SILA : des écrivains s’expriment sur la «littérature de l’exil»

Des écrivains se sont exprimés, ce mardi 4 novembre 2025, lors d’une rencontre organisée à l’espace Panaf Frantz-Fanon, au Salon international du livre d’Alger (SILA) sur l’écriture de l’exil.  

Des auteurs, installés à l’étranger, ou qui font le «va-et-vient» entre les deux, leur pays d’origine et celui d’accueil, ont tenu à évoquer leurs expériences respectives en matière de l’acte d’écrire et ce qu’il véhicule comme poids de la mémoire, entre autres.

À ce titre, Abdelkader Djemaï, auteur d’une trentaine de romans, et après avoir rappelé qu’il avait quitté l’Algérie en direction de la France, à l’âge de 40 ans, s’est attardé sur le concept de «dépassement».

Un dépassement, sur le plan géographique, mais qui ne peut faire occulter la réalité d’un vécu, dans le moment présent, qui rappelle, d’une manière ou d’une autre, le passé. C’est dans ce sens que celui-ci a précisé que son roman Gare du Nord, paru en 2003, évoque «trois immigrés». Mais, dans l’absolu, Djemaï dit se «méfier» du terme «exil». «C’est un piège. On peut être dans un exil intérieur», a-t-il lancé.

L’écrivain et journaliste Arezki Metref, quant à lui, parti également en France, après «avoir fait la moitié de sa carrière», comme il l’a indiqué, a considéré qu’«écrire en exil, c’est écrire à partir de tensions». «Tensions de départ, en quittant le pays de naissance vers un pays d’accueil, d’une langue maternelle vers une langue de travail», a-t-il expliqué.

D’après lui, «la question : qui suis-je se pose lorsque quelqu’un est en exil, mais pas lorsqu’il est dans son pays».

Mais, a-t-il ajouté, «l’éloignement ne veut pas dire effacement». Il y a toujours une «patrie portative imaginaire» qu’une personne prend avec lui, là où elle se dirige, a-t-il signifié. «On peut quitter le pays, mais le pays ne nous quitte pas», a-t-il ajouté à ce propos.

De plus, il y a le rapport à la langue utilisée. «Être algérien et écrire en français est une chose chargée d’histoire, de blessures, où rien n’est neutre», a-t-il ajouté, soulignant qu’il n’a jamais eu le sentiment que la langue française, apprise à l’école, contrairement à l’arabe et au berbère, appris naturellement, «faisait partie de son identité».

Le professeur en urbanisme Brahim Benyoucef, établi au Québec, auteur de plusieurs ouvrages en lien avec l’urbanisme et le patrimoine, a abordé cette question sous un autre angle.

Il a fait référence, à cet effet, à son expérience «ponts de la culture», qu’il organise au Québec, rassemblant pas moins de 80 immigrés de différentes nationalités et cultures, dont près du tiers sont des Algériens, dans le but, entre autres, de lutter contre les stéréotypes nés de la propagation des idées racistes, en faisant connaître leurs cultures respectives et leurs apports à leur pays d’accueil.  

Pour ce qui est de «l’écriture de l’exil», Benyoucef a estimé que «le migrant est un exilé». Selon lui, «le lien entre le migrant volontaire et l’exilé, c’est la douleur de la séparation».

Une «douleur» qui est présente dans les œuvres littéraires puisque, dans la quasi-totalité des romans, récits... «la révolution est toujours présente, tout comme la mémoire ou les souvenirs de l’enfance».

En somme, écrire en exil est une expérience propre à chacun, même si les uns et les autres se sont accordés à dire que cette «séparation» va transparaître à un moment ou un autre.

A. A.

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