Un hommage a été rendu, ce jeudi, lors d’une rencontre organisée au premier jour de la 28e édition du Salon international du livre d’Alger (SILA), qui se déroule au Palais des expositions (Safex), à l’écrivain Rachid Boudjedra, et ce, en reconnaissance à sa longue carrière d’auteur.
Sous le thème «Rachid Boudjedra : 60 ans d’écriture créative», la rencontre, animée par l’écrivain Mohamed Sari, a été l’occasion pour ce dernier, et pour d’autres écrivains et professeurs en littératures, d’évoquer l’auteur de L’Escargot entêté et ce qu’a apporté son œuvre à la littérature algérienne.
Dans ce sens, le professeur, écrivain et journaliste Ahmed Cheniki a tenu à rappeler que l’une des premières réussites de Boudjedra, en l’occurrence La Répudiation, s’est «attaqué à des tabous», soulignant que cela n’a pas empêché, à l’époque, «la tenue d’un débat».
Il a ajouté que L’Escargot entêté de Boudjedra a également été une sorte de «parodie» de La Peste d’Albert Camus.
En somme, pour Cheniki, dans l’œuvre de Boudjedra, il y a «un éclatement des temps et des espaces» à la manière de «la nouvelle vague».
Lahcen Karoumi, quant à lui, a mis l’accent sur le fait que «la famille, la violence contre les femmes ou la redistribution inégale des richesses sont présents dans tous ses romans», faisant remarquer que son œuvre, notamment La Répudiation, a été un point de «rupture» avec la littérature classique.
«On peut ne pas être d’accord avec lui mais il a beaucoup donné à l’Algérie», a-t-il conclu.
Pour sa part, Dris Boudiba a tenu à mettre en exergue que Boudjedra a écrit également en langue arabe en citant le roman Le Démantèlement qui, à sa sortie en 1982, avait provoqué de la «déception» chez les francophones et du «scepticisme» chez les arabophones. Djamel Faghouli a également évoqué ce bilinguisme de Boudjedra.
À la question de Sari, à la fin de la rencontre, à propos du roman qu’il préférerait parmi tous ceux qu’il a écrits durant ce long parcours, Boudjedra a déclaré que «cela est similaire au choix qu’un parent ne peut faire entre ses enfants».
Pour ce qui est de la satisfaction, l’écrivain a estimé qu’«un auteur n’est jamais satisfait». «On a toujours une blessure béante», a-t-il affirmé en dernier lieu, avant de remercier les organisateurs de l’événement mais aussi les nombreuses personnes, parmi le public, qui ont assisté à cet hommage.
A. A.