dans un contexte de chômage et d'absence de revenus en plein crise sanitaire, provoquant la colère des citoyens. À travers toute la wilaya, les populations crient à la cherté de la vie. Les prix des denrées alimentaires grimpent inlassablement. "Avant, les augmentations avaient lieu durant le Ramadhan et autres fêtes. Maintenant, elles n'ont pas de date précise et sont là chaque jour, touchant tous les produits", dénonce un père de famille rencontré au marché El Manar au centre-ville de Tipasa. "Tout est cher", et cette phrase est relayée aux quatre coins du marché. Devant les étals des commerçants, peu de gens s'arrêtent. Quelques commerçants ont admis que les prix pratiqués sont hors de portée et c'est dû à la forte demande et la faiblesse du produit. Aucune explication n'a pu être donnée par les vendeurs, sur les prix de la pomme de terre. "Un légume qui peut se conserver longtemps. Mais comme la tendance est à la flambée, les marchands augmentent le prix, histoire de se faire plus d'argent. C'est du moins l'explication donnée par un marchand alors qu'un autre vendeur de légumes n'hésite pas à renvoyer la balle dans le camp des grossistes. « Au marché de gros, les grossistes ne nous laissent pas l'opportunité de négocier certains prix », tente-t-il d'expliquer. Conséquences de la hausse des prix, notamment des légumes, dépassant les 240 DA pour les courgettes, 200 DA pour les artichauts, 120 DA les carottes, 180 DA la tomate et 80 DA les pommes de terre. Pour les fruits de saison tels que l'orange et la mandarine, les prix varient entre 200 et 240 DA, les pommes affichent quant à elle le prix 450 DA et la banane 400 DA. Une ménagère, qui réside non loin des lieux, nous confie qu’elle n’a pas le choix. « C’est le seul marché de la ville », nous confie-t-elle, et de ce fait, elle se contente du peu, en attendant de retrouver la stabilité des prix habituelle. Un père de famille, habitué lui aussi à cet espace, témoigne qu’il s’approvisionne lui aussi en petites quantités. Néanmoins, il estime que c’est un leurre de « rêver » au retour des prix du passé. A 15 km du chef-lieu de la wilaya, dans la ville de Hadjout, se trouve un marché réputé pour accueillir les faibles bourses. Dans cet espace la tomate est affichée à 100 DA et la pomme de terre à 70 DA le kilo. Et si la mandarine et l’orange sont affichées au niveau des marchés couverts 200 DA et 240 DA, pour la première, elle varie entre 100 DA et 120 DA au niveau de ce marché, alors que pour le second fruit de saison, le kilo peut être cédé à 80 DA. Les pommes de moindre qualité sont exposées à 200 DA. En dehors des légumes de première nécessité pour les ménages, le citron est affiché à 250 DA le kilo, alors que le prix du poulet, qui a fait l’événement, stagne dans la barre infranchissable des 450 DA le kilo. « Rares sont les commerçants qui le cèdent à 400 DA », témoigne un client. Du reste, tous les indicateurs démontrent que les prix de la totalité des fruits et légumes demeurent hors de portée du citoyen. Pour les personnes rencontrés : « il n'est plus question de remplir son couffin à moins de 2000 DA », lance un père de famille qui craint que la situation empire dans les jours à venir. « Rien ne présage d'un futur meilleur», lâche une ménagère qui constate avec beaucoup d'amertume : « aucun des produits du marché n'est à la portée du consommateur ».
Salima Ettouahria