Rabah Lounici, enseignant-chercheur en histoire à l’université d’Oran : «L’OS est la conséquence du 8 mai 45»

Enseignant-chercheur en histoire à l’université d’Oran, le professeur Rabah Lounici affirme que le choix du président de la République d’instituer la date du 8 Mai comme journée de la Mémoire nationale est symbolique, du fait qu’elle a constitué un «tournant décisif» dans l’histoire du mouvement national. «Alors que le monde entier fêtait la victoire contre les crimes racistes commis par Hitler et les Nazis, le colonialisme français commettait en Algérie le jour même des crimes plus odieux que ceux commis par les Nazis», rappelle-t-il. «Les gens avaient compris que la force était le seul moyen pour recouvrer l’indépendance.» C’est ainsi que deux ans plus tard, en 1947, l’Organisation spéciale (OS), organe paramilitaire du PPA-MTLD (Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, a vu le jour. «L’OS était composée de jeunes militants qui avaient vécu ces massacres. Ils avaient adhéré au PPA-MTLD. La direction en avait été confiée à Mohamed Belouizdad, chef national, chef d’état-major, assisté de Hocine Aït Ahmed. Tous les chefs de la révolution étaient des éléments de l’OS et des militants du PPA-MTLD», souligne-t-il, assurant que la création de l’OS est le résultat des massacres du 8 Mai 45. Le PPA-MTLD était devenu à cette époque la première force révolutionnaire en Algérie au détriment des autres organisations. Revenant sur les causes des massacres, l’enseignant-chercheur dira qu’elles tiennent au fait que le colonialisme voulait «casser l’unité nationale» après la création en 1943 des Amis du manifeste et de la liberté (AML). «Ce mouvement, formé majoritairement par les éléments du PPA, sous la direction de Ferhat Abbas, était composé de 600.000 adhérents. C’était un bloc historique qui a uni tous les mouvements algériens et toutes les organisations nationalistes. L’AML était une véritable menace pour le colonialisme français qui a tout fait pour casser cette unité nationale en provoquant ces manifestations pour briser l’unité de ce grand mouvement nationaliste», rapporte-t-il , la France coloniale jouant sur le principe de «diviser pour régner». «Elle avait peur de l’union des Algériens, il y a eu une dislocation de ce mouvement. S’agissant de la reconnaissance par la France de ses crimes, le Pr Lounici affirme qu’elle les considère comme des «bavures». «On ne doit pas se focaliser sur les massacres du 8 Mai 45 et du 17 Octobre 1961 pour oublier tous les autres crimes du colonialisme. Ce qu’on veut, c’est la reconnaissance de tous les crimes commis de 1830 à 1962», insiste-t-il.

Kamélia Hadjib

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