L’impératif de la transition énergétique : Un nouveau tournant historique

Tahar Kaidi

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, le pays a hérité d’une économie coloniale qui servait uniquement les intérêts français. L’industrie pétrolière et gazière était particulièrement importante pour l’économie nationale, mais elle était contrôlée par des compagnies étrangères, notamment la Compagnie française des pétroles (CFP).
Le 24 février 1971, l’Algérie a décidé de nationaliser l’industrie pétrolière et gazière. Cette décision a été motivée par le désir de contrôler les ressources naturelles du pays et de promouvoir le développement économique national. La nationalisation a été réalisée à travers la création de la Sonatrach, la société nationale des hydrocarbures, qui a pris le contrôle de toutes les activités pétrolières et gazières en Algérie. Cette prise de contrôle par l’État algérien de l’infrastructure de transport et de production, ainsi que de 51% des actifs des entreprises pétrolières françaises, entraîne, à l’époque, un renversement des rapports de force.
En prenant possession de ses richesses naturelles spoliées, l’Algérie a mis ses ressources au service des projets de développement du pays. La perspective historique veut que la décision algérienne soit annoncée durant les négociations sur l’augmentation de la fiscalité et des prix du brut engagées par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole avec les entreprises pétrolières, qui, jusqu’ici, fixaient seules le cours du baril. La stratégie algérienne se révèle gagnante et d’autres États producteurs choisissent de l’imiter dans les mois qui précèdent «le choc pétrolier» de 1973.
Plusieurs analystes estiment qu’on a associé, pendant longtemps, la maximisation de la rente par le biais de l’exploitation massive des hydrocarbures à la prospérité de l’économie nationale. Ainsi, la préoccupation de l’État n’était que de légiférer l’intensification des extractions des hydrocarbures. Néanmoins, le premier facteur qui inciterait l’Algérie à concevoir une stratégie de développement efficace fructifiant ses recettes financières dans des plus brefs délais est «la tendance des hydrocarbures à l’épuisement».
L’Algérie, qui a réussi, en 2024, l’organisation d’un évènement énergétique d’une grande importance (le 7e sommet de Forum des pays exportateurs du gaz GECF), œuvre en tant que membre fondateur et en tant que leader dans l’industrie du gaz naturel, à investir massivement dans les domaines de l’exploration, du développement, de la transformation, du transport et de la commercialisation du gaz naturel. Les impératifs du changement climatique et la marche vers la transition énergétique ont poussé l’Algérie à défendre une stratégie visant la préservation des intérêts des producteurs et consommateurs, afin de s’entendre sur une vision prospective commune qui reconnaisse le rôle croissant du gaz naturel dans le mix énergétique mondial, et en tant que source durable et compétitive devant garantir la sécurité énergétique.
Les enjeux corroborés par des données statistiques tant sur le plan national, l’augmentation de la consommation interne d’énergie, la croissance démographique, la diminution des réserves, sur le plan international, la versatilité des marchés, les tensions et conflits, le positionnement géostratégique ont imposé la nécessité d’une transition énergétique. L’Algérie a tracé les grandes lignes, pour opérer cette mue quant au modèle de consommation énergétique. Cette vision fut contenue dans le programme du président de la République, qui retient cinq éléments stratégiques à mettre en œuvre sur le terrain, pour réussir une transition énergétique et garantir une sécurité énergétique.
Il s’agit d’un programme national des énergies renouvelables touchant toutes les filières, notamment le solaire PV, le thermique, l’éolien, la biomasse, la géothermie et la cogénération. Par ailleurs, une nouvelle politique nationale en matière d’efficacité énergétique est aussi en marche et est centrée autour de l’utilisation de dispositifs aux normes et l’économie d’énergie à tous les niveaux, pour juguler le gaspillage.
En outre, le département d’Arkab travaille sur l’élaboration d’une feuille de route, pour la consécration d’un nouveau mix énergétique centré autour des potentiels énergétiques du pays, tels que les réserves gazières, et les potentiels des énergies renouvelables et l’hydrogène.
Il s’agit, donc, d’un ensemble de mesures effectives, pour amorcer la transition énergétique et le recours à des solutions utilisant des énergies propres et bon marché pour la consommation interne.
L’Algérie, qui célèbre le 54e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, se trouve à un tournant historique important dans l’industrie des hydrocarbures.
Un tournant, mais également une opportunité pour l’Algérie de réaffirmer sa position de leader, et travailler à s’offrir diverses perspectives de réussite et de développement.

T. K.

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