Salah Goudjil, président du conseil de la nation : «C’est l’Algérie qui est visée»

Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, a indiqué, jeudi, que «c'est l'Algérie qui est visée» par la visite du ministre de la Défense de l'entité sioniste au Maroc.

«Les ennemis se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l'Algérie», a souligné M. Goudjil à l'issue de l'adoption de la loi de finances 2022 par le Conseil de la nation, précisant qu' «aujourd'hui, les choses sont claires avec la visite du ministre de la Défense de l'entité sioniste au Maroc, après celle effectuée par le ministre des Affaires étrangères de cette entité dans ce pays voisin. Ce dernier avait menacé l'Algérie à partir du Maroc et il n'y a eu aucune réaction du gouvernement marocain».
«Si cette visite avait été celle du ministre du Tourisme ou de l'Economie de l'entité sioniste, elle aurait pu être interprétée comme entrant dans le cadre des relations déjà en place, bien que dissimulées, entre ce pays (Maroc) et l'entité sioniste, mais dès lors qu'il s'agit de la visite du ministre de la Défense de cette entité au Maroc, c'est l'Algérie qui est visée», a affirmé le président du Conseil de la nation.
Et de s'interroger : «Où sont les frères, où est le monde arabe et où sont les frères palestiniens ?» Réitérant «la position constante de l'Algérie à l'égard de la question sahraouie», le président de la chambre haute du Parlement a déclaré: «Notre position reste inchangée concernant le Sahara occidental. Il s'agit de l'autodétermination d'un peuple, et l'Algérie a toujours soutenu l'autodétermination des peuples. Le peuple sahraoui doit jouir de son droit à l'autodétermination». «Le peuple sahraoui est libre de choisir son destin. Qu'il choisisse l'indépendance ou l'annexion à un autre pays, il est souverain dans sa décision», a-t-il soutenu. «Nous avons vécu des années de colonisation où était clamée l'Algérie française. Aujourd'hui il est question du Sahara marocain!», a ajouté
M. Goudjil. «Le Sahara occidental n'est pas marocain», en témoignent les organismes internationaux, avec à leur tête l'ONU.
M. Goudjil a salué les relations de l'Algérie avec l'extérieur concernant les questions internationales, soulignant que l'Algérie a fait entendre sa voix concernant les questions palestinienne, sahraouie, malienne et libyenne outre les problèmes qui prévalent dans le continent africain.

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Le Maroc, cheval de Troie

L’Algérie est  visée par ses ennemis. Ce n’est pas une création de l’esprit ou une fabulation des autorités. Loin s’en faut. Et cette hostilité à l’égard de notre pays ne date pas d’aujourd’hui. Les positions de l’Algérie sur nombre de questions internationales et son refus de marchander ses principes intangibles font d’elle une cible à abattre. 
Mais force est de souligner que cette hostilité portée par notre voisin de l’Ouest prend, depuis quelque temps, une nouvelle dimension.  Jeudi, à l’issue de l’adoption de la loi de finances 2022, le président du Conseil de la Nation a rappelé des vérités sans équivoque. «Les ennemis se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l'Algérie», a souligné M. Goudjil, pour qui les «choses sont aujourd’hui claires avec la visite du ministre de la Défense de l'entité sioniste au Maroc, après celle effectuée par  le ministre des Affaires étrangères de cette entité dans ce pays voisin. Ce dernier avait menacé l'Algérie à partir du Maroc et il n'y a eu aucune réaction du gouvernement marocain».
Il y a lieu de rappeler que les déclarations du MAE israélien, même si elles ne sont pas la seule cause, ont poussé l’Algérie à rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc cet été. Cette visite a été suivie, mercredi et jeudi derniers,  par  celle de son  collègue de la Défense. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Alger.
Pour le président du Conseil de la nation, si c’était un autre ministre, celui du Tourisme ou de l’Economie, à titre d’exemple, qui s’était rendu au Maroc, «on l’aurait interprété comme entrant dans le cadre des relations déjà en place, certes dissimulées, entre ce pays  et l'entité sioniste, mais dès lors qu'il s'agit de la visite du ministre de la Défense, c'est donc l'Algérie qui est visée», a-t-il affirmé. Et pour cause, au cours de sa visite «historique», le ministre sioniste de la Défense a signé un accord de coopération sécuritaire «sans précédent» avec le gouvernement marocain. Ce protocole —le premier du genre avec un pays arabe, selon la partie israélienne— va notamment faciliter l'acquisition par le Maroc de technologies de la puissante industrie militaire d'Israël. «Il s'agit d'une chose très importante qui nous permettra (...) de lancer des projets conjoints et favorisera les exportations israéliennes jusqu'ici», a souligné le ministre sioniste. Et preuve aussi que l’Algérie est visée, Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l'université de Tel-Aviv, a estimé que cette première visite d'un ministre de la Défense au Maroc, en pleine tension entre les deux voisins, ne relève pas de la coïncidence.
Selon son analyse, «il est possible que dans un contexte de tension Algérie/Maroc, les Marocains (...) désirent montrer au monde —à leur propre population, à leurs rivaux algériens et à l'Occident— qu'ils approfondissent leurs relations avec Israël, avec tout ce que cela implique». C’est dire que si  l’Algérie,  qui «s’interdit par principe de s’ingérer dans les affaires intérieures du Royaume du Maroc, et des attitudes de sa part, historiquement bien établies, en ont fait l’ample démonstration, singulièrement dans le contexte de graves crises politico-militaires qui ont ébranlé la stabilité et la sécurité du Royaume»,  a réagi ce n’est pas sans raisons. D’autant que fidèle à ses principes et jusqu’à ce mois d'août 2021, l’Algérie n’avait jamais réagi face aux dérapages et autres provocations du Makhzen. Mais ces visites aux desseins faciles à deviner ont fait déborder le vase, et les autorités algériennes, dont la patience semblait pourtant  incommensurable, ont décidé de mettre fin à la posture qui a été la leur des années durant. Il faut dire aussi que le Maroc a, par ces nouvelles provocations, franchi les lignes rouges que l’Algérie avait tracées.
En effet, dans sa volonté de porter atteinte à notre pays, à sa stabilité et à son intégrité, le Royaume du Maroc,  rappelait  M. Lamamra en août dernier, a fait de «son territoire une franchise diplomatique et une tête de pont pour planifier, organiser et soutenir une série d’actions hostiles et caractérisées». Et visiblement, le Makhzen ne compte pas s’arrêter là. Alors qu’il était attendu du Maroc qu’il  rectifie le tir, après «les accusations insensées et les menaces à peine voilées proférées par le ministre israélien des Affaires étrangères en visite officielle au Maroc et en présence de son homologue marocain qui a manifestement été l’instigateur de tels propos injustifiables», le voilà qu’il récidive en recevant  le ministre de la Défense israélien et en signant un accord militaire qui ne sera pas sans conséquences pour la région. 
Du reste, par la voix de son chef de la diplomatie, Alger n’avait pas manqué  de souligner au mois d'août déjà  que «sur le plan de la sécurité régionale, le fait pour les autorités marocaines d’introduire une puissance militaire étrangère dans le champ maghrébin et d’inciter son représentant à tenir des propos fallacieux et malveillants à l’encontre d’un pays voisin constitue un acte grave et irresponsable qui viole les dispositions de l’article 5 du Traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération ainsi que les engagements souscrits au titre du communiqué conjoint du 16 mai 1988».  
Il est certain que le Maroc, qui se prête volontiers aux desseins sionistes, n’ est que le cheval de Troie par lequel Israël  compte pénétrer dans la région. Preuve en est, dans le sillage de la normalisation impulsée par Washington durant le mandat du président Trump, il est constaté un renforcement des relations entre Rabat et Tel Aviv par la signature de plusieurs accords dans différents domaines. Et ce n’est que le début. Dans une déclaration à l’APS, l’écrivain et politologue palestinien Salah Aouadh a indiqué que «la coopération entre l'entité sioniste et le Makhzen portera sur des dossiers servant les intérêts des deux parties, citant la question du Sahara occidental et l'obtention de la technologie israélienne en échange de l'incursion de l'entité dans la région». Et d’ajouter que la visite officielle au Maroc du ministre israélien «s'inscrit dans la concrétisation des conventions stratégiques entre les gouvernements marocain et l'entité sioniste qui veille actuellement à œuvrer à accélérer la cadence de ses tentatives visant à porter atteinte à la sécurité et la stabilité de la région». De son côté, l'académicien et politologue jordanien Walid Abdelhay a déclaré que «les Israéliens considèrent l'Algérie comme étant un Etat pivot au Maghreb arabe». Et d’ajouter que «de par son histoire révolutionnaire, l'Algérie constitue une entrave à la conquête israélienne de la région, ce qui explique ses tentatives d'employer le Maroc pour affaiblir la cohésion algérienne».
Nadia K.

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