Abid Boubekeur, expert-consultant : «Il y a une approche rénovée de la gouvernance de la politique industrielle»

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Alors que les pouvoirs publics ont affiché leur volonté d’asseoir une véritable industrie nationale, plusieurs secteurs commencent à s’affranchir du carcan
des entraves qui les empêchaient d’émerger. 
 
«Il faut reconnaître que l’Etat a lancé, depuis plusieurs mois, une lutte contre les faux investisseurs industriels et contre toutes les formes d’abus administratifs, afin d’assainir le climat des affaires et d’impulser l’investissement national», a estimé l’expert-consultant Abid Boubekeur, qui a souligné que «le gouvernement œuvre pour la relance industrielle, à travers une nouvelle vision stratégique et la restructuration des organismes chargés d’accompagner les investisseurs et de défendre l’attractivité du marché national».
 Pour l’expert, «il y a, aujourd’hui, une approche rénovée de la gouvernance industrielle, puisque les démarches adoptées jusque-là ont montré leurs limites. Malgré toutes les restructurations antérieures, le secteur industriel n’a pas atteint ses objectifs. Les différentes opérations de restructuration n'ont pas permis l'émergence de véritables entreprises économiquement viables et financièrement équilibrées».
A partir de là, «les pouvoirs publics ont opté pour une approche rénovée de la gouvernance de la politique industrielle, permettant une relance de l’industrie nationale et une augmentation de sa part dans le produit intérieur brut (PIB)», a signalé l’expert, qui a mis en avant la décision prise par le président de la République permettant la création du «Guichet unique» en vue de faciliter l’obtention d’autorisations administratives et de définir les délais autorisés à l’administration pour la délivrance desdites autorisations et la garantie d’accès au foncier industriel pour les investisseurs dans de brefs délais à travers des agences spécialisées qui seront opérationnelles en 2022. «C’est une approche qui va faciliter énormément l’investissement», a-t-il indiqué. «L’Algérie n’a pas d’autre choix que de réussir ces réformes, avec des actions concrètes sur le terrain, loin des discours et promesses irréalistes. La croissance peut revenir dans notre pays, si ces reformes seront menées à terme, et à condition de combiner différents facteurs tels que une population active patriotique et dynamique, définir le rôle et la place des intellectuels et des élites, suivre l’évolution des innovations technologiques, éliminer toute forme de monopole par une concurrence efficiente», estime encore Abid Boubekeur, qui souligne, à cet effet, que «notre système financier doit être revu, ainsi que la qualité du système fiscal. Il faut introduire la rigueur financière et la discipline budgétaire pour la gestion des fonds publics, aborder une ouverture à l’étranger pour inciter les IDE, lutter contre la bureaucratie et la corruption et, enfin, laisser émerger les libertés d’initiative et les idées novatrices avec l’implication des élus et des organisations professionnelles, et c’est ce qui s’amorce actuellement».

«S’attaquer aux contraintesstructurelles actuelles pour l’exercice d’une réelle démocratie économique»

Selon lui, «comme l’Etat algérien ne peut distribuer plus que ce qu’il produit, il est devenu impératif de concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, en intégrant la sphère informelle représentant plus de 40% de la masse monétaire en circulation, plus de 30% du PIB suivant nos experts en la matière».
Pour Abid Boubekeur, «les pouvoirs publics sont désormais conscients que l’approche idéale est d’accélérer les réformes économiques et structurelles tant attendues par les différents opérateurs. Le rôle du gouvernement consistera désormais à inciter et à orienter l’investissement vers des secteurs considérés comme stratégiques par l’octroi de certains avantages incitatifs».
Dans cet ordre d’idées, le consultant rappelle que les pouvoirs publics préconisent d’adopter une approche rénovée de la gouvernance de la politique industrielle basée sur un processus dynamique.
«Cette démarche permettra un regain de confiance essentiel pour l’investissement et la croissance industrielle accélérée, ce qui contribuera  à atteindre l’objectif  d’une part dépassant les 10% de l’industrie dans le produit intérieur brut (PIB), comme souligné par le président de la République, au lieu de
5 à 6% actuellement».  L’expert indique également qu’il est aussi question, dans cette nouvelle vision, de «libérer les initiatives privées, ainsi que le secteur public, qu’on dépénalise l’acte de gestion et que les cadres n’aient pas peur de s’engager. Le gestionnaire public devra réfléchir et fonctionner comme un privé».
 Au regard de l’importance des mesures à lancer et de l’urgence de la situation, M. Boubekeur affirme qu’«il est primordial que le gouvernement choisisse le mode de mise en œuvre le plus adapté à chaque décision d’investissement.
La transition et le changement sont certainement aujourd’hui l’une des tâches les plus nécessaires, mais aussi l’une des plus difficiles dans le contexte actuel».  
Aussi, «s’engager sur des réformes devant intégrer nécessairement de nouvelles politiques de gouvernance publique, propices et efficaces, pour s’attaquer aux contraintes structurelles actuelles pour l’exercice d’une réelle démocratie économique, est un atout-clé de l’efficacité de l’Etat», affirme, à la fin, l’expert, estimant que «ces reformes industrielles doivent apparaître comme le plus grand défi à relever, et une grande priorité nationale incarnant un nouveau projet socio-économique à l’horizon 2030».
Amel Zemouri

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