SILA : des historiens se penchent sur les massacres du 8 mai 1945

Une rencontre consacrée aux massacres du « 8 mai 1945 » a été organisée, ce samedi, à la salle des conférences Assia Djebar, au Salon international du livre d’Alger (SILA) qui se déroule jusqu’au 8 novembre prochain, à la Safex. Plusieurs historiens sont intervenus pour mettre en exergue l’atrocité de la répression subie par les algériens, notamment à Sétif, Guelma et Kherrata, mais aussi la contribution de ces dramatiques événements dans le processus ayant mené au déclenchement de la guerre de libération nationale.

Modérateur de la rencontre, l'historien Mohammed El-Korso, est allé dans ce sens en évoquant la place centrale du «8 mai 1945» dans l’histoire du mouvement national algérien, et plus particulièrement dans le déclenchement de la guerre de libération.

Il a tenu à rappeler qu’après sa « marginalisation» par les puissants de l’époque, les Etats-Unis, l’Union soviétique et le Royaume Uni, notamment lors de la conférence de Yalta, Charles de Gaulle a voulu « replacer» la France, en montrant entre autres l’ «unité» de l’ «empire» en usant de la répression.

Ceci sachant, a fait remarquer El Korso, que les « colons» ont constitué un pouvoir parallèle à celui du gouvernement français. Et ceux-là considèrent les Algériens comme des ennemis.

L’historien américain Benjamin Claude Brower a, pour sa part, évoqué les massacres du «8 mai 1945» d’un point de vue géostratégique et comment ces événements ont été perçus aux USA.

Il dit, à cet effet, que qu’au moment, où l’occident fêtait la victoire face au nazisme, où les puissants de l’époque se réunissaient pour dessiner le monde de demain, le New York Times faisait écho, dès le 12 mai 1945, c’est à dire quatre jours après, de ce massacre. A partir de ce moment-là, la question de l’indépendance de l’Algérie était posée.

Le journaliste et écrivain, Kamel Beniaiche, est revenu sur le contexte durant lequel se sont déroulés ces événements, évoquant notamment l’ « inquiétude» des «colons» quant à la montée du sentiment nationaliste chez les algériens.

Il a rappelé, à cet effet, que dès le début de l’année 1945, le général français Henri Martin a ordonné l’organisation de plusieurs exercices militaires, au niveau de plusieurs régions du pays. Comme pour dire que le colonialisme français, et fce à la montée du sentiment nationaliste chez les algériens, se préparaient pour réprimer la population.

Les historiens Kamel Yahiaoui et Lahcen Zeghidi se sont attardé sur le fait que les massacres commis par le colonialisme français n’ont pas cessé de juin 1830 jusqu’à juillet 1962. «Les crimes coloniaux n’ont pas cessé, depuis la bataille de Staoueli, au tout début jusqu'aux assassinats qui ont eu lieu après le cessez-le-feu», a déclaré Yahiaoui.

Zeghidi, quant à lui, a énuméré de nombreux massacres commis par la France coloniale dans le Sud du pays, à l’image du siège de Laghouat en 1852 pendant plusieurs mois avant de la bombarder au chloroforme. « Plus de 3500 algériens ont été assassinés, soit les deux-tiers de la population de la ville», a-t-il précisé.

En dernier lieu, le chercheur en histoire, Hosni Kitouni, a évoqué la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1948, dont la définition et le champ d’action ne prend pas en compte les crimes coloniaux.

« Lorsqu’on se met à parler de crimes coloniaux, ils nous disent ce n’est pas un génocide», a-t-il déclaré, soulignant que «tout colonialisme de peuplement est un colonialisme génocidaire».

Kitouni a estimé, à cet effet, qu’il est nécessaire de « construire notre propre plaidoyer» et de ne pas s’attendre à une «reconnaissance» de la part de la France.

A. A. 

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