Le quotidien El Moudjahid fête aujourd’hui son soixantième anniversaire. Si le journal, avec sa périodicité actuelle, a été créé en 1965, sur ordre des plus hautes autorités du pays de l’époque, sa «première» naissance a survenu du temps du colonialisme, les responsables historiques du FLN ayant compris, dès le déclenchement de la Guerre de libération nationale, que la lutte ne pouvait être menée seulement avec les armes.
Sa création remonte donc à 1957, lorsque le Comité de coordination et d’exécution (CEE) a voulu mettre en place un «organe central» du FLN pour être le porte-voix de la Révolution algérienne.
Dans ce sens, il est toujours utile, à chacun de ses anniversaires, de revenir sur les circonstances et le contexte ayant motivé le lancement d’El Moudjahid, créé donc sous l’impulsion des membres du CCE, à savoir Abane Ramdane, Krim Belkacem, Larbi Ben M’hidi, Saad Dahlab et Benyoucef Benkhedda, comme aime à le rappeler l’ancien chef de gouvernement Redha Malek, décédé le 29 juillet 2017, qui fut le premier responsable de ce journal, du moins pour ce qui est de sa version en langue française, puisque du temps de la guerre de Libération nationale, il y avait deux versions distinctes d’El Moudjahid, l’une arabophone et l’autre francophone.
«Le journal El Moudjahid n’est pas seulement un journal qui raconte les faits, mais c’est un journal qui a contribué à développer les idées de la Révolution algérienne», disait, en 2006, lors d’un forum du journal, Redha Malek, qui a assumé la responsabilité de diriger le journal, sur demande du CCE, de juillet 1957 jusqu’à la tenue de la première assemblée constituante, en septembre 1962, a-t-il précisé.
Et quelques-unes des personnalités de premier plan de la guerre de Libération nationale, les membres du CEE, ont signé des articles dans les premiers numéros du journal.
Redha Malek aimait à rappeler également que Ben M’hidi et Abane, entre autres, avaient cette «idée-force» qui disait que «le combat contre le colonialisme était aussi celui des idées, et non seulement celui des armes». El Moudjahid était donc l’outil qui permettait de mener ce combat.
«C’est là (à El Moudjahid, NDLR) qu’on retrouve la stratégie et les repères qui ont permis au peuple de s’affirmer en tant que peuple et d’édifier un État national», a encore déclaré Redha Malek.
Ainsi, à l’origine, le journal El Moudjahid a été créé pour être la voix autorisée du FLN qui menait le combat libérateur contre le colonialisme français.
Tous ses articles étaient donc centrés autour de la question de l’indépendance du pays, même s’il lui arrivait de traiter d’autres questions, notamment celles en lien avec ce combat ou celui mené par d’autres pour le même objectif.
Si El Moudjahid a cessé de paraître après l’indépendance, en 1965, l’ancien président Houari Boumediene avait décidé de reprendre le nom pour lancer le quotidien connu aujourd’hui, en fusionnant les publications Le Peuple et Alger Républicain qui paraissaient à l’époque. Et c’est Rafik Bensaci qui fût son premier directeur général.
Abdelghani Aïchoun
