
Par Boukhalfa AMAZIT
Le virus est là, le vaccin aussi. Le second va-t-il rasséréner autant que le premier a inquiété ? Son entrée en scène a été précédée d'un barnum de tous les diables. La course à la découverte des laboratoires-majors s'est terminée sur les plateaux des chaînes d'information continue, et toutes les pistes aux étoiles de tout ce que l'univers des médias compte de "20 heures", sur tous les méridiens et de tous les titres de presse, tous supports confondus. Et tandis que tintinnabulaient les tiroirs-caisses des firmes les plus balèzes du monde de la pharmacie, les fabricants d'opinion, préparaient qui des refrains laudateurs, qui des couplets contempteurs.
On est pour où contre le vaccin au nom de la science. Comme à la parade les spécialistes cèdent leur place pour les experts qui s'installent sur les tabourets encore chauds dans des carrousels de shows, dont certains font courir aux abris, tant sont comminatoires les prévisions. Devant nos yeux qui s'écarquillent et nos oreilles qui se dressent, voici les mécaniciens de notre être qui s'escriment dans un volapük cabalistique ou la phrase qui arrive est encore plus ésotérique que la précédente. Il y est question de "mutants anglais, amazonien, sud-africain", de R0, "indicateur mathématique du taux de reproduction de base d'une maladie" on parle aussi de "super spreader" (super contaminateur ou super propagateur) et toute une lexicologie se rapportant au mal du siècle, du moins le premier, en attendant d'autres déliciosités du même calibre, dont on voudrait bien nous passer.
Les derniers chiffres, glanés sur internet et mis à jour le 1er février 2021, donnaient un total mondial de 103.557.049 personnes atteintes dont 107.339 en Algérie et 2.236.450 décès dont 2.894 chez nous. Même s'il n'y a pas lieu de se réjouir, car un mort est toujours un mort de trop, selon les statistiques officielles, notre pays est dans les wagons de queue de ce train funèbre qui endeuille la planète, et c'est tant mieux car il n'y a pas lieu de se plaindre bien au contraire.
Mais l'espoir est là et il s'appelle vaccin.
Premiers arrivés, premiers servis, pour l'immédiat on prend ce qu'il y a de disponible dans ce bazar planétaire. Non seulement il faut prendre rang, mais aussi prendre son mal en patience.
Il faut, bourse délier, en monnaie sonnante et trébuchante. Les riches d'Europe et d'Amérique du Nord ont raflé le Pfizer-BioNTech (germano-US) à ARN Messager, technologie jamais utilisée jusque-là dans le domaine vaccinal. En fait, s'ils l'ont préféré aux rivaux russe, (Spoutnik-V) et chinois (Sinovac de la firme CoronaVac), c'est pour des questions de gros sous. L'argent des Occidentaux doit rester en Occident.
Ce n'est même plus une question de solidarité capitalistique puisque toutes ces firmes qui ont avancé une marque sur leur vitrine sont des sociétés tentaculaires qui fonctionnent selon des normes de profit. L'entreprise ne fait pas de social. Ceux qui président à leur prospérité ne sont pas de bons samaritains.
Pandémie ou pas, "point d'argent point de Suisse..." Quoique, aux dernières nouvelles d'hier mercredi le Président français, M. Macron, la Chancelière allemande, Mme Merkel, auraient eu des entretiens avec le président Poutine aux fins de l'acquisition du Spoutnik-V. Une décision qu'aurait inspirée la prestigieuse revue britannique scientifique médicale The Lancet qui a donné créance au produit russe.
Et puis il y a le Covax qui se charge de négocier l'antidote au prix le plus avantageux pour tous les pays qui s'y inscrivent et surtout éviter que les pays riches s'emparent de la totalité des vaccins dans cette foire d'empoigne, et déboucher sur un marché spéculatif. Cet organisme international compte quelques 180 pays.
Le vaccin ARNM, germano-américain, est d'ores et déjà considéré comme un blockbuster qui marquera l'histoire de l'industrie pharmaceutique, depuis Ibn Sina. Le mahousse-costaud de la santé US, a estimé que les ventes de ses piquouses, atteindront environ 15 milliards de dollars pour la seule année 2021, une somme faramineuse susceptible de se multiplier si le laboratoire brigue de nouveaux contrats. Une ambition qui est déjà dans les tuyaux, car pourquoi s'arrêter en si bon chemin.
A toute cette agitation planétaire, liée au vaccin ajoutons les considérants et les considérations liés à la religion et aux croyances, ou encore le discours farouchement soupçonneux des complotistes et des "covido-sceptiques", qui veut que ces gros apothicaires capitalistes qui cherchent à nous guérir, veulent en réalité nous asservir, en nous transistorisant et en nous inoculant "à l'insu de notre plein gré" des puces qui feraient de nous des robots au service des puissances d'argent et autres.
Quelle que soit sa marque ce vaccin n'est pas la panacée. Loin s'en faut. Nous continuerons à vivre avec en poche, ce bon vieux flacon de gel hydro-alcoolique, un masque chirurgical sur le visage, des mouchoirs à usage unique, et faire un pas de côté dès que quelqu'un éternuera dans notre dos.
B. A.
kalafamazit@gmail.com